Docteur d’honneur du CERC
Hommage à la carrière de Jean Richard
Depuis plusieurs années, l’Université de Sherbrooke décerne des doctorats honorifiques pour souligner les accomplissements remarquables de personnes s’étant illustrées dans toutes les sphères de la société. Le 5 février 2020, le Centre d’études du religieux contemporain a rendu hommage à la carrière de Jean Richard, une référence internationale en recherche tillichienne.
En cette période marquée par une certaine désillusion face à l’évolution des débats qui agitent l’espace public, Jean Richard fournit un exemple de rigueur et de persévérance. Cela rejoint nos préoccupations sur le « vivre ensemble », au cœur de nos priorités de recherche. La présence du religieux dans le monde contemporain, les questions d’éthique, de cohésion sociale et d’inclusion doivent être éclairées par des penseurs libres d’apporter des points de vue variés. Des penseurs de la trempe de notre nouveau docteur d’honneur.
Le recteur Pierre Cossette, lors de la cérémonie officielle.
Dans son allocution, le professeur Marc Dumas a relaté sa rencontre avec Jean Richard voilà plus de quarante ans, lors de son premier cours en théologie à l’Université Laval. Le professeur Richard revenait alors d’un congé sabbatique à Chicago et il évoquait un théologien-philosophe germano-américain qui allait transformer le cours de sa carrière universitaire : Paul Tillich.
Infatigable théologien, il s’est intéressé aux quêtes de sens et aux problématiques spirituelles de notre temps. Il a su déployer une pensée ouverte et critique devant les discours sociaux et ecclésiaux injustes. Il n’a jamais hésité à soutenir nos projets sherbrookois et à participer à des événements de formation et de recherche. Il est convaincu qu’il est possible d’inscrire une réflexion théologique dans l’étude du religieux contemporain en dialogue avec les sciences humaines des religions, la philosophie et les sciences humaines en général. C’est ce qu’il a mis en pratique à sa façon tout au long de sa carrière.
Le professeur Marc Dumas, membre du Centre d'études du religieux contemporain
Une carrière remarquable
Entre 1957 et 1959, Jean Richard obtient un baccalauréat et une maîtrise en théologie de l’Université Angelicum de Rome. Deux ans plus tard, il complète un doctorat en théologie médiévale. Il s’installe ensuite à Québec pour entamer une maîtrise en histoire de la philosophie à l’Université Laval.
Jean Richard devient membre du corps professoral de la Faculté de théologie et des sciences religieuses de l’Université Laval en 1964. Il y dirige le programme de maîtrise, puis celui du doctorat de la Faculté de théologie et de sciences religieuses de 1983 jusqu'à sa retraite de l'enseignement en 1999. Durant toutes ces années, il supervise de nombreux mémoires de maîtrise et thèses de doctorat.
La carrière de Jean Richard se caractérise par sa générosité comme pédagogue et directeur de recherche ainsi que par ses travaux sur la théologie philosophique de Paul Tillich. Il permet la connaissance des études de ce grand penseur dans la francophonie et à l’international.
Il fonde et coédite la traduction française des œuvres de Tillich et rédige plus d’une centaine de publications et d’ouvrages collectifs. Il est également à l’origine de plusieurs relations et collaborations entre des chercheurs de l’Europe et de l’Amérique.
Sa grande contribution dans le domaine théologique lui vaut un doctorat honoris causa de l’Institut protestant de théologie de Montpellier en 2002. Son travail est également reconnu en 2004 dans le volume hommage Théologie et culture.
Sa vision décloisonnée et moderne de la théologie demeurera certainement une source d’inspiration pour plusieurs générations de penseurs et de chercheurs.
À propos de Paul Tillich (1886-1965)
Paul Tillich est un théologien philosophe, allemand et américain, qui fut toujours préoccupé par le devenir de la religion dans le monde moderne. Il a vu la déconstruction de la religion dans ce monde séculier, dominé par la science, la technologie et l’économie. Mais il a vu aussi la déconstruction du monde moderne lui-même, ayant participé comme aumônier militaire à la Grande Guerre (1914-1918) et ayant été victime du nazisme, qui l’a forcé à l’exil aux États-Unis en 1933. La philosophie de la religion chez Tillich prend dès lors une signification toute spéciale, puisque c’est là qu’il entend traiter à fond la question de la place de la religion dans la culture et le monde modernes.