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Expérience étudiante

Jusqu’à l’infini, et plus loin encore

Des membres de l'équipe étudiante SIRIUS après sa plus récente compétition, Launch Canada Challenge, en août 2025.
Des membres de l'équipe étudiante SIRIUS après sa plus récente compétition, Launch Canada Challenge, en août 2025.
Photo : Founie

Se concentrer sur ses études en ayant la tête dans les étoiles est rarement un gage de succès. C’est pourtant ce qui a mené cette équipe étudiante à réaliser une première au Canada en aérospatiale.

Les projets parascolaires sont une formidable rampe de lancement pour l’expérience étudiante à l’Université de Sherbrooke. Comme en témoigne cette réalisation signée SIRIUS, un des groupes techniques de la Faculté de génie.

Ce qu’il a créé en seulement un an? Un moteur à propulsion liquide avec refroidissement régénératif. Pour le commun des mortels, c’est de l’attrayant jargon technologique. Mais pour les quelque vingt-cinq étudiantes et étudiants qui composent l’équipe, c’est plutôt le résultat d’apprentissages inattendus faits à une vitesse supersonique, et ce, en marge de leur programme. Oui, oui, en plus de leurs études. Et l’aventure s’est avérée très formatrice.

Première au Canada

Guillaume Béland est à mi-chemin de son baccalauréat en génie robotique. Il est le chef technique du projet et se fait aussi le porte-parole de l’équipe.

La NASA fabrique ce type de moteurs depuis les années 1960, ce n’est pas une innovation en soi. L’exploit, c’est qu’on est les premiers au Canada à réussir à en concevoir un en tant qu’équipe étudiante.

Guillaume Béland, étudiant et chef technique du projet

La conception du moteur avait un but précis : le Launch Canada Challenge, une compétition annuelle tenue en Ontario, en août. Si SIRIUS n’a pas réussi à faire décoller sa fusée en raison de contraintes de temps, elle a impressionné les juges de façon surprenante avec son moteur sophistiqué.

SIRIUS est la première équipe étudiante canadienne à concevoir un moteur à propulsion liquide avec refroidissement régénératif. Sur la photo, son prototype, Pyros I, prêt pour une mise à feu.
SIRIUS est la première équipe étudiante canadienne à concevoir un moteur à propulsion liquide avec refroidissement régénératif. Sur la photo, son prototype, Pyros I, prêt pour une mise à feu.
Photo : Fournie

« Personne n’en revenait qu’on ait conçu ce type de moteur en seulement un an », relate-t-il, en précisant que l’équipe a investi un nombre incalculable d’heures dans ce projet.

Ce type de moteur, c’est-à-dire?

Le triangle du feu comprend trois éléments : « Ça prend de l’oxygène ou un comburant, quelque chose qui brûle ou un combustible, et une étincelle », explique l’étudiant. Les moteurs à propulsion dite solide sont plus courants, mais moins efficaces, notamment en raison de leur poids. « En utilisant un liquide comme comburant, on obtient des gains en efficacité. »

La technologie recourt aussi au refroidissement régénératif, un procédé ingénieux destiné à protéger les matériaux. « La chambre de combustion peut atteindre 2700 degrés Celsius. La nôtre est en aluminium, un métal qui fond à 640 degrés Celsius. » Avec le refroidissement régénératif, le carburant est utilisé pour absorber la chaleur et refroidir la chambre de combustion.

À quoi l’équipe doit-elle cette prouesse? Trois choses : l’accès à des installations de pointe à l’UdeS, l’aide de précieux partenaires, et l’envie de faire des apprentissages qui dépassent le cadre de son programme d’études.

Envol étudiant

Pour propulser ses idées, SIRIUS s’appuie sur l’aide d’un mentor externe spécialisé en aérospatiale, George Liu, et elle peut compter sur l’accompagnement du professeur David Rancourt. Elle profite aussi du Studio de création - Fondation Huguette et Jean-Louis Fontaine, situé sur le Campus principal de l’UdeS. « On a tout l'équipement au Studio de création pour fabriquer notre fusée, sauf pour certaines pièces plus complexes. »

Un moment de pause durant les journées de conférence de la compétition Launch Canada Challenge, en août 2025, où l'équipe a présenté sa fusée, Zénith.
Un moment de pause durant les journées de conférence de la compétition Launch Canada Challenge, en août 2025, où l'équipe a présenté sa fusée, Zénith.
Photo : Fournie

Quand la conception nécessite de l’équipement plus poussé, l’équipe étudiante peut compter sur de généreux partenaires, comme le groupe FusiA, une entreprise des Laurentides. « Elle nous aide à imprimer des pièces de métal pour la chambre de combustion et nos injecteurs », spécifie Guillaume. Genium360 figure aussi parmi les principaux partenaires.

Lancer une fusée aux confins de la troposphère n’est donc pas une ambition uniquement étudiante? « C’est sûr que c’est un rêve d'enfance, regarder les étoiles et imaginer pouvoir envoyer des objets jusque-là haut, partage Guillaume. Mais l’industrie aérospatiale a du rattrapage à faire au Canada. On est sur la bonne voie. »

30 000 pieds d’altitude

SIRIUS consacrera les prochains mois au perfectionnement de son moteur. « Les juges ont fait des commentaires très constructifs, on sait donc dans quelle direction aller cette année pour améliorer le moteur. »

« L’équipe vient de recruter une vingtaine d’étudiantes et d’étudiants pour la nouvelle année. On les forme au fur et à mesure. On accepte tout le monde en génie. On est aussi ouvert aux autres facultés, entre autres pour aider dans les tâches non techniques. »

Si tout se déroule comme prévu, la fusée filera à 30 000 pieds d’altitude (9144 mètres) lors de la compétition ontarienne en août 2026.

Une journée de test typique pour l'équipe SIRIUS.
Une journée de test typique pour l'équipe SIRIUS.
Photo : Fournie

« C'est un très gros projet, mais à chaque mise à feu du moteur, c'est extrêmement beau à voir, confie Guillaume. C’est impressionnant de travailler avec des systèmes qui contiennent autant d'énergie. »

Avec un décollage aussi réussi, cette expérience étudiante promet d’être un vol fort mémorable.


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