Aller au contenu

L'une des gagnantes du Concours de vulgarisation scientifique 2019

Le génie vaincra-t-il le diabète?

Caroline Molle, étudiante au doctorat en biologie cellulaire au Département d’anatomie et biologie cellulaire
Caroline Molle, étudiante au doctorat en biologie cellulaire au Département d’anatomie et biologie cellulaire
Photo : UdeS – Martin Blache

Vous souvenez-vous de votre dernière piqûre ou vaccin ? Personne n’en garde vraiment un souvenir agréable. Maintenant imaginez-vous recevoir des injections de façon quotidienne… C’est malheureusement ce que subissent les patients atteints de diabète de type I. Le diabète est la pathologie associée à un taux de sucre (glucose) trop élevé dans le sang. L’insuline est un messager chimique chargé de diminuer le taux de glucose sanguin. Elle est produite par le pancréas et plus particulièrement par des structures appelées ilots de Langerhans. Une absence de production d’insuline est à l’origine du diabète de type I et les patients atteints doivent subir des injections quotidiennes d’insuline. Il existe cependant une alternative : la greffe d’ilots de Langerhans. Malheureusement, le taux de succès de ces transplantations est faible. Quels sont les problèmes de ces greffes et comment les résoudre ? Voilà les questions que se sont posées le Pr Patrick Vermette et son équipe du Département de génie chimique et de génie biotechnologique de la Faculté de génie de l’Université de Sherbrooke.

Les ilots de Langerhans et les vaisseaux sanguins : une collaboration nécessaire

Les ilots de Langerhans ne constituent que 1 à 2% du pancréas total mais reçoivent pourtant 15% des vaisseaux sanguins du pancréas permettant une détection immédiate du taux de glucose sanguin et une réponse rapide et adaptée. Après une transplantation, la reconnexion avec les vaisseaux sanguins est souvent incomplète et entraîne la mort d’un grand nombre d’ilots. En effet, 5 ans après la greffe, seulement 15% des patients peuvent se passer d’injection d’insuline… La recherche fondamentale s’est donc concentrée sur le développement de techniques de cultures en laboratoire pré-transplantation afin d’améliorer leur survie. Beaucoup de modèles ont été établis, mais il est très difficile de reproduire l’environnement physiologique du pancréas. C’est pourquoi l’équipe du Pr Patrick Vermette propose, dans un premier temps, de mettre en culture les vaisseaux sanguins directement issus du pancréas seul, et par la suite de les cultiver avec les ilots de Langerhans isolés.

L’isolation de vaisseaux sanguins pancréatiques : la solution pour une greffe réussie ?

L’équipe du Pr Patrick Vermette a réussi à établir un protocole d’isolation de vaisseaux sanguins pancréatiques. L’observation et l’analyse microscopique des vaisseaux sanguins isolés ont permis de confirmer deux choses : tout d’abord qu’il s’agissait bien des tissus désirés, mais aussi de vérifier leur intégrité. De plus, après huit jours de culture des vaisseaux sanguins pancréatiques avec les îlots de Langerhans, de l’insuline a été détectée démontrant que les tissus isolés sont fonctionnels !

La recherche fondamentale a beaucoup à offrir au domaine clinique !

C’est la première fois qu’une équipe de recherche propose une co-culture d’ilots de Langerhans avec des vaisseaux sanguins directement issus du pancréas dans le but de recréer le plus fidèlement possible l’environnement physiologique pancréatique. Ces données, bien que préliminaires, mettent en avant la survie des deux tissus, leur interaction et leur fonctionnalité. Le modèle élaboré par l’équipe du Pr Patrick Vermette, également chercheur au CdRV, a donc le potentiel pour devenir un modèle de référence pour les études à venir. Les nouvelles perspectives de thérapie apportées par cette étude sont un bel exemple de ce que la recherche fondamentale peut apporter au domaine clinique. Les patients atteints de diabète de type I n’auront-ils plus à subir des injections quotidiennes d’insuline ? Guérira-t-on les maladies chroniques telles que le diabète ? Nous nous rapprochons chaque jour de ces objectifs grâce à des équipes telles que celle du Pr Patrick Vermette.

À propos de Caroline Molle

Caroline Molle étudie au doctorat en biologie cellulaire au Département d’anatomie et biologie cellulaire de la Faculté de médecine et des sciences de la santé, sous la direction du Pr. Fernand-Pierre Gendron. Sa recherche porte sur le rôle d’un récepteur nucléotidique dans les cellules de l’intestin. 

« La science est fascinante et on ne fait jamais la même chose. C’est pour que les gens s’émerveillent des progrès faits en science que j’ai décidé de participer au concours de vulgarisation scientifique. Après mes études, j’aimerais me tourner vers le milieu de l’industrie ou, qui sait, vers la vulgarisation scientifique ? Tout sera une question d’opportunités au terme de mon doctorat. »

À propos du concours

L’Université de Sherbrooke tient annuellement le Concours de vulgarisation scientifique, dont les objectifs sont de stimuler des vocations en vulgarisation scientifique et d’augmenter le rayonnement des travaux de recherche qui s’effectuent à l’Université, qu’ils soient de nature fondamentale ou appliquée.


Informations complémentaires