Vers un traitement plus efficace contre le cancer
Des ultrasons de haute fréquence pourraient améliorer la chimiothérapie
Des chercheurs de l’Université de Sherbrooke et leurs collaborateurs de l’Université de Sichuan, en Chine, ont mis au point un dispositif de libération de médicaments contrôlé par des ultrasons de haute fréquence. Cette découverte a été publiée le 17 novembre dans le journal Langmuir de l’American Chemical Society.
Limiter les effets secondaires indésirables
«L’originalité de cette recherche est l’utilisation d’ultrasons de haute fréquence moins nuisibles pour le corps que les basses fréquences qui peuvent endommager les tissus et les cellules saines», affirme Yue Zhao, professeur à la Faculté des sciences de l’UdeS.
Vers une chimiothérapie ciblée et contrôlée
Dans leur étude, les chercheurs ont démontré que des micelles polymères, qui sont des agrégats de molécules utilisés comme nanovecteurs de médicaments, peuvent être perturbées par des ultrasons de haute fréquence pour libérer le composé chimique encapsulé. Cette technique ouvre une voie prometteuse pour le traitement de certains cancers par chimiothérapie ciblée et contrôlée.
Les médicaments encapsulés dans ces micelles polymères pourraient être injectés dans le corps et s’accumuler spécifiquement dans les zones à traiter. Au moment opportun, le médecin pourrait alors diriger précisément un faisceau d’ondes de haute fréquence, déjà utilisé pour le diagnostic, pour libérer les médicaments, ce qui limiterait les effets secondaires indésirables.
Un dispositif compatible avec les médicaments et les méthodes de diagnostic
Les micelles polymères ont attiré l’attention des scientifiques par leur capacité à encapsuler une grande variété de molécules pharmaceutiques habituellement hydrophobes, tout en restant solubles et compatibles avec le système sanguin grâce à leur couronne hydrophile. À ce titre, elles se distinguent d’autres nanovecteurs étudiés pour le largage thérapeutique comme le sont les liposomes, les hydrogels ou les microémulsions. De plus, par rapport au contrôle par basses fréquences expérimenté avec certains nanovecteurs, les hautes fréquences permettent de mieux cibler la zone à traiter et limitent l’effet de cavitation nuisible aux cellules saines environnantes.
«L’intérêt de l’utilisation d’ultrasons pour la libération contrôlée de médicaments connaîtra une croissance rapide, surtout avec l’ultrason diagnostique», croit le professeur Zhao.
Cette percée fait suite à la mise au point par l’équipe du professeur Zhao de micelles polymères contrôlables par des faisceaux lumineux. Cette découverte a d’ailleurs remporté le prix du public des dix découvertes de l’année du magazine Québec Science en 2006.
«Tout comme dans le cas des micelles sensibles à la lumière, ce nouveau système sensible aux ultrasons de haute fréquence offre un contrôle spatial et temporel, mais a l’avantage de pénétrer profondément dans le corps», conclut le chercheur.