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Nouvelle parution

Le paradoxe évangélique. Sécularisation et laïcisation face aux protestantismes évangéliques

Sous la direction de David Koussens, Guy Bucumi et Brigitte Basdevant-Gaudemet, l’ouvrage Le paradoxe évangélique. Sécularisation et laïcisation face aux protestantismes évangéliques vient tout juste de paraître aux Presses de l’Université Laval.

Questionner les rapports entretenus entre les évangéliques et les processus de laïcisation dans les démocraties libérales : la démarche peut sembler a priori étonnante. Cette démarche l’est d’autant plus dans un contexte où le débat réduit souvent la laïcité à la seule question de la visibilité des symboles religieux (principalement en islam) dans la sphère publique. Mais c’est probablement la raison pour laquelle elle est nécessaire, les enjeux de laïcité ne se trouvant pas toujours là où le débat (politique, médiatique) les situe. C’est donc ce à quoi s’attache Le paradoxe évangélique, un nouvel ouvrage dirigé par le Pr David Koussens, le chercheur postdoctoral Guy Bucumi et la Pre Brigitte Basdevant-Gaudemet (Université Paris-Saclay).

L’ouvrage part de l’hypothèse selon laquelle, dans de nombreux contextes nationaux, les groupes évangéliques ont été grandement bénéficiaires des processus de laïcisation de l’État et de ses institutions. Tant la séparation des Églises (ou d’une Église dominante) et de l’État que la garantie de la liberté de religion ont favorisé leur émergence, leur croissance et leur visibilité dans l’espace public. Toutefois, s’ils en ont été bénéficiaires, les évangéliques en deviennent bien souvent aujourd’hui des contestataires actifs, à la source de nouveaux conflits laïques.

Dans ce contexte, le conflit s’inscrit bien dans un cadre laïque préexistant qui lui fournit les possibilités de son expression : c’est l’exercice d’une liberté laïque – la liberté de religion – qui autorise l’opposition pour des motifs religieux à un autre principe de laïcité, celui de séparation (des normativités religieuses et civiles, c’est-à-dire des Églises et de l’État). Les groupes évangéliques retournent dès lors le cadre laïque de garantie des droits civils contre lui-même, multipliant les oppositions à des normes civiles qui avaient mis à distance la norme religieuse dans la régulation juridique et politique de la vie en société (mariage LGBTQ, avortement, théorie du genre dans le curriculum scolaire, etc.). Ce paradoxe est inhérent à la laïcisation et, dans une plus large mesure, aux avancées démocratiques et à la garantie des libertés.

Le paradoxe évangélique s’attache ainsi à documenter, dans de nombreux contextes nationaux (Suède, Mexique, France, Canada, Suisse, Liban, Brésil et États d’Afrique centrale), les dynamiques plurielles, d’accompagnement, de résistance, d’opposition, voire de conflit, qui ont caractérisé et caractérisent aujourd’hui le rôle des protestants évangéliques dans les processus de laïcisation. Il pose un nouveau regard sur les enjeux de laïcité, qui conjugue l’analyse historique, juridique et politique des aménagements laïques à des enquêtes empiriques sur les groupes évangéliques.

Cet ouvrage fait suite à un colloque qui avait été organisé à Sherbrooke en mars 2020. Il est le premier jalon d’une collaboration engagée entre la Chaire de recherche Droit, religion et laïcité, ainsi que le Centre de recherche Société, Droit et Religions (SoDRUS) avec le Centre Droit & Sociétés religieuses de la Faculté de droit de l’Université Paris-Saclay.


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