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Un des textes gagnants du Concours de vulgarisation scientifique 2019

Un concerto pour ovules

Jade-Anaïs Généreux-Gamache, gagnante du concours de vulgarisation scientifique 2020 de l'Université de Sherbrooke
Jade-Anaïs Généreux-Gamache, gagnante du concours de vulgarisation scientifique 2020 de l'Université de Sherbrooke
Photo : fournie

Un matin comme les autres, dans le plus grand anonymat, un ovule est expulsé hors de son ovaire. Peut-être permettra-t-il de former un nouvel être humain ? Grâce à une suite d’événements souvent décrits comme magiques ou improbables, ce processus d’ovulation se renouvelle chaque mois. Or, derrière cette magie apparente se cache une chaîne de communication très complexe et jusqu’ici méconnue. L’équipe du professeur Nicolas Gévry de l’Université de Sherbrooke tente d’expliquer la grande transformation que représente l’ovulation.

La symphonie mensuelle

Une femme en âge de procréer ovule une fois par mois. Réglées comme un cadran dans un cycle perpétuel, les cellules des ovaires participent à une suite d’événements étonnante. À la suite du signal d’ovulation, les cellules autour de l’ovule changeront de forme et se mettront en mouvement. Mais comment savoir que le moment est venu ? Nous savons qu’une certaine hormone sécrétée au niveau du cerveau (l’hormone LH) donne le signal de départ. Ce que nous ne savons pas, c’est ce qui se produit ensuite pour permettre la maturation de l’ovule.

Depuis les années 1990, de plus en plus de couples consultent en cliniques de fertilité. Pour plusieurs, des difficultés d’ovulation sont en cause. Des ovulations irrégulières ou même absentes représentent un frein à leur projet de fonder une famille. Une option offerte, le prélèvement d’ovules pour la fécondation in vitro, implique l’injection d’hormones qui peut s’avérer être une étape éprouvante pour les femmes qui traversent ce processus. Comment rendre ce chemin vers la parentalité plus facile ?

Décrypter la musique

Pour expliquer les difficultés d’ovulation, encore faut-il connaître le cours normal des choses. L’ovulation est un phénomène très complexe qui fait intervenir l’activité de milliers de gènes différents. De plus, les changements qui se produisent à l’intérieur de l’ovule se déroulent très rapidement. Il n’existe donc qu’un court laps de temps pour pouvoir l’observer. Grâce aux techniques récentes d’analyses en biologie moléculaire et bio-informatique, mesurer l’activité des gènes devient plus accessible. En utilisant ces outils, par exemple le séquençage de l’ARN (une technique qui permet de répertorier dans une cellule tous ses ARN, qui contiennent des copies des gènes actifs), l’équipe du laboratoire Gévry a pu dresser une carte représentant tous les gènes en activité dans les cellules des ovaires de souris avant et après le signal d’ovulation. En comparant les deux, ils ont pu observer que le portrait était complètement différent. Toutefois, un point commun reliait ces gènes : une certaine protéine.

Changement de partition

Pour qu’une cellule change son activité, il faut changer les gènes qui sont activés dans cette cellule. Des protéines, que l’on nomme facteurs de transcription, viennent activer ou désactiver les gènes selon l’action à accomplir. Ces chefs d’orchestre détiennent les partitions à lire et sollicitent les bonnes combinaisons de gènes au bon moment. Dans le cas de l’ovulation, le facteur de transcription LRH-1 semble jouer ce rôle. À la suite du signal ovulatoire, il change de partition et vient activer de nouveaux gènes (quelques milliers !) dans les cellules des ovaires. Ces nouveaux gènes activés permettront aux cellules de réorganiser leur squelette pour changer de forme. L’ovule se mettra également en mouvement, ce qui amorcera son périple de 24h vers les trompes utérines, où la rencontre avec un spermatozoïde sera maintenant possible.

Une nouvelle avenue

Sans LRH-1, la transformation de l’ovule ne peut avoir lieu. Il est pour ainsi dire indispensable à la fertilité. Considérant que l’activité de ce facteur de transcription peut être modifiée par des agonistes et antagonistes connus, cette découverte pourrait ouvrir la porte à de nouvelles avenues pour le traitement de l’infertilité.

À propos de Jade-Anaïs Généreux-Gamache
Jade réalise présentement une maîtrise en biologie à la Faculté des sciences. Ses travaux de recherche, supervisés par le Pr Nicolas Gévry, portent sur la caractérisation moléculaire des différents sous-types de cancers du sein dans l’espoir d’identifier de nouvelles cibles thérapeutiques. À travers son parcours professionnel diversifié, elle a toujours œuvré à communiquer sa passion pour les sciences, notamment par l’enseignement collégial, au sein des institutions muséales d’Espace pour la vie ainsi qu’en participant à l’expédition océanographique 1000 jours pour la planète. Pour elle, la vulgarisation scientifique est une composante essentielle de la recherche puisqu’elle permet de partager les savoirs, d’alimenter l’interdisciplinarité en plus de favoriser la mise en place d’actions concrètes liées aux résultats des recherches.

À propos du concours
L’Université de Sherbrooke tient annuellement un concours de vulgarisation scientifique dont les objectifs sont de stimuler des vocations en vulgarisation scientifique et d’augmenter le rayonnement des travaux de recherche qui s’effectuent à l’Université, qu’ils soient de nature fondamentale ou appliquée.


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