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Les formules hybrides : le savant calcul pédagogique de l’UdeS

Le Pr de physique André-Marie Tremblay a recours à un tableau lumineux pour favoriser la compréhension de concepts, lors d'une séance qu'il anime depuis sa demeure.
Le Pr de physique André-Marie Tremblay a recours à un tableau lumineux pour favoriser la compréhension de concepts, lors d'une séance qu'il anime depuis sa demeure.
Photo : Michel Caron - UdeS

Un premier contact en classe avec ses pairs et le personnel enseignant. Des capsules vidéo à visionner à la maison. Un retour en groupe par l’entremise de discussions. Du travail collaboratif en ateliers. Et si la pandémie, au-delà des modes de prestation d’enseignement – en présentiel ou à distance –, avait favorisé une diversification des formules pédagogiques, au plus grand bénéfice des étudiantes et étudiants?

On a fait grand bruit de l’aménagement de classes extérieures à l’UdeS pour assurer la reprise sécuritaire des activités pédagogiques sur les campus. On a un peu moins parlé de toute l’adaptation numérique de la formation, qui s’est déployée en toile de fond, et qui joue un rôle clé dans l’intégration des apprentissages.

Pour la vice-rectrice aux études, la professeure Christine Hudon, il ne fait aucun doute qu’en fonction des intentions pédagogiques, les formules hybrides permettent de meilleurs gains sur le plan de l’apprentissage :

C’est le meilleur des deux mondes, d’arriver à tirer profit des deux approches pour favoriser le développement des compétences. Pour cette raison, nous tenions à assurer des enseignements en présentiel, mais aussi à nous appuyer sur le numérique pour certains apprentissages.

Un constat que partage le directeur du Service de soutien à la formation (SSF), Stéphane Roux :

La pression de la pandémie amène à se poser les bonnes questions quant à l’approche pédagogique à privilégier dans le développement de telle ou telle compétence. Cette activité-là, par exemple, quelle est sa valeur ajoutée en présence? Le numérique serait-il plus pertinent pour y répondre?

L'acquisition de certaines connaissances peut d'abord se faire en mode asynchrone, à son rythme.
L'acquisition de certaines connaissances peut d'abord se faire en mode asynchrone, à son rythme.
Photo : Fournie

L’apprentissage de certaines notions de base, par exemple, peut très bien se faire de manière asynchrone, à son rythme, chez soi, tandis que l’espace en classe peut être utilisé pour valider la compréhension en situation de pratique par le personnel enseignant et par les pairs. L’échange et la discussion participent aussi de la construction des connaissances et dans ce contexte, le mode synchrone permet d’en tirer pleinement profit, illustrent Marc Couture et Christian Dumont, conseillers technopédagogiques au SSF.

Une activité est dite synchrone lorsque la situation de communication se déroule en temps réel.
Une activité est dite asynchrone lorsque la situation de communication se tient en différé, au moment choisi par la personne étudiante.

Innover et s'adapter

Chargé de cours en histoire de la littérature française, Hugo Chavarie enseigne pendant 90 minutes au couvent des Petites Sœurs de la Sainte-Famille, puis propose des activités asynchrones à faire à la maison pour compléter la séance.
Chargé de cours en histoire de la littérature française, Hugo Chavarie enseigne pendant 90 minutes au couvent des Petites Sœurs de la Sainte-Famille, puis propose des activités asynchrones à faire à la maison pour compléter la séance.
Photo : Michel Caron - UdeS

La vice-rectrice aux études souligne par ailleurs la diversité des formules adaptées par quelques facultés et centres de formation. À la Faculté des lettres et sciences humaines, par exemple, les plages horaires habituelles de 3 heures en présentiel ont été réduites de 90 minutes, et l’autre portion de cours se compose de diverses activités asynchrones. Du côté de la Faculté de génie, le travail collaboratif autour de projets concrets a été retenu comme la modalité à valeur ajoutée pour laquelle le présentiel gagnait à être mis de l’avant.

Le Pôle d’innovation technopédagogique de la Faculté d’éducation, qui travaille étroitement avec le SSF, a pour sa part accompagné de près le personnel enseignant de la faculté dans l’adaptation numérique des programmes. Le contenu de certains cours a notamment été pensé par modules, de manière à former des « unités thématiques », qui soient plus faciles à assimiler et offrant une certaine marge de manœuvre quant à leur adaptation au numérique, selon le professeur Florian Meyer, responsable du Pôle et spécialiste de la formation à distance et du numérique :

La priorité a été donnée au présentiel, mais il fallait aussi repenser toute la pédagogie pour se préparer à toute éventualité, et accompagner les personnes enseignantes pour qu'elles soient prêtes à rebondir et à adapter la formation, au besoin.

L’exemple du baccalauréat en adaptation scolaire et sociale
Lorsque des étudiantes et étudiants du programme ont été contraints de s’isoler en raison de cas de COVID-19 liés à une éclosion à l’extérieur des campus, ils ont pu rapidement poursuivre leurs séances de cours à distance, puisque les contenus avaient été développés dans une logique de modules, offrant plus de latitude pour faciliter l’adaptation de la classe au numérique.

Le numérique : là pour rester

Photo : Martin Blache - UdeS

C’est dans l’urgence que le corps enseignant a été contraint de revoir au printemps dernier ses formules pédagogiques afin de permettre aux étudiantes et étudiants de terminer leur trimestre. À cet effet, Serge Allary, vice-recteur adjoint aux études, explique :

On a été forcés d’adopter le numérique rapidement, mais cette période passée, on veut s’en servir comme une opportunité pour avoir la meilleure séquence hybride possible et imaginable, au service de l’apprentissage de nos étudiantes et étudiants.

De son avis et de celui du directeur du SSF, un important pas a été franchi, et l’intégration du numérique aux pratiques pédagogiques est là pour rester.

Je ne pense pas que l’on reviendra systématiquement aux séances de 3 heures en présentiel pendant 15 semaines, poursuit le vice-recteur adjoint. L’asynchrone prendra une certaine part, et le présentiel ou le synchrone, une autre, plus en lien avec le rythme d’apprentissage des étudiantes et étudiants. Ce sera l’héritage de la crise vécue.

L’utilisation par le personnel enseignant de l’environnement numérique d’apprentissage, qui se compose de plusieurs plateformes et outils, est d’ailleurs grandissante. Depuis quelques années, et particulièrement depuis le printemps dernier, l’engouement autour de la pédagogie ne se dément pas, alors que nombreux sont ceux et celles qui prennent part aux formations du SSF dans le but de varier ou de parfaire leurs méthodes et leurs approches d’enseignement.

« La présence à distance »

Le Pr Tristan Landry et ses étudiantes et étudiants de la maîtrise en histoire, lors d'un séminaire en ligne où les échanges conviviaux étaient au rendez-vous.
Le Pr Tristan Landry et ses étudiantes et étudiants de la maîtrise en histoire, lors d'un séminaire en ligne où les échanges conviviaux étaient au rendez-vous.
Photo : Fournie

Si le numérique présente un immense potentiel sur le plan pédagogique, il pose des défis certains, notamment quant à l’accompagnement et aux ressources à déployer, mais aussi sur le plan des interactions humaines :

Nous visons à l’UdeS le développement des compétences relationnelles de nos étudiantes et étudiants, autant en numérique qu’en présentiel, indique la professeure Hudon. Savoir interagir à distance, c’est peut-être moins naturel, mais c’est important aussi, comme future personne citoyenne professionnelle.

Cette adaptation, à la fois difficile pour les étudiantes et étudiants, mais aussi le personnel enseignant, requiert plus d’efforts afin de susciter le dialogue, le débat.

Il faut chercher à favoriser la présence à distance.

Pr Florian Meyer, responsable du Pôle d'innovation technopédagogique

Des communautés se sont créées de manière spontanée, de manière à favoriser le partage des bonnes pratiques chez le personnel enseignant.
Des communautés se sont créées de manière spontanée, de manière à favoriser le partage des bonnes pratiques chez le personnel enseignant.
Photo : Michel Caron - UdeS

Le fait de devoir repenser à vitesse grand V les modalités pédagogiques au format numérique, notamment dans cette perspective, a toutefois mené à la création spontanée de communautés de pratique au sein de gens de mêmes programmes, qui se sont concertés autour des meilleures pratiques, un acquis important qui restera au-delà de la pandémie, selon la professeure Hudon.

Le directeur général du SSF ajoute pour sa part avoir reçu des témoignages de certaines personnes enseignantes pour qui l’animation et la participation en classe se sont vues améliorées grâce aux stratégies d’interaction qu’elles ont mis en place grâce au numérique :

Paradoxalement, le numérique peut rapprocher les gens, parce qu’il devient nécessaire de bien communiquer et d’interagir pour assurer le succès d’une séance synchrone.

Photo : Martin Blache - UdeS

En somme, si le contexte difficile actuel nous plonge toutes et tous dans l’incertitude depuis plusieurs mois, force est de constater qu’il a néanmoins servi d’accélérateur au déploiement d’approches pédagogiques hybrides. Plus que jamais, les étudiantes et étudiants seront exposés à un équilibre judicieux de formules d’enseignement et d’apprentissage, qui, en plus d’être plus inclusives, leur permettent de développer, davantage à leur rythme, leur plein potentiel pour œuvrer dans la société.


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