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Beau succès pour l'opéra Avidità de l'École de musique

Les membres de la distribution et de la production de l'atelier d'opéra de l'École de musique de l'Université de Sherbrooke.
Les membres de la distribution et de la production de l'atelier d'opéra de l'École de musique de l'Université de Sherbrooke.
Photo : François Lafrance

«Épatant!» Un mot suspendu aux lèvres de bien des spectateurs à la descente du rideau de la première de quatre représentations de l'opéra Avidità, qui avait lieu hier soir au Vieux Clocher de Sherbrooke. Le spectacle – une judicieuse combinaison d'Offenbach et Puccini – présenté par l'École de musique et mis en scène par Normand Chouinard, a suscité bien des réactions et des éclats de rire. Une heure et demie de pur divertissement au cœur de la Florence des années cinquante, mettant fièrement en vedette 12 étudiantes et étudiants en chant de l'UdeS.

Aux antipodes du décor bonbon et du romantisme de l'opéra Cendrillon de Massenet monté l'an dernier, Avidità aborde un thème plus tordu, plus vil… Le metteur en scène opine : «On a ici deux œuvres qui font appel à l'avidité, à ce désir absolu et immodéré de s'enrichir. Certes, cela laisse place à moins de fioritures, mais quand le conte de fées se termine, c'est la vraie vie qui commence!»

«Ayez pitié d'une pauvre aveugle!»

Catherine St-Arnaud (Patachou) et Julie Garceau (Girafielle) dans l'interprétation loufoque de l'opérette d'Offenbach.
Catherine St-Arnaud (Patachou) et Julie Garceau (Girafielle) dans l'interprétation loufoque de l'opérette d'Offenbach.
Photo : François Lafrance

Patachou, une mendiante grossièrement vêtue en pelures d'oignon, donne le ton humoristique au spectacle dès son apparition sur scène en faisant jaillir avec discordance et maladresse quelques notes de son trombone. «Ayez pitié d'une pauvre aveugle», s'exclame-t-elle langoureusement. Une fausse infirme, décèle-t-on rapidement de ses mascarades pour soutirer la monnaie aux passants. Dès lors, Girafielle empiète la place publique pour se prêter au même stratège que Patachou, manifestement contrariée.

Les clochardes insidieuses se livrent à un duel des plus loufoques à travers maintes bassesses et hypocrisies pour extorquer l'argent aux plus nantis. Trêve de plaisanteries, la puissance vocale des cantatrices et l'accompagnement au piano de Jean-François Latour dans Les deux aveugles d'Offenbach nous bercent dans le lyrisme, parvenant «presque» à nous faire pardonner les cabotinages des personnages!

Un deuil pénible pour les Donati?

Gianni Schicci, interprété par Julien Horbatuk, brandit le testament de Buoso, l'objet du vice chez la famille Donati.
Gianni Schicci, interprété par Julien Horbatuk, brandit le testament de Buoso, l'objet du vice chez la famille Donati.
Photo : François Lafrance

Transition sur un grand classique de l'opéra : Gianni Scicchi de Puccini, inspiré de La divine comédie de Dante. La toile de fond épurée de la première opérette est rapidement troquée par un décor surchargé qui évoque clairement l'avarice de Buoso Donati – gisant sur son lit de mort – dont la fortune fait le désir outrancier de sa famille. Le testament entièrement dédié aux moines devient rapidement l'affaire de Gianni Schicci – le personnage principal – dont le mandat consiste à trouver une arnaque permettant à la progéniture de Buoso d'hériter, à tout prix, de tous les avoirs. Mais au grand désarroi de tous, Schicci a plus d'un tour dans son sac…

Les membres de la distribution jouent et chantent l'opéra italien (sous-titré en français) avec une intensité et une émotivité palpables. Le synchronisme, le dynamisme ainsi que la justesse de l'interprétation lyrique et théâtrale rendent indéniablement justice à l'œuvre de Puccini. Le moment fort de la pièce est sans contredit lorsque la belle Lauretta – la fille se Schicci – chante de façon tout à fait sublime et charismatique l'air connu d'O mio babbino caro qui nous transporte littéralement dans un état «d'ivresse opératique».

Un événement culturel à ne pas manquer

Du début jusqu'à la toute fin, l'avidité transcende la scène, et réussit, sournoisement, à transposer l'ironie d'Avidità à notre réalité. C'est ce qui fait le charme de cette production, tantôt empreinte de sensibilité, tantôt d'humour grinçant. 


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