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Créateurs et créatrices d'innovation

Pre Céline Verchère : ouvrir la voie, explorer l’inédit

Pre Céline Verchère
Pre Céline Verchère
Photo : Michel Caron - UdeS

Professeure associée à la Faculté de médecine et des sciences de la santé, professionnelle de recherche et coresponsable de l’axe Éthique, Usages et Société de l’UMI LN2

Années au 3IT : 6e

Formation : 

  • 2004 - Doctorat de Sociologie, Université Grenoble-Alpes (Grenoble, France)
  • 1997 – Diplôme d’Études Approfondies en Information et Communication, Institut de la Communication et des Médias, (Grenoble, France)
  • 1996 - Institut d'Études Politiques de Grenoble, section service public/droit (Grenoble, France)
  • 1992 - Baccalauréat C (mathématiques) 

Quel est votre mandat actuel au 3IT?

Mon mandat est centré sur le laboratoire de l’UMI LN2, en nanosytèmes et nanoélectronique. Je travaille avec les ingénieurs et ingénieures, en ce qui concerne le déploiement des technologies et leur mise en société. Nous traitons les questions d’usage et d’impacts, qu’ils soient d’ordre économique, éthique, environnemental, légal ou social.

Dans l’équipe, on cherche également à arrimer les technologies aux enjeux et défis sociétaux contemporains, de nature intersectorielle : il peut s’agir de transition numérique, de changements climatiques, de gestion de l’eau, d’habitat autonome, ou de mobilité, par exemple.

 

Comment la philosophie du 3IT vous rejoint-elle?

J’aime que le 3IT ne soit pas siloté disciplinairement. Dans les corridors, je croise des spécialistes de disciplines variées, des étudiants et des étudiantes avec des sujets de recherche très différents. J’adore également le coté appliqué de l’institut. Nous évoluons à proximité de la société, et effectuons des transferts technologiques, ce qui revient à poser des choix de société.

De concert avec les ingénieurs et ingénieures, la Pre Céline Verchère travaille sur le déploiement des technologies et leur mise en société.Sur cette photo : Maxime Darnon, professeur associé au CNRS-LN2, et Pre Céline Verchère
De concert avec les ingénieurs et ingénieures, la Pre Céline Verchère travaille sur le déploiement des technologies et leur mise en société.
Sur cette photo : Maxime Darnon, professeur associé au CNRS-LN2, et Pre Céline Verchère
Photo : Michel Caron - UdeS


Qui représente votre chercheur ou votre chercheuse scientifique d’inspiration?

L’auteur Howard S. Becker m’a beaucoup inspirée. Il a écrit plusieurs ouvrages sociologiques, dont celui intitulé Outsiders (1985). Il s’intéresse aux minorités, aux personnes considérées « en périphérie », à la marge de la société. J’y ai souvent fait référence dans le cadre de ma thèse, qui portait sur l’usage de substances psychoactives dans les rave parties.

J’ai eu la chance de le rencontrer pendant mes études à Grenoble. C’était aussi un jazzman, humainement très ouvert, un humaniste au fond. Comme lui, j’aime l’idée selon laquelle tout le monde a sa place, a droit à une place dans la société.


À quand remonte la découverte de votre intérêt/passion pour l’humain?

Ma passion pour l’humain s’est révélée en un déclic. En France, on encourage les bons élèves à faire des mathématiques et de la physique. Je travaillais fort pour réussir là où je ne m’épanouissais pas. Après le « cégep », j’ai fait acte de rébellion, je ne voulais plus continuer en mathématiques.

Une conseillère d’orientation m’avait demandé : « Pourquoi ne feriez-vous pas des choses en lien avec l’humain? ». Sur ces paroles, j’ai changé de cap et décidé d’intégrer l’Institut d'Études Politiques de Grenoble. Ça a changé ma vie. Aujourd’hui, mon travail rejoint celui des ingénieurs, avec le regard de la sociologie appliquée, et j’aime ça.

Outre les sciences humaines, possédez-vous une autre passion?

Je fais de la danse depuis l’âge de 3 ans. J’offre aussi des cours à Sherbrooke et en France. Mon intérêt dans la danse, c’est le mouvement ; le corps en mouvement.

D’ailleurs, depuis plusieurs années, je réfléchis à des projets plaçant le corps et le mouvement au cœur de la résolution de problèmes scientifiques. La réussite naît d’esprits allumés, de gens qui s’investissent avec les yeux brillants.

Tout part du corps! Et puis, avec l’intelligence somatique, vient l’empathie. On dit « faire corps avec » : ce n’est pas pour rien. À mon sens, l’entrée par l’empathie est intéressante pour traiter les enjeux sociétaux qui nous attendent, comprendre les systèmes et trouver des solutions « justes ».


Quel « impact » désirez-vous générer en société, à titre de chercheuse?

J’aime aller là où personne ne va, ouvrir la voie, comme le font certains alpinistes.  J’aime jouer le rôle de facilitatrice, de traductrice, parler plusieurs langages : celui des ingénieurs, et celui des sciences humaines et sociales. Ça me permet d’explorer des avenues inédites, d’être aux frontières. C’est peut-être pour ça que je me sens bien au 3IT, où je travaille avec Isabelle Lacroix, qui a aussi ce goût pour l’inconnu.

À bien réfléchir, il y a quelques similitudes entre mon parcours et le livre Outsiders (1985).Œuvrer aux frontières de l’inconnu, guidée par une insatiable curiosité envers l’inédit, c’est forcément être un peu atypique...

En matière d’impact, si je peux être le « poil à gratter » qui amène à réfléchir autrement aux projets technologiques, avec une meilleure conscience et appréhension des défis et enjeux de société, alors c’est gagné pour moi.