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École d'été sur le croisement des savoirs et le renouvellement des pratiques

La rencontre entre étudiants et personnes usagères comme vecteur d’apprentissage en travail social

Créatifs, les travailleuses et les travailleurs sociaux? Certainement! Mais surtout sensibles aux expériences vécues par les personnes qu’ils accompagnent au quotidien. C’est de cette sensibilité qu’est née l’idée originale d’organiser pour la première fois au Québec une école d’été réunissant des personnes usagères (qui ont reçu des services de santé ou des services sociaux reliés au travail social, en lien avec leur expérience de vie), des étudiantes et des étudiants en travail social ainsi que des professionnelles et des professionnels en exercice. L’objectif : renouer avec l’importance de la relation d’humain à humain dans l’exercice du travail social.

Dans nos livres, c’est sûr qu’on n’a pas vraiment de vécu avec les personnes usagères. Ça nous permet de briser les écarts, de partager des moments plus intimes avec les participants en lien avec leurs expériences. Ça nous donne l’opportunité d’aller vers les autres.

Marie-Philippe, une étudiante à la maîtrise en travail social ayant participé à cette école d’été

Durant une semaine, plus d’une cinquantaine de personnes – dont une vingtaine d’étudiantes et d’étudiants et une vingtaine de personnes ayant côtoyé des travailleurs sociaux ou des intervenants sociaux à un moment de leur vie – ont participé aux diverses activités proposées dans le cadre de cette école d'été : conférences, ateliers de travail, théâtre-forum, world cafe, souper communautaire, prestations, etc. Les rencontres avaient lieu à l’Université de Sherbrooke et dans divers organismes de la région, tels que La Cordée, Le Tremplin 16-30, la Coalition sherbrookoise pour le travail de rue, la Coop de solidarité l’Autre-Toit, Pro-Def Estrie, Famille Espoir et le Baobab - Café de quartier.

Ça passe tellement vite comme semaine! Il y a plein d’émotions qui bougent. Je suis la même, mais je pense que c’est dans le regard de l’autre que ça se passe… Dans la vie, on reçoit des coups durs, on perd un travail, on perd un ami, on est trop fragile, on ne rentre pas dans le moule, etc. On perd confiance en nous, en ce qu’on est. Je suis la même, mais je suis transportée par le miroir que les autres ont reflété sur ce que je suis comme personne, par leur écoute, par leur ouverture.

Marie-Josée, une autre participante à l'École d'été, au terme de cette semaine intensive

Cette école d'été est une initiative des professeurs Annie Lambert et Paul Morin. Inspirée entre autres par des expériences européennes, la pédagogie de cette activité tire son originalité de la mixité des acteurs qui y participent. Les uns arrivent principalement avec leurs savoirs universitaires, les autres, avec leur savoir expérientiel. L'intention est que ces savoirs s'enrichissent mutuellement afin de bonifier la formation des étudiantes et des étudiants en travail social et de favoriser le pouvoir d'agir des personnes usagères.

L'implication des personnes usagères et des proches dans la formation en travail social

Favoriser l'implication des personnes usagères et des proches dans la formation est une orientation prioritaire de l'École de travail social de l'Université de Sherbrooke depuis 2015. Afin de concrétiser cette orientation, une communauté des savoirs a été mise sur pied, regroupant des professeures et professeurs et des personnes chargées de cours, des praticiennes-entraîneuses et praticiens-entraîneurs, des étudiantes et étudiants ainsi que des personnes usagères et des proches. Dans cette optique, plusieurs activités pédagogiques ont été revues afin de leur accorder un rôle de premier plan dans la formation universitaire, et ce, au-delà du simple témoignage. Ils sont ainsi appelés à s’investir dans des rôles liés à la formation, au coenseignement et à l’évaluation des apprentissages.

L’implication du milieu communautaire est essentielle à notre projet. Pour l’École d’été, plus de la moitié des activités se déroulent à l’extérieur de l’université. Les différentes expériences que vivent les participants chez les organismes partenaires ont été développées selon un principe de coconstruction, c’est-à-dire de manière collaborative entre les organisateurs de l’école d’été, les partenaires et les usagers de ces organismes. C’est une manière de s’ouvrir à la communauté et de permettre aux participants de vivre concrètement l’exercice du croisement des savoirs et d’en retirer des acquis pratiques.

Paul Morin, professeur et directeur de l’École de travail social

L’École de travail social de l’Université de Sherbrooke, avec ses propositions audacieuses, s’est engagée sur un terrain encore peu emprunté en sciences sociales. Espérons que cette expérience innovante saura s’étendre à l’ensemble des programmes de formation dans le domaine.


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