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Enquête sur les pratiques enseignantes en plein air du préscolaire au secondaire

Pandémie ou pas, l’apprentissage à l’extérieur est là pour rester

Photo : Michel Caron - UdeS

Le système scolaire québécois a été bouleversé depuis le début de la pandémie et les personnes enseignantes ont dû modifier leurs pratiques afin de respecter de nouvelles règles sanitaires. L’enseignement à l’extérieur a fait partie des stratégies proposées par la santé publique du Canada pour diminuer les risques associés à la COVID-19, car cela permet à la fois la distanciation physique des jeunes, une bonne ventilation et une réduction des contacts.

C’est dans ce contexte que le ministère de l’Éducation du Québec a mandaté deux professeurs de l’Université de Sherbrooke, Jean-Philippe Ayotte-Beaudet, de la Faculté d’éducation, et Félix Berrigan, de la Faculté des sciences de l’activité physique, pour dresser le portrait des pratiques et des effets perçus de l’enseignement en plein air sur les apprentissages et l’activité physique. Ils dévoilent ces jours-ci les premiers résultats de leur enquête.

Au total, ce sont 1008 personnes enseignantes à travers le Québec qui ont répondu à l’enquête en ligne, dont 682 au primaire et 326 au secondaire. Cette importante participation permet de brosser un portrait des pratiques qui prévalaient en septembre et en octobre 2019 par rapport à septembre et octobre 2020, c’est-à-dire avant et pendant la pandémie.

L'enseignement et l'apprentissage à l'extérieur sont un legs de la pandémie.
L'enseignement et l'apprentissage à l'extérieur sont un legs de la pandémie.
Photo : Michel Caron - UdeS

Pour près de la moitié des enseignantes et des enseignants, la classe extérieure était une première à l’automne 2020. Mais l’enseignement à l’extérieur n’est pas nouveau puisque, sur l’ensemble des personnes répondantes, plusieurs ont affirmé avoir animé des activités d’apprentissage à l’extérieur au cours des deux dernières années, et ce, tant au primaire (63 %) qu’au secondaire (45 %).

Sans grande surprise, l’éducation physique figure au premier rang des disciplines où l’enseignement à l’extérieur a davantage été préconisé, tant au primaire qu’au secondaire. Par ailleurs, l’enquête permet d’apprendre que ce sont surtout le français, les mathématiques, les sciences, les arts et l’univers social qui sont aussi sorties des murs au primaire, et, au secondaire, les sciences et technologies.

Si la pandémie est le prétexte de ces mesures exceptionnelles, la majorité des personnes enseignantes au préscolaire considèrent que les activités à l’extérieur ont un effet positif sur toutes les sphères du développement (psychomoteur, affectif, social, langagier, cognitif, méthodes de travail). Elles visent surtout à connecter les jeunes à la nature, à utiliser des contextes concrets d’application des apprentissages, à bénéficier d’un plus grand espace et à permettre aux élèves de mobiliser leur énergie. D’ailleurs la presque totalité des spécialistes sondés en éducation physique et à la santé, tant au primaire qu’au secondaire, estime que les activités à l’extérieur favorisent l’adoption d’un mode de vie sain et actif chez les élèves.

Quelques défis pour les personnes enseignantes…

Évidemment, sortir la classe dehors ne se fait pas sans quelques défis. Les deux principaux rencontrés au préscolaire et au primaire sont bien sûr les conditions météorologiques, mais aussi l’organisation matérielle. Au secondaire, aux conditions météorologiques s’ajoute la gestion des élèves…

Pour le professeur Jean-Philippe Ayotte-Beaudet, les résultats sont sans équivoque et démontrent que l’enseignement et l’apprentissage à l’extérieur seront un legs de la pandémie, surtout chez les enseignantes et enseignants au primaire qui ont pu vivre l’expérience à travers une grande variété de disciplines.

Le professeur Jean-Philippe Ayotte-Beaudet
Le professeur Jean-Philippe Ayotte-Beaudet
Photo : Michel Caron UdeS

Sur l’ensemble des personnes qui ont animé des activités à l’extérieur au cours des deux dernières années au préscolaire et au primaire, 84 % disent qu’elles le feront après la pandémie, alors qu’au secondaire, c’est 89 % qui affirment qu’elles continueront à le faire. On peut donc supposer que la pandémie a servi de prétexte pour plusieurs personnes enseignantes à s’initier à l’enseignement à l’extérieur, et c’est de très bon augure pour l’avenir. 

Jean-Philippe Ayotte-Beaudet, professeur en enseignement au préscolaire et au primaire

Des élèves moins sédentaires

Le professeur Félix Berrigan
Le professeur Félix Berrigan
Photo : Fournie

Les activités pédagogiques à l’extérieur permettent également de diminuer la sédentarité. En effet, 89 % des personnes enseignantes estiment qu’à l’intérieur, les élèves sont souvent ou presque toujours en position sédentaire, tandis que 89 % de ces mêmes personnes enseignantes estiment que les élèves ne sont que rarement ou parfois en position sédentaire en classe extérieure.

Ce contraste marqué signifie que, lorsque les personnes enseignantes au primaire font des activités d’apprentissage à l’extérieur, elles favorisent l’activité physique chez les élèves. Ces résultats sont particulièrement encourageants et prometteurs, surtout dans le contexte de la pandémie où les recherches démontrent généralement que les élèves sont moins physiquement actifs. 

Félix Berrigan, professeur en kinésiologie


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