Le stade intérieur accueille une collation des grades mémorable
De nouveaux diplômés bien outillés pour les défis qui les attendent
Dans une ambiance de fête, les diplômés agitaient déjà une nuée de foulards verts et or quelques minutes avant le début de la cérémonie principale. Le parterre du stade intérieur, méconnaissable, réunissait quelque 2500 diplômées et diplômés des neuf facultés. L’enceinte noblement décorée de la rose des vents et de la cinquantaine de drapeaux des pays d’origine des diplômés accueillait une célébration solennelle et émouvante. L’émotion et la bonne humeur ont fait un pied de nez aux caprices de la météo : l’énergie et la jeunesse de la promotion 2010 ont su rendre le moment inoubliable.
Quelque 10 500 personnes étaient réunies à l’Université de Sherbrooke pour célébrer avec fierté la réussite académique des finissantes et finissants de la dernière année. Entre septembre 2009 et septembre 2010, 3940 nouveaux diplômés ont terminé leur formation, dont 2660 au 1er cycle, 1155 au 2e cycle et 125 au 3e cycle. De ce nombre, plus de 2500 finissants ont pris part à la cérémonie du samedi 25 septembre.
Juste avant le début de la cérémonie principale, une vidéo sans parole a permis aux diplômés de revoir les quatre coins des campus verdoyants de l’UdeS. Puis, des diplômés des différentes facultés se sont relayés pour témoigner leur fierté d’avoir enfin terminé leur parcours respectif. Un jour de fête, un nouveau départ, un sentiment d’accomplissement, le souvenir du travail d’équipe, la rencontre de l’homme de sa vie… tous avaient une expérience singulière à partager à travers des propos bien sentis.
Nombreux défis
«Ils sont nombreux les défis qui vous attendent, a lancé la rectrice dans son adresse aux diplômées et diplômés. Des épisodes récents ont ébranlé le système économique mondial; des attentats et des guerres remettent chaque jour en cause l'équilibre relatif de nos sociétés; sur tous les continents, des hommes et des femmes cherchent encore à joindre les rangs de celles et ceux qui n'ont pas à lutter sans cesse pour leur survie; en plusieurs endroits sur la planète, on perturbe l'environnement qui a vu naître et se développer les humains que nous sommes. Bien sûr, le fardeau de trouver des solutions à tous ces problèmes ne repose pas que sur vos seules épaules. Nous sommes tous concernés. Néanmoins, je suis convaincue que vous saurez, par ce que vous êtes, ouvrir de nouvelles pistes de solutions», a-t-elle déclaré.
Diplômé de la maîtrise en droit et sciences de la vie, Paul Gagnon a pris la parole au nom des finissantes et finissants. Son discours a fait écho aux propos de la rectrice : «L’avenir nous promet plusieurs défis (…), a-t-il dit. Il faudra nous surpasser et nous démarquer (…). Nous allons faire face à d’importants enjeux environnementaux, politiques, démographiques, économiques, sociaux et idéologiques. Nous sommes bien outillés pour y faire face puisque ces enjeux transcendent les disciplines étudiées. Il faudra garder à l’œil l’interdisciplinarité et la collaboration de tous et chacun. Bien que nous soyons formés dans un domaine ou l’autre, il nous faudra décloisonner nos professions, nos mentalités», a livré le nouveau diplômé, avant d’appeler ses camarades de promotion à remercier les milliers de proches qui les ont appuyés dans leur réussite universitaire.
Les doyens vantent les mérites de leurs diplômés
Forts de la tradition établie depuis cinq ans, les doyens de toutes les facultés ont été invités au lutrin pour vanter les mérites de leurs cohortes respectives. Ce moment a encore une fois su dérider la foule à plusieurs reprises.
Le doyen de la Faculté des sciences a été le premier à prendre la parole. Serge Jandl a présenté à la rectrice ces personnes «brillantes» qui seront consultées et sollicitées tant par les littéraires qui voudront connaître l’avenir, les ingénieurs en quête de matériaux et les médecins en quête de traitements que par les financiers à l’affût de subtils montages générés par des outils mathématiques.
Le doyen de la Faculté d’éducation physique et sportive, Jean-Pierre Brunelle, a de nouveau soulevé la foule en amenant l’assistance à exécuter une série cadencée d’étirements et de percussions de bras et de jambes, la séance se terminant par un gigantesque massage collectif entre voisins de siège.
Daniel Proulx, doyen de la Faculté de droit, a souligné combien l’ensemble des diplômés avait fière allure en cette cérémonie, grâce à la tenue qui contribue au décorum qui sied à un tel événement : «Vous êtes tous habillés en avocats aujourd’hui. C’est formidable. Mais à partir de demain, cette tenue est réservée aux juristes qui plaideront et siègeront en cour», a-t-il dit.
Le doyen de la Faculté de génie, Gérard Lachiver, a présenté ses ouailles en disant qu’à trois ans elles construisaient déjà les plus hautes structures de la garderie, et qu’à sept ans elles étudiaient les différentes composantes de la craie du tableau. «À 17 ans, les futurs diplômés en génie ne savaient plus écrire, a raconté le doyen, mais ils étaient aptes à composer des messages texte de 140 caractères!»
Colette Deaudelin, doyenne de la Faculté d’éducation, a parlé de la mission à l’échelle planétaire de ses diplômées et diplômés : «Réalisez-vous que nos finissants passeront plus de temps avec les jeunes de 5 à 16 ans que leurs propres parents?»
La doyenne de la Faculté des lettres et sciences humaines, Lynda Bellalite, a averti la foule que les diplômés de sa faculté étaient sur le point d’envahir tous les secteurs d’emploi. «Pour eux, aucune mission n’est impossible. Il s’agit de la cohorte la mieux entraînée du campus», a-t-elle affirmé.
Francine Turmel, doyenne de la Faculté d’administration, a pour sa part annoncé que ses diplômés feront la manchette des journaux dans l’avenir, surtout pour la richesse collective qu’ils auront contribué à créer. Elle a ensuite salué ses diplômés brillants et bruyants.
Pierre Noël, doyen de la Faculté de théologie et d’études religieuses, a tourné à son avantage le petit nombre de diplômés de sa faculté. «C’est bien connu, a-t-il dit, les personnes d’exception existent en petit nombre. Or, qu’est-ce qui rend quelqu’un exceptionnel? Ce sont ses valeurs d’engagement altruiste.»
Dernier à prendre la parole, Réjean Hébert, qui en était à sa dernière journée comme doyen de la Faculté de médecine et des sciences de la santé, s’est réjoui de présenter les premières diplômées infirmières spécialisées en soins de première ligne ainsi que les premiers diplômés en médecine des sites délocalisés de Saguenay et Moncton. Abordant le thème du rêve, il a dit que ces réalisations avaient d’abord été rêvées et que sa faculté avait ensuite réalisé ces rêves.
Un rituel saisissant et émouvant
Le cérémonial chargé d’émotion s’est soldé par le rituel d’investiture, marqué par les prestations de l’Ensemble à vents de Sherbrooke, sous la direction musicale de François Bernier.
Chantal-Édith Masson, professeure à la Faculté des lettres et sciences humaines, a livré un texte lyrique appelant les diplômés à la réflexion : «Et toi, qu’es-tu devenu au fil de ces années passées ici? Qu’as-tu appris sur toi et sur tout le reste que tu ne soupçonnais même pas? Ton bagage est de taille. Tes idées ont du poids. À toi maintenant de fouler le monde et d’y laisser ton empreinte.» La soprano Catherine Elvira Chartier a enchaîné en envoûtant la foule, interprétant l’air «Casta diva» de l’opéra Norma.
Puis, Luce Samoisette a pris la parole : «En ma qualité de rectrice, je vous investis des couleurs de l'Université de Sherbrooke.» Dans un geste synchronisé, rythmé par les battements de tambours de l’orchestre, les finissants ont retiré la cape noire qui couvrait leur toge, l'ont portée devant leurs épaules, ont retourné la pièce d'étoffe au revers de couleur or et ont revêtu fièrement leurs nouvelles couleurs. Dans les gradins, des applaudissements nourris ont salué la nouvelle promotion.
Une collation bien orchestrée
Encore une fois, cette cérémonie unique a exigé une préparation colossale. «En plus des équipes techniques et logistiques, quelque 475 étudiantes et étudiants ont travaillé à la production de cet événement remarquable, souligne la secrétaire générale de l’Université, Jocelyne Faucher. Bien rodée, l’équipe de la collation a rempli son mandat en instaurant un processus d’inscription électronique revu et corrigé, avec un suivi quotidien et des rappels téléphoniques.»
L’occasion d’honorer 26 personnalités
Lors de la cérémonie principale, l’Université a honoré six personnalités remarquables en leur décernant le titre de docteur d’honneur : Bernard Durand, Michel Goulet, Joanna Bates, Yvon Chouinard, Kemal Dervis et Michel Prieur.
Cinq personnes qui ont consacré leur vie à l'enseignement et à la recherche ont reçu le titre de professeur émérite, soit Jean-Guy Bergeron, Esteban Chornet, Vincent Échavé, Jean Nicolas et André Plante. Le prix Grande distinction en enseignement universitaire a été attribué au professeur Jean Goulet.
L’Université a également remis les Prix institutionnels de la recherche et de la création à deux professeurs qui se sont distingués au cours de l’année, Maxime Descoteaux et Gilles Larin.
Enfin, quatre étudiantes et étudiants ont reçu une médaille du gouverneur général du Canada pour saluer leurs résultats académiques exceptionnels, et neuf membres du corps professoral ont été reconnus pour la qualité de leur enseignement.