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Mémoire du Pr Réjean Hébert présenté à la Commission des Affaires sociales

Le vieillissement de la population: Une opportunité d'améliorer notre système de santé

Le vieillissement de la population est une opportunité de modifier le système de santé hospitalocentrique actuel en l’adaptant pour mieux dispenser des soins à long terme et continu à une population aux prises surtout avec des maladies chroniques. Dans ce contexte, le système doit être centré autour du domicile des personnes et prendre pour assise les soins à domicile et les soins de première ligne. Pour éviter la fragmentation des interventions et assurer la continuité des services, une intégration est nécessaire et il importe de généraliser des modèles novateurs de coordination qui ont démontré leur efficacité au Québec.

Les propositions du document de consultation quant aux délais d’attente sont très hospitalocentriques et ne ciblent que quelques interventions en abordant le problème de façon parcellaire. Il faut considérer de façon plus globale les délais d’attente en définissant l’attente à partir de la genèse du besoin et de la consultation du professionnel de la santé d’une part, et en englobant l’ensemble des services médicaux, de réadaptation et de soutien à domicile d’autre part. Par ailleurs, il est loin d’être démontré que l’implication du privé sera plus efficace et moins coûteuse. La proposition gouvernementale induit deux brèches dans le système public en permettant l’assurance privé pour des services rendus par les médecins non-participants et en permettant à ces derniers de recevoir un financement public après un délai d’attente de plus de neuf mois pour certaines chirurgies. Ces deux brèches risquent de drainer des ressources professionnelles du public vers le privé, ce qui dans un contexte de pénurie, limitera d’autant l’accès des clientèles vulnérables aux services dont elles ont besoin.

Dans la foulée du Rapport Ménard, le document présente un scénario catastrophique de l’impact du vieillissement sur la demande de services et la capacité de payer de l’État. On doit envisager aussi d’autres scénarios en considérant les données scientifiques qui montrent une amélioration de l’état de santé et une contribution accrue à l’économie et au fisc de la nouvelle génération de personnes âgées. Le régime proposé d’assurance contre la perte d’autonomie en plus d’être discriminatoire et injuste envers les aînés, va à l’encontre de l’intégration nécessaire des services en fragmentant le financement. Nous proposons plutôt la création d’une caisse santé pour tous qui permettra de financer convenablement le système public de santé afin d’assurer aux citoyens et citoyennes des soins et services accessibles et de qualité au moindre coût.

Réjean Hébert, MD MPhil, Professeur et Doyen

Faculté de médecine et des sciences de la santé, Université de Sherbrooke.

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