L’UdeS membre de l’Université de l’Arctique
L’Arctique : un sujet chaud à l’UdeS
Secret de moins en moins bien gardé : l’UdeS compte en son sein près d’une quinzaine de chercheuses et chercheurs de différentes disciplines qui s’intéressent d’une manière ou d’une autre à l’Arctique. Les effets du réchauffement climatique, la biodiversité dans cette région du monde, la législation entourant la protection de l’environnement et des populations vivant dans le Grand Nord et la télédétection de la géologie et de la glace de la région arctique ne sont que quelques exemples du foisonnement des recherches menées par des professeures et professeurs de l’UdeS.
Frédéric Bouchard, professeur au Département de géomatique appliquée de la FLSH, s’intéresse depuis plusieurs années aux effets du réchauffement climatique sur le pergélisol et l’évolution des lacs dans l’Arctique et le Grand Nord canadien. « Je suis professeur à l’UdeS depuis un an seulement, mais je suis heureux de constater toutes les recherches entourant l’Arctique qui se font ici, affirme-t-il. Entre chercheurs, nous essayons le plus possible de nous tenir au courant de nos différentes recherches et d’inclure des professeurs d’autres départements ou facultés dans nos projets futurs. »
C’est ainsi que le printemps dernier, le professeur Bouchard a déposé un projet réunissant des chercheuses et chercheurs de plusieurs facultés auprès du programme-pilote de recherche interdisciplinaire et interfacultaire de l’UdeS. Ce projet servira à tenter d’adapter des capteurs environnementaux (mesures de température, chimie de l’eau…) dans les milieux froids de l’Arctique et implique des professeures et professeurs de la Faculté des sciences (Céline Guéguen), de la Faculté de génie (Paul Charette, Denis Machon et Debra Hausladen) et du Département de géomatique appliquée (Alexandre Langlois, Alain Royer et lui-même, Frédéric Bouchard), à la Faculté des lettres et sciences humaines.
Alexandre Langlois et lui sont d’ailleurs des collaborateurs désormais inséparables : « Dès mon arrivée l’an dernier, il m’a inclus dans son équipe. Alexandre étudie la dynamique de la neige, et moi, celle du pergélisol et des lacs. Ces deux sujets s’intègrent très bien, puisque les propriétés de la neige influencent beaucoup les transferts de chaleur dans le sol, ce qui a un impact sur la stabilité du pergélisol. Nous codirigeons également une étudiante qui analysera les cycles de gel-dégel dans le sol à Cambridge Bay, au Nunavut, dans le cadre de son Ph. D. »
L'UdeS membre de l'Université de l'Arctique
C’est d’ailleurs grâce à cette forte activité entourant l’Arctique que l’UdeS fait maintenant partie d’une université bien particulière : l’UArctic, ou Université de l’Arctique, qui regroupe des chercheuses et chercheurs provenant de plusieurs pays, universités et disciplines, mais qui ont ceci en commun : ils s’intéressent de près au Grand Nord et sont ouverts à travailler en collaboration.
Je me réjouis du fait que notre université soit maintenant membre à part entière de ce grand réseau. Cela ouvre la voie à des collaborations internationales sur la recherche en Arctique ainsi qu’à des possibilités pour les étudiantes et étudiants et les professeures et professeurs d’effectuer des recherches au sein des institutions membres. C’est une excellente nouvelle pour tous ceux qui s’intéressent à l’Arctique au sein de notre université.
Professeur Frédéric Bouchard, Département de géomatique appliquée
Les institutions membres sont notamment situées en Norvège, en Finlande, en Suède, au Danemark et en Islande. Ainsi, une personne étudiante de cycle supérieur s’intéressant à l’Arctique pourrait effectuer pendant un temps une session d’études au sein d’une université scandinave membre. « C’est le genre d’opportunité sur laquelle j’aurais sauté lorsque j’étais étudiant! », s’exclame le professeur Bouchard.
L'interdisciplinarité : la voie de l'avenir
Le professeur Bouchard ne se montre pas très optimiste face aux effets néfastes du réchauffement climatique dans l’Arctique. Pour lui, il n’existe qu’une avenue, soit l’interdisciplinarité :
Les chercheurs doivent réellement travailler ensemble pour trouver des solutions, peu importe la discipline d’où ils proviennent. La bonne nouvelle, c’est que, selon moi, on n’aura pas le choix dans l’avenir de pratiquer de plus en plus l’interdisciplinarité. Car les questions de recherche se complexifient. Les enjeux touchent de plus en plus, et les sciences pures et les sciences humaines. Aussi, les communautés vivant sur place demandent, avec raison, à être consultées et intégrées dès le début dans les projets de recherche.
Le fait que l’UdeS soit désormais membre de l’UArctic est un pas en ce sens. « Cela va nous aider à élargir notre vision et à collaborer davantage avec des collègues d’ailleurs dans le monde et d’autres disciplines », ajoute-t-il.
Subvention du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada
Les travaux du professeur Bouchard ont par ailleurs été récompensés : il a reçu au printemps dernier une importante subvention du CRSNG dans le cadre du Programme de recherche axée sur la découverte versant des fonds aux chercheuses et chercheurs les plus brillants du monde afin d’accroitre les retombées des sciences, de la technologie et de l’innovation au Canada.
Le professeur Bouchard a ainsi reçu une subvention à la découverte, avec un supplément Tremplin vers la découverte et un supplément en recherche nordique. Le montant octroyé l’aidera à caractériser les effets de la dégradation du pergélisol découlant des changements climatiques sur les milieux naturels ou aménagés dans l’Arctique canadien. Et vous le devinerez… Il ne travaillera pas seul dans ce projet.
« Avec le budget "Découverte", je vais pouvoir engager deux étudiantes de Ph. D. qui vont commencer cet automne, et que je codirigerai. Les deux proviennent de France. Avec le budget "Supplément nordique", je vais pouvoir financer les campagnes de terrain à Churchill au Manitoba et Cambridge Bay au Nunavut pour les prochaines années. Je vais travailler en collaboration avec d’autres professeurs, notamment Alexandre Langlois, Dermot Antoniades, de l’Université Laval, et Milla Rautio, de l’UQAC. Les collaborations se font à la fois à l’UdeS, mais aussi dans d’autres universités au Québec et au Canada, ainsi qu’à l’international. »
Parlant de collaboration, le professeur Bouchard a répondu à nos questions depuis Beaver Creek au Yukon, où il travaillait avec une équipe de chercheurs français, américains et japonais comprenant des géomorphologues, des géochimistes et des microbiologistes. « On a chacun notre expertise, mais on travaille sur les mêmes sites, soit le pergélisol et les lacs. Ça élargit la vision », termine-t-il.