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Étude publiée dans Nature communications

Les changements évolutifs chez l’humain peuvent agir sur la taille des populations

Gabriel Pigeon, étudiant au doctorat et Pre Fanie Pelletier.
Gabriel Pigeon, étudiant au doctorat et Pre Fanie Pelletier.
Photo : Michel Caron

On prétend souvent que l’humain moderne a cessé d’évoluer étant donné les avancées technologiques et culturelles qui ont eu lieu lors des dernières centaines d’années. Or, des études scientifiques récentes ont démontré que c’est faux.  En effet, dans une étude publiée dans Nature communications, la Pre Fanie Pelletier, avec une équipe multiuniversitaire, démontre que non seulement l’humain continue d’évoluer, mais que le changement subi par les membres d’une population peut avoir un effet significatif sur la taille de celle-ci.

Chapelle des processions, Île-aux-Coudres.Bibliothèque et Archives nationales du Québec. P728, S1, D1, P4-16 /Fonds Lida Moser / Île-aux-Coudres - Chapelle des processions / Lida Moser - 1950
Chapelle des processions, Île-aux-Coudres.

Bibliothèque et Archives nationales du Québec. P728, S1, D1, P4-16 /Fonds Lida Moser / Île-aux-Coudres - Chapelle des processions / Lida Moser - 1950

Photo : BANQ

C’est à partir de données généalogiques détaillées d’une population contemporaine que les chercheurs ont pu arriver à ce constat. Les données utilisées pour ces recherches proviennent des registres paroissiaux de l’Île-aux-Coudres, tenus méticuleusement par l’Église catholique et qui servaient aussi à l’État.

Des études complémentaires

Dans une étude précédente, cette fois dirigée par Pr Emmanuel Milot, l’équipe avait pu constater que l’âge auquel les femmes ont leur premier enfant (âge à la première naissance) avait chuté de 26 à 22 ans entre 1800 et 1940, qu’un tiers de ce changement était dû à la sélection naturelle. L’étude actuelle,  démontre que cette évolution de l’âge à la première naissance a influencé la croissance et la taille de la population de l’Île-aux-Coudres.

« Lors de l’étude d’une population humaine, nous ne pouvons écarter les facteurs technologiques et culturels de l’équation, souligne Fanie Pelletier, professeure au Département de biologie de l’Université de Sherbrooke. Nous avons utilisé les données de la population de l’Île-aux-Coudres puisque, dans les années que nous avons étudiées, c’était un groupe très homogène : caucasien, francophone, catholique. Les pressions culturelles étaient alors les mêmes, c’est pourquoi nous pouvons utiliser ces données pour évaluer l’évolution génétique de la population. Par ailleurs, il est important de noter qu’une pression culturelle peut mener à une réponse biologique. »

Des changements évolutifs rapides

Femme résidant à l'Île-aux-Coudres, 1950.Bibliothèque et Archives nationales du Québec. P728, S1, D1, P4-25 /Fonds Lida Moser / Île-aux-Coudres - Chapelle des processions / Lida Moser - 1950
Femme résidant à l'Île-aux-Coudres, 1950.

Bibliothèque et Archives nationales du Québec. P728, S1, D1, P4-25 /Fonds Lida Moser / Île-aux-Coudres - Chapelle des processions / Lida Moser - 1950

Photo : BANQ

À travers différents modèles démographiques, les chercheurs ont comparé le taux de croissance réel de la population avec une simulation où l’évolution génétique de l’âge des femmes à la première naissance n’aurait pas eu lieu. Alors que la taille de la population de l'Île-aux-Coudres a triplé pendant la période étudiée, la recherche établit que 12% de cette croissance est attribuable à l’évolution humaine.

« Une supposition commune, lors de l’étude de la dynamique des populations humaines est que l’évolution est une force lente, et lorsque présente, son effet est minime étant donné la grande importance des facteurs non évolutifs tels que la culture, les guerres, les famines ou les avancées technologiques, ajoute Gabriel Pigeon, étudiant au doctorat en biologie et coauteur de l’article. Nos résultats remettent en cause cette supposition classique. En effet, nos résultats suggèrent que sur une période de 108 ans, l’augmentation de la taille de cette population est aussi expliquée, du moins en partie, par une diminution génétique dans l’âge à la première reproduction qui a eu lieu pendant cette même période. »

« Ce qu’on peut retenir de cette étude, c’est que les changements évolutifs continuent de se faire dans les populations humaines modernes et qu’ils se font assez rapidement. Ces changements peuvent avoir des effets non seulement sur les individus, mais aussi sur une population dans son ensemble. La connaissance des transformations qui s’opèrent est importante à étudier pour, en fin de compte, en mesurer les effets », ajoute Pre Pelletier.

Cette recherche est le résultat d’une collaboration entre chercheurs de l’Université de Sherbrooke, de l'Université Bishop's, de l’Université du Québec à Montréal et de l’Université du Québec à Trois-Rivières


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