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Enfants et médias numériques

Les écrans peuvent nuire à la gestion des émotions des tout-petits

Sherbrooke, le 09 février 2023 – Crises, débordements émotionnels, frustration, les sautes d’humeur des tout-petits sont le lot parfois quotidien des parents. Un bon moyen de les calmer rapidement : l’écran? Pas vraiment, puisque cela pourrait très bien empirer les choses dans l’immédiat et à long terme.

C’est du moins ce que révèle une récente étude réalisée par l’équipe de recherche dirigée par la professeure Caroline Fitzpatrick, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur l’utilisation des médias numériques par les enfants. Si les écrans semblent une solution facile pour calmer les enfants, ils peuvent avoir des répercussions mesurables sur la capacité de ces derniers à réguler leurs émotions.

L’étude réalisée avec des enfants de 3,5 ans et de 4,5 ans durant la pandémie fait réaliser toute l’importance pour les familles de se doter de règles de conduite quant à l’utilisation des écrans. Conséquence probable de la pandémie, les enfants de l’échantillon étudié ont été exposés à des niveaux de temps d’écran qui dépassent les recommandations pédiatriques de 1 heure par jour, leur consommation médiatique allant jusqu’à 3,46 heures par jour. L’étude nous apprend aussi que chaque heure passée devant un écran à 3,5 ans prédit une augmentation des manifestations de colère et de frustration à 4,5 ans.

En effet, les résultats de la recherche suggèrent que la consommation de contenus sur écran par les enfants d’âge préscolaire peut nuire à leur capacité à réguler avec succès les effets négatifs des émotions, un déterminant crucial de la réussite personnelle des enfants et de leur santé mentale et physique tout au long de la vie.

« Les parents doivent être informés qu’une utilisation importante des médias numériques peut avoir un impact significatif non seulement sur la santé physique de leurs enfants, mais aussi sur leur capacité à gérer efficacement à long terme leurs réactions émotionnelles », affirme la professeure Caroline Fitzpatrick.

Développer ses compétences à gérer ses émotions

Des études antérieures ont déjà révélé que les écrans ne sont pas une solution à préconiser pour calmer un enfant bouleversé ou en crise de colère. En effet, au fil du temps, ce moyen utilisé par les parents peut miner la capacité des enfants à développer eux-mêmes des moyens de gérer leurs émotions de détresse ou de colère.

Jeunes, les enfants comptent sur le soutien des adultes pour la régulation émotionnelle, mais les occasions d’exercer la régulation des émotions avec d’autres enfants peuvent les aider à améliorer cette compétence.

Le problème, c’est qu’un temps d’écran excessif peut réduire le temps pour les activités de construction de l’autorégulation des émotions, telles que le jeu imaginaire, les contes ou les jeux sociaux avec d’autres enfants ainsi que l’activité physique.

Des outils pour les parents

La recherche suggère d’ailleurs que la surveillance parentale, comme fixer des limites sur la durée de l’utilisation d’écran et choisir un contenu éducatif destiné aux enfants, et même discuter des médias avec les enfants, peut avoir un effet protecteur à long terme sur eux. L’équipe de recherche affirme que, considérant que l’utilisation des médias numériques a augmenté pendant la pandémie, il peut être particulièrement important et opportun de fournir aux parents des outils efficaces pour mieux gérer cette activité avec leurs enfants.

Plusieurs stratégies existent pour soutenir les familles dans leur gestion du temps d’écran, selon Marie-Andrée Binet, étudiante à la maitrise qui collabore à l’étude.

« Les professionnels de la santé recommandent la création d’un plan familial qui précise les règles et limites d’utilisation des écrans pour chaque membre de la famille et qui préserve des moments sans la distraction des écrans, comme les repas ou la routine du coucher. L’organisme Pause ton écran offre aussi des boîtes à outils et des astuces pour encadrer l’usage des écrans, améliorer ses habitudes, trouver des activités alternatives, et donner l’exemple d’une utilisation saine des écrans aux enfants », ajoute Marie-Andrée Binet.

Les travaux de l’équipe de recherche se poursuivent avec l’échantillon de 315 enfants de la Nouvelle-Écosse, et d’autres résultats seront dévoilés dans les prochains mois au sujet de l’impact sur le développement global et la santé des enfants de l’utilisation des écrans par eux et leurs parents durant la pandémie.

L’étude Preschooler screen time and temperamental anger/frustration during the COVID-19 pandemic a été réalisée par la professeure Caroline Fitzpatrick en collaboration avec son étudiante à la maitrise Marie-Andrée Binet, les professeures de l’UdeS Gabrielle Garon-Carrier (psychoéducation) et Mélanie Couture (médecine) ainsi que les professeures Elizabeth Harvey (Université Sainte-Anne) et Rachel Barr (Georgetown University).

La professeure Fitzpatrick dirige la Nova Scotia Media use Study (NSMUS), une étude longitudinale (2020-2023) qui vise à mieux comprendre les conséquences de l’utilisation des écrans par les jeunes enfants et leurs parents sur la santé et le développement des jeunes enfants. À ce jour, cette étude a reçu un financement de 780 272 $ de Nova Scotia Research, du CRSH et des IRSC.

Les organismes québécois Pause ton écran et Naître et Grandir ainsi que le centre La Pirouette en Nouvelle-Écosse sont des partenaires du projet.

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Renseignements :

Geneviève Lussier, conseillère en relations médias
Service des communications | Université de Sherbrooke
819 821-8000 poste 65472 | medias@USherbrooke.ca


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