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Journée internationale des femmes 2017

Développer le leadership au féminin

Photo : Michel Caron

Former en leadership des femmes qui œuvrent en sciences et créer un réseau de 1 000 femmes scientifiques en 10 ans, voilà le défi ambitieux que vise le programme de formation Homeward Bound. Toutes aussi ambitieuses qu’aventurières sont les femmes qui y postulent. Après un processus de sélection décrit comme « éprouvant » par le programme lui-même, 70 femmes ont été sélectionnées pour le programme de 2018. Parmi celles-ci se retrouve Émilie Lefol, étudiante au doctorat en biologie avec cheminement en écologie. De nationalité française, elle poursuit ses recherches auprès de Pr Dany Garant et Pre Fanie Pelletier.

Créé en Australie, Homeward Bound est un programme de formation de douze mois en leadership pour les femmes en sciences, culminant par trois semaines en Antarctique sur un brise-glace. Le départ se fera à Ushuaia en Argentine en février 2018. Émilie Lefol pourra par ailleurs profiter du soutien de la Faculté des sciences, étant la toute première bénéficiaire de son Fonds Leadership.

Émilie raconte son parcours et les raisons qui l’ont poussée à participer au programme Homeward Bound.

Comment as-tu entendu parler du programme Homeward Bound?

C’est par l’une de mes amies en postdoctorat à Cambridge que j’ai pour la première fois entendu parler du programme Homeward Bound. Cette amie est récemment devenue maman d’un petit garçon et traversait un moment critique de sa carrière. C’est en réalisant l’ampleur des défis auxquels les femmes font face qu’elle a découvert ce projet. Elle fut sélectionnée et j’ai ainsi pu suivre son évolution au cours de cette formation et à travers elle, j’ai vu grandir mon envie d’y participer également.

Qu’est-ce qui t’a intéressée dans ce projet?

C'est tout d’abord le slogan de Homeward Bound qui m’a interpelée : « Mère Nature a besoin de ses filles. » Beaucoup ignorent que dans de nombreux pays ce sont les femmes les plus durement touchées par les événements climatiques extrêmes. Encore aujourd’hui, la majorité des femmes fournissent la nourriture, l’eau et les soins pour leurs familles, et ce, plus particulièrement en cas de désastres. Pourtant elles n’ont accès ni au pouvoir de décision, ni à l’éducation, ni aux ressources financières. Les problèmes d’égalité des sexes et de changement climatique sont intimement liés et ce projet est une des premières solutions mises en place pour faire avancer les choses.

L’idée est de valoriser et encourager les carrières scientifiques des femmes en constituant un réseau de collaboration de 1 000 femmes en sciences afin d’inspirer de nouvelles générations. Il est difficile pour une seule personne de changer les choses, mais avec 1 000 personnes, tout devient possible.

Qu’est-ce que le projet Homeward Bound va t’apporter?

Je suis une personne qui aime relever des défis et Homeward Bound en est un! Il représente pour moi un challenge tant personnel que professionnel. Ce projet vous pousse à sortir de votre zone de confort, à dépasser vos limites pour donner le meilleur de vous-même. Je suis bien loin de mesurer tout ce que cette expérience va m’apporter, mais je vous invite à suivre mon évolution au cours de cette année, et ce jusqu’à l’expédition en Antarctique en février 2018.

Sur quel sujet porte ta thèse?

L’évolution de l’agriculture au cours des dernières décennies a entraîné un impact important sur les populations d’oiseaux associées aux milieux agricoles autant en Amérique du Nord qu’en Europe. Aujourd’hui, les espèces champêtres insectivores telles que l’Hirondelle bicolore (Tachycineta bicolor) présentent des taux de déclin des effectifs parmi les plus importants et les plus consistants de tous les groupes d’oiseaux à travers le monde. Toutefois, les mécanismes biologiques à l’origine de ce déclin ainsi que les patrons de dispersion chez les passereaux migrateurs sont encore méconnus. L’objectif de ma thèse vise à étudier dans un contexte de gradient agricole, les effets environnementaux sur les déterminants (masse, taille de l’aile, couleur du plumage, etc.) du choix de partenaire sexuel et de l’effort parental alloué à la progéniture.

Comment penses-tu que ce projet aidera tes études?

Au cours des années d’études de doctorat, vous devez vous montrer polyvalent et multitâches. Vous êtes souvent amené à communiquer et à vulgariser vos travaux de recherche, à mettre en place des collaborations, vous faites également des demandes de bourses, de financement, vous encadrez aussi des étudiants stagiaires. Tout ceci demande un certain savoir-faire, un certain leadership que nous apprenons bien souvent dans les faits. Cette formation est une chance pour moi d’apprendre de professionnels et de pouvoir transmettre à mon tour ce savoir-faire à toutes personnes intéressées. Ainsi, l’ensemble des compétences que je vais acquérir durant cette formation me sera utile pendant mes études, mais aussi tout au long de ma carrière professionnelle.

À ton avis, pourquoi est-ce important de favoriser le leadership féminin?

Les femmes sont encore largement sous-représentées dans les domaines de la recherche scientifique. Et pour cause : Que répondez-vous à une jeune fille lorsqu’elle vous énonce sa volonté de devenir astronaute?  Je fais partie de ces générations où, dès le plus jeune âge, on vous incite à ne pas avoir trop d’ambition, particulièrement si vous êtes une fille. Cet état de fait s’observe très tôt dans le cursus des étudiants. Alors que filles et garçons font preuve de performances similaires dans les matières scientifiques au secondaire, les jeunes filles s'écartent progressivement de la science au cours de leur cursus comme le montre cette infographie publiée ci-dessous.

Photo : L'Oréal Canada

Ainsi, une étudiante au secondaire a trois fois moins de probabilités qu'un étudiant d'obtenir un doctorat en sciences. Principalement en raison de clichés qui ont décidément la vie dure et qui font croire à nombre de jeunes filles qu'une carrière scientifique est plus adaptée aux hommes.

C’est pourquoi je pense que les nouvelles générations ont besoin d’exemples notamment dans la plupart des disciplines scientifiques et dans les postes à responsabilités les plus élevées des domaines comme la médecine, la politique, la justice, le divertissement, l’industrie, etc.

Je souhaite à mon échelle inspirer les étudiantes et étudiants à croire en leurs ambitions et en leurs capacités.

Réalisation du projet

Parmi les étapes à franchir pour réaliser ce projet, Émilie Lefol devra trouver du financement à hauteur de 20 000 $ auprès de donateurs et d'entreprises privées. Pour contribuer au Faculté des sciences – Projet Leadership, voir le lien ci-dessous.


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