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Dans le cadre du Congrès de l’Acfas

Présence des membres du SoDRUS à l'Acfas

Cinq membres réguliers du SoDRUS et 4 étudiants associés au Centre d'études du religieux contemporain (CERC) ont participé au 84e congrès de l'Acfas qui s'est tenu la semaine du 9 au 13 mai 2016 à l'Université du Québec à Montréal (Uqam).

En collaboration avec le SoDRUS, le Centre d'études du religieux contemporain et la Chaire de recherche Droit, religion et laïcité, le colloque 351 - Le religieux où on ne l’attend pas : nouveaux enjeux pour la recherche universitaire, organisé par David Koussens, Corentine Navennec et Jean-Philippe Perreault (Université Laval), a réuni près de 40 chercheurs en études du religieux contemporain les 9, 10 et 11 mai 2016 au Congrès de l’Acfas.

Ci-dessous les résumés des conférences offertes lors de l'Acfas par les membres du SoDRUS et du CERC.

Colloque 623 - La relation de séduction : un lien biologique, moral, politique ?


Sylvana AL BABA DOUAIHY - Université de Sherbrooke

Le fanatisme ou la séduction des causes perdues

La séduction est l’action de conduire à soi, tirer à soi et séparer de son lieu d’existence un individu au nom d’une idée ou d’une croyance. Cette dernière justifie la mise en conformité de toutes les actions posées. Mélange de fascination, de séduction, d’attrait, d’influence ou d’endoctrinement, l’adhésivité idéologique du fanatisme se construit sur un système cognitif qui, au nom d’une autorité, d’une idée ou d’une divinité déclare être en possession d’unique Vérité. Comment qualifier et comprendre, par le biais de la séduction, l’adhésion inconditionnelle à une idée ou à une croyance radicale au point de vouloir tout lui sacrifier ? Notre démarche s’emploiera d’abord à présenter, selon la méthode de clarification conceptuelle, le concept de séduction susceptible de nous instruire et de nous renseigner sur la force immense d’attraction du fanatisme et sur la difficulté de résister à son attrait. À partir de ce préalable, nous voulons ensuite répondre aux questions suivantes : Pourquoi le fanatisme est-il si attrayant ? Pourquoi la séduction qui émane du fanatisme est-elle si profonde ? En nous basant sur « la séduction qui s’opère en convoquant l’espoir de retrouver ʺ l’obscur objet du désir ʺ, le fantasme d’un objet perdu » (Wainrib, 2004), nous montrons que le développement du fanatisme idéologique est le résultat d’un loyalisme pour une cause perdue (Royce, 1908) pour la récupérer. Enfin, notre exemple est celui de la redoutable séduction pour l’État islamique.

Claude GÉLINAS - Université de Sherbrooke

L’indianité comme vecteur de séduction au Canada, 19e-21e siècles

Un des paradoxes qui caractérisent l’histoire des relations entre autochtones et non-autochtones au Canada, du 19e siècle à nos jours, est qu’au même moment ou l’État cherchait à accélérer l’assimilation des premiers occupants, de larges pans de la population canadienne faisait de la représentation de l’Indien traditionnel un vecteur de séduction au service d’une mise en marché de valeurs ou de produits commerciaux. Cette représentation de l’indianité, largement issue d’un construit pragmatique, a parallèlement été récupérée par les autochtones eux-mêmes afin de donner une légitimité à leurs revendications politiques et juridiques. Aujourd’hui, cette fonction séductrice de l’indianité pose toutefois un défi pour les autochtones, dans la mesure où si elle continue d’agir à l’appui de leur lutte politique, ou en support à certains secteurs économiques comme le tourisme culturel, elle séduit aussi des Occidentaux au point où ceux-ci cherchent à se l’approprier, particulièrement dans sa dimension spirituelle. Ceci s’avère préoccupant pour les autochtones dans la mesure où leur particularisme culturel justifie, à bien des égards, le statut et les droits distincts dont ils jouissent. Aussi, que pourrait-il advenir de ce statut et de ces droits si ce particularisme culturel s’amenuise ? Une telle réalité fait bien ressortir comment une démarche de séduction, dès qu’elle est lancée, ne se trouve plus sous le seul contrôle du séducteur.

Colloque 318 - La renaissance des cultures autochtones : enjeux et défis de la reconnaissance


Nicolas BEAUCLAIR - Université de Sherbrooke

Les discours de revendication autochtone des Andes : une ontologie politique associant tradition et modernité

Il n’est pas exagéré d’affirmer que la scène politique latino-américaine est effervescente depuis quelques années avec une résurgence de la gauche et divers mouvements sociaux cherchant à obtenir une plus grande visibilité, autant à l’échelle locale qu’internationale. Dans ce vaste éventail politique, les organisations autochtones gagnent de plus en plus de force et de visibilité. Or, afin de comprendre les fondements de leurs revendications, il convient de se demander comment ces peuples associent les éléments propres à leurs traditions et un positionnement politique « moderne ». Dans cette présentation, je propose d’analyser des discours provenant de la CAOI (Coordinadora Andina de Organizaciones Indígenas) pour voir comment sont élaborés les éléments d’une identité propre et de quelle manière ils sont articulés à l’intérieur de discours de revendications actuels. De cette lecture, je tends à démontrer que ces discours nous mettent en présence de la défense et la promotion d’ontologies politiques différentes de la part des organisations autochtones qu’il est possible d’identifier sous l’appellation de « cosmopolitique ».

Colloque 351 - Le religieux où on ne l’attend pas : nouveaux enjeux pour la recherche universitaire


Safa BEN SAAD - Université de Sherbrooke

Religions sans frontières ? Analyse de l’interférence entre le religieux et les nouveaux modes de production du droit 

La production des normes juridiques prend de nouvelles formes (Ost, Van de Kerchove, 2002). La mondialisation a facilité l’émergence d’un droit global. Les modes horizontaux de production du droit transforment la structure de la norme juridique et laissent songeur quant à ses fondements et sources. Si la problématique de la relation entre droit et religion semble classique, elle associe généralement l’identité religieuse et culturelle à un système juridique national défini par un cadre géographique précis.

Le droit global ne correspond pas à un ordre juridique particulier, fût-il international (Frydman, Lewkowics, 2012). Il est sensé s’affranchir des spécificités liées à chaque ordre juridique et des sociétés qui le produisent. Paradoxalement, la confusion normative que suscitent ses sources (codes de bonne conduite, valeurs éthiques, héritages juridiques nationaux), laisse la porte ouverte à une intrusion du religieux.

La religion se révèle être un facteur d’union, de rapprochement, «porteuse de grâce, d’espérance» comme la décrivait Carbonnier (1993). L’harmonisation passe-t-elle par une unification des principes, des mœurs ? Est-elle une recherche de ce qui est commun ou une abstraction des différences ?

L’objectif de cette analyse est de déceler la présence de l’élément religieux dans les nouveaux modes de production du droit. Suivant une démarche interdisciplinaire, cette proposition tend à démontrer que le religieux s’accommode aux évolutions de la production normative.

Maurice DEMERS - Université de Sherbrooke

L’influence du religieux sur l’activisme humanitaire : le cas du Comité chrétien pour les droits humains en Amérique latine

Plusieurs organismes québécois de solidarité internationale ont des origines chrétiennes. Le cas des organismes dédiés à la solidarité avec l’Amérique latine est manifeste à cet égard, s’appuyant, avec le temps, sur les préceptes moraux de la théologie de la libération pour dénoncer les injustices de la région. Il est toutefois important de noter que la représentation des causes de l’oppression, ainsi que les actions prises par les représentants de l’Église catholique en faveur des luttes sociales latino-américaines ont grandement évolué dans la deuxième moitié du XXe siècle. Qu’est-ce qui explique cette évolution ? Comment les coups d’État successifs en Amérique latine dans les années 1960 et 1970, ainsi que la répression qui se poursuit dans les années 1980 et 1990 ont suscité des campagnes et des actions de solidarité au Québec avec les persécutés d’Amérique latine ? Je répondrai à cette problématique en analysant le cas des campagnes organisées par le Comité chrétien pour les droits humains en Amérique latine (CCDHAL) de 1976 à 1996. Pour ce faire, j’utiliserai les articles publiés dans Caminando, publication du CCDHAL, ainsi que des témoignages que j’ai récoltés auprès d’anciens missionnaires qui ont collaboré avec le CCDHAL par le passé.

Claude GÉLINAS - Université de Sherbrooke

À qui appartiennent les spiritualités autochtones ? Quelques défis posés aux chercheurs universitaires

La spiritualité occupe une place centrale dans les processus contemporains de guérison et de revendications politiques et identitaires au sein des collectivités autochtones nord-américaines. Or, dans un contexte où cette spiritualité est désormais largement accessible et présente un attrait marqué pour de nombreux Occidentaux, il en découle un souci chez les autochtones d’exercer une forme de contrôle sur leur patrimoine religieux, voire d’affirmer et de défendre un droit de propriété sur celui-ci. Cela peut se traduire par un rapatriement dans les communautés d’objets à caractère religieux conservés dans les musées, par des démarches politiques ou juridiques pour contrer l’appropriation de certaines composantes de leur sphère religieuse, par une forme d’entrée en clandestinité de certains us et coutumes ou par des restrictions ou des refus imposés à ceux qui souhaitent étudier la dimension spirituelle en milieu autochtone. De telles initiatives ne sont pas sans soulever des défis pour les chercheurs universitaires intéressés à mieux comprendre la dimension spirituelle au sein des cultures autochtones. Plus fondamentalement, ce contexte invite à réfléchir sur la compatibilité de la notion de propriété en lien avec la religion et la spiritualité et à définir une éthique relationnelle qui prendrait en considération les préoccupations et les aspirations à la fois des autochtones et des chercheurs en vue de favoriser entre eux un rapport de collaboration respectueuse.

David MORIN - Université de Sherbrooke

Réflexions sur la place du facteur religieux chez les djihadistes canadiens

Comme bien d’autres États, le Canada et le Québec sont aujourd’hui confrontés aux défis du « djihadisme violent », qui se traduit par le fait que certains de leurs citoyens commettent, participent ou promeuvent des actes de violence au nom du djihad, au pays et/ou à l’étranger. Si le Canada avait déjà, par le passé, connu des épisodes de terrorisme politique et/ou religieux, ceux-ci étaient demeurés relativement limités dans le temps ou dans leur ampleur. Depuis la fin des années 1990 avec l’affaire Ressam, le groupe des « Toronto18 » ou de Via Rail, et les attaques de Saint-Jean sur Richelieu et Ottawa, le Canada est confronté à un nouveau cycle de terrorisme. Le nombre de Canadiens partis rejoindre des groupes combattant en Irak ou en Syrie a augmenté de 50 % au cours de la première moitié de 2015. S’il faut se garder d’en exagérer l’ampleur, les chiffres officiels semblent indiquer qu’il s’agit toutefois d’un phénomène en expansion. Mais que sait-on exactement de ces jeunes canadiens et canadiennes qui épousent la cause du djihadisme violent ? Quels sont leurs profils, leurs trajectoires ? Quelles sont les causes de cette radicalisation menant à la violence ? Quels sont leurs motivations et leurs objectifs ? En particulier, quelle est la place du religieux dans ces processus de radicalisation ? Cette présentation se propose de mettre en perspective la question du religieux par rapport aux autres facteurs identifiés dans les trajectoires des djihadistes canadiens.

Pierre C. NOËL - Université de Sherbrooke, Claude GÉLINAS - Université de Sherbrooke

Expérience d’immigration comme expérience des droits fondamentaux

Dans le cadre d’un séminaire de recherche interdisciplinaire, nous avons traité de l’intégration des immigrants à partir de l’angle disciplinaire de l’anthropologie et celui des sciences religieuses. Notre hypothèse de départ était que les droits fondamentaux établissaient la limite d’action de l’État et des groupes religieux dans l’intégration des migrants. Le croisement interdisciplinaire a amené des résultats qui nous ont surpris. En effet, il est ressorti que c’est l’émigrant lui-même à travers son processus migratoire qui fait une expérience des droits fondamentaux et c’est cette expérience qui favorise grandement son intégration dans nos sociétés occidentales. Cette expérience précède donc l’intervention de l’État ou d’un groupe religieux. Dans la présente communication, nous proposons d’approfondir et de valider cette nouvelle hypothèse en revisitant nos données et en intégrant de nouvelles.