Plateforme interactive Vérité ou Quoi? – Douance
Distinguer le vrai du faux au sujet de la douance intellectuelle
Est-ce que les personnes douées sont nécessairement plus performantes à l’école que les personnes neurotypiques? Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la réponse est non. L’initiative étudiante Vérité ou Quoi? – Douance vient sensibiliser le grand public aux enjeux de la douance intellectuelle, permettant ainsi de contrer la désinformation à son sujet.
Démystifier la science une thématique à la fois afin de lutter contre la désinformation, telle est la mission de la plateforme Vérité ou Quoi?. Celle-ci héberge du contenu scientifique vulgarisé sous forme de balados avec des personnes spécialistes invitées, d’un jeu-questionnaire pour tester les apprentissages et de sources fiables sur la douance.
Souvent incomprise et stéréotypée, la douance intellectuelle est victime de nombreux mythes. Les dix personnes étudiantes au cœur de l’initiative s’engagent ainsi à distinguer le vrai du faux en présentant cinq enjeux, soit l’identification de la douance, la vie professionnelle des personnes douées, les stéréotypes de genre entourant la douance, la santé mentale des individus doués et la double exceptionnalité.
Comme la science sur la douance est encore relativement jeune, il y a beaucoup de mythes qui circulent à son sujet. La plateforme Vérité ou Quoi? offre du contenu vérifié et vérifiable sur différents enjeux entourant la douance intellectuelle et permet aux gens d’apprendre dans le plaisir.
Juliette François-Sévigny, doctorante en psychologie et cofondatrice de Vérité ou Quoi?
L’heure de Vérité… ou Quoi?
En raison d’un conflit idéologique au cours des années 1980 ayant associé la douance à l’élitisme et aux inégalités sociales, explique la cofondatrice de Vérité ou Quoi? Juliette François-Sévigny, il existe un retard considérable dans la reconnaissance des personnes douées et dans la réponse à leurs besoins particuliers ─ un contexte social qui a renforcé les tabous et perpétué les mythes associés à la douance intellectuelle. Pourtant, environ 2 % à 10 % de la population serait touchée par la douance intellectuelle, une proportion notable qui mérite notre attention, selon cette dernière.
Au Québec, bien qu’on parle de plus en plus de la douance, il reste qu’elle a longtemps été associée à l’élitisme. Encore aujourd’hui, plusieurs personnes questionnent la pertinence de s’intéresser à ce phénomène. Cela étant dit, une chose est certaine : il est nécessaire d’adapter les pratiques éducatives afin de répondre aux besoins des élèves doués.
Juliette François-Sévigny, doctorante en psychologie et cofondatrice de Vérité ou Quoi?
Ayant un profond désir de contrer la désinformation liée à la douance intellectuelle, Juliette François-Sévigny a publié, en 2021, un article vulgarisé sur les défis des parents d’enfants doués. La réaction du public a été immédiate et ferme : des ressources digestes sur la douance étaient réclamées.
Cet article a vraiment fait un tabac. J’ai reçu beaucoup de messages de parents, et il y a une question qui revenait constamment : où peut-on trouver des ressources vulgarisées qui sont basées sur la science?
Juliette François-Sévigny, doctorante en psychologie et cofondatrice de Vérité ou Quoi?
C’est alors que Juliette François-Sévigny a réuni le temps d’une soirée neuf personnes étudiantes de différentes universités expertes en douance, en vulgarisation scientifique ou encore en ludification pour leur faire part de ce constat. Le projet Vérité ou Quoi? – Douance est ainsi né.
Pour concrétiser son projet, l’équipe de Vérité ou Quoi? a bénéficié du soutien financier de la Fondation ASEQ, du Regroupement étudiant de maîtrise, diplôme et doctorat de l’Université de Sherbrooke (REMDUS) et des Fonds d’appui à l’engagement étudiant (FAEE). Plus de 50 partenaires, dont l’Acfas, DouanceScience, l’Association québécoise pour la douance (AQD), les Fonds de recherche du Québec (FRQ) et le laboratoire des études sur le haut potentiel, se sont également joints au projet.
Pour mieux définir et soutenir la douance intellectuelle
Afin d’assurer une révision scientifique des contenus de la plateforme, Juliette François-Sévigny a fait appel à son directeur de thèse, le professeur Mathieu Pilon, spécialiste en douance. Étant neuropsychologue et psychologue, il a apporté conseils et accompagnement d’un point de vue scientifique et clinique afin d’aider à élucider une condition complexe, celle de la douance intellectuelle.
Bien qu’à ce jour, il n’y ait pas de consensus quant au seuil retenu pour identifier la douance intellectuelle chez une personne, un QI de 130 – que possède 2 % de la population – est celui qui est généralement utilisé, lorsque l’on conçoit le phénomène strictement de manière psychométrique. Le défi, au moment d’identifier et d’expliquer la douance, est qu’il y a beaucoup de caractéristiques qui ne sont pas spécifiques aux enfants doués.
La douance n’est pas homogène : il y a une grande variabilité de profils. La douance intellectuelle se vit chez des jeunes qui auraient une avance importante dans leur développement cognitif par rapport à leurs pairs d’âge comparable. Ce qu’on retrouve chez les enfants doués comparativement aux enfants avec d’autres types de douance, c’est un vocabulaire plus développé, une curiosité et un intérêt d’apprendre de nouvelles connaissances et une facilité d’apprendre. En revanche, ces capacités ne se transposent pas nécessairement en résultats scolaires élevés.
Mathieu Pilon, professeur au Département de psychologie de la Faculté des lettres et sciences humaines
En effet, les enfants doués qui sont stimulés à l’école peuvent se retrouver parmi les premiers de leur classe. D’autres au profil créatif et artistique sont plutôt performants dans divers engagements parascolaires comme dans des projets d’art ou de musique. Lorsqu’ils manquent de stimulation, ces jeunes peuvent toutefois ressentir de l’ennui et une baisse de motivation. D’autres, en plus de la douance, peuvent avoir une dyslexie, une dysorthographie, un TDAH, un trouble d’apprentissage en français ou en mathématique ou un trouble du spectre de l’autisme, entre autres.
Au Québec, l’intérêt pour la douance a refait surface dans la recherche au cours des dernières années. Depuis, des formations pour les personnes enseignantes et professionnelles qui gravitent autour des enfants doués sont mises en place.
On peut penser qu’il faut stimuler l’enfant doué par les apprentissages scolaires, mais ce n’est pas toujours le cas. On peut le stimuler avec un programme sport-études ou arts-études, le parascolaire, des projets spéciaux, du tutorat avec des élèves plus jeunes ou encore des projets éducatifs personnels. En ce moment, on est dans une période de transfert des connaissances aux enseignants et aux professionnels pour briser les préjugés qui peuvent encore en découler.
Mathieu Pilon, professeur au Département de psychologie
Alors que la douance suscite encore bien des questions, la plateforme Vérité ou Quoi? – Douance aspire ainsi à être un lieu de choix pour les individus âgés de 16 à 116 ans où plusieurs sources d’information crédibles sur la douance sont offertes gratuitement.
Pour son implication dans la promotion de la science et dans la lutte contre la désinformation liée à la douance intellectuelle, l’équipe de Vérité ou Quoi? a été demi-finaliste au concours interuniversitaire Forces AVENIR 2023, qui vise à reconnaître et promouvoir l’engagement étudiant.
L’équipe de Vérité ou Quoi? est composée de Juliette François-Sévigny, Vincent Gosselin Boucher, Kevin L’Espérance, Anne-Laurence Gagné, Myriam Beaudry, Catherine St-Pierre, Catherine Cimon-Paquet, Natacha Bérubé-Deschênes, Alice Giroux et Marie-Claudelle Leblanc.