Professeure Maude Blondin : être une femme en génie

Dans le cadre de la Journée internationale des droits de la femme, découvrez P^re Maude Blondin, qui évolue professionnellement dans un domaine majoritairement masculin! En étant professeure au Département de génie électrique et de génie informatique, elle souhaite, entre autres, être une mentore pour ses étudiants et étudiantes aux cycles supérieurs, qui sont dans une étape charnière de leur développement.

2020 - Postdoctorat en génie mécanique et en génie aérospatial, University of Florida
2018 - Doctorat en génie électrique, Université du Québec à Trois-Rivières et University of Florida
2014 - Maitrise en génie électrique, Université du Québec à Trois-Rivières
2012 - Baccalauréat en génie électrique, Université du Québec à Trois-Rivières

Arrivée au 3IT — 2020

Quel est votre mandat actuel au 3IT?

J’ai un projet de recherche au 3IT en collaboration avec le P^r Maxime Darnon. Plus précisément, je m’occupe de la partie d’optimisation d’énergie pour les stations de télécommunications autonomes en partenariat avec Bell and STACE.

Comment la philosophie du 3IT vous rejoint-elle?

Ce que j’aime du 3IT, c’est le regroupement de chercheurs et chercheuses provenant de plusieurs disciplines avec différentes formations académiques. Par exemple, il y a des professeurs, des étudiants diplômés, des professionnels de recherche, des stagiaires, etc. Aussi, ce que j’aime, c’est l’esprit des plateformes qui permet aux gens de bénéficier des équipements spécialisés disponibles dans les différents laboratoires.

La philosophie de partage, autant du savoir que des équipements au 3IT, crée une belle dynamique!

Comment l’interdisciplinarité se manifeste-t-elle dans votre recherche scientifique actuelle?

Pour moi, l’interdisciplinarité s’exprime par la complémentarité des savoir-faire! Mon champ expertise est les algorithmes d’optimisation en gestion d’énergie, ce qui vient bien compléter les expertises du P^r Maxime Darnon en énergie solaire et éolienne.

En quelques mots, comment dresseriez-vous le portrait des femmes en génie?

En fait, pendant mes études, je ne me rendais pas compte des différences! Quand j’ai commencé mes études en génie, je savais que j’étais la seule femme, et je m’en suis rendu compte assez rapidement! Je me rappellerais toujours d’être rentrée dans un auditorium universitaire, et d’être la seule fille sur environ 80 étudiants. L’ambiance était forte!

Mais, ça ne m’a jamais empêchée d'avancer! Cependant, c’est dommage, car j’ai reçu plusieurs commentaires sexistes et péjoratifs quand j’étais aux études par le fait que j’étais une femme. Ça m’a marquée, mais je crois surtout que je manquais d’éducation du point de vue de la réception de ces remarques-là.

P^re Maude Blondin

Je savais que j’étais une femme qui évoluais dans un milieu masculin, mais je ne savais pas comment gérer tout ça. Alors qu’aujourd’hui, je pense que nous sommes mieux outillés, et plus ouverts à discuter de ces différences. Je crois aussi que les commentaires que j’ai reçus ne passeraient plus dans la société d’aujourd’hui! Il y a une grande différence, et je la découvre actuellement! Mais, je réalise avec du recul, tout ce que j’ai vécu, et que ce n’était pas normal.

Que diriez-vous à une jeune femme qui hésite à se lancer dans le domaine de la science/génie?

J’ai tellement eu peur dans ma vie! J’aurais juste envie de lui dire de ne pas laisser ses peurs l’empêcher de faire quoi que ce soit. Je ne dis pas que le chemin sera facile, et sans embûches, mais en même temps, je dirais de ne pas laisser la peur décider sa vie.

On n’a qu’une vie à vivre! Une seule décision peut avoir un grand impact pour la suite. Je dirais alors de foncer, pas les yeux fermés, mais de façon éclairée!

Je dirais aussi de s’entourer de personnes ayant confiance en elles! Qui vont l’appuyer lorsqu’elle va recevoir des commentaires négatifs ou l’encourager quand elle va revenir avec une note d’examen plus basse qu’à l’habitude, par exemple. Essentiellement, je lui dirais de bien s’entourer, mais de ne pas laisser ses peurs la freiner dans ses ambitions.

Que souhaitez-vous pour le futur en lien avec les femmes dans le domaine en génie?

J’aimerais qu’il y ait plus de femmes en génie! Mais, que tu sois un homme ou une femme, je souhaite que tu deviennes ce que ton cœur te dit d’être.

En d’autres termes, s’il y a plus de femmes en génie, c’est qu’il y a plus de femmes qui souhaitent être dans ce domaine, et non parce qu’il s’agit d’une philosophie contemporaine d’intégrer les femmes en ingénierie.

P^re Maude Blondin

Il faut que cela provienne directement des femmes! Pour ça, il faut qu’on leur laisse la chance de prendre leur place!

Qui représente votre chercheur ou votre chercheuse scientifique d’inspiration?

Je dirais qu’il s’agit d’un ensemble de personnes qui m’ont influencée, et non un individu en particulier. J’ai vraiment l’impression que chaque personne peut nous apporter quelque chose. Dans ce sens, je tente continuellement de tirer le meilleur de chacun, puis j’essaie de grandir là-dedans.

Cependant, mon co-superviseur de doctorat, P^r Pardalos, a été une personne influente pendant mon parcours académique. Il a été marquant pour moi, entre autres, par son humilité. Il a fait de grandes choses en optimisation, mais en même temps, il est toujours resté grandement accessible. J’avais vraiment l’impression qu’il n’y avait pas de hiérarchie entre lui et moi quand nous discutions. Je sentais plutôt un grand sens du partage! Il n’hésite jamais à créer des opportunités pour les étudiants qu’il encadre. Et, je désire faire cela avec mes étudiants. À mon tour, j’ai vraiment à cœur de partager et de redonner à mes étudiants afin de les aider à atteindre leurs propres objectifs.

À quand remonte la découverte de votre intérêt/passion pour la science?

J’ai toujours adoré les mathématiques, et ça a toujours fait partie de moi! Je n’ai jamais eu de doutes! Je n’étais pas encore rendue à l’université, et je me disais déjà que je voulais passer ma vie là-bas. Quand j’ai débuté mon baccalauréat, j’ai tout de suite su que je voulais devenir professeure. J’aime vraiment l’université!

Quelle habitude vous caractérise en laboratoire, en tant que chercheuse?

J’ai les deux extrêmes. Autant que j’aime rire et faire des blagues avec mes étudiants et étudiantes, autant que du point de vue scientifique, je suis rigoureuse. Par exemple, lorsque nous révisons un article ou que nous écrivons une méthodologie, je vais être cartésienne afin d’aller chercher le meilleur de chacun. Ce n’est pas un côté perfectionniste, mais je crois plutôt qu’il s’agit d’une capacité d’aller chercher le maximum de ce que l’on peut donner. C’est vraiment la balance entre ces deux aspects qui me caractérise en tant que chercheuse!

Avez-vous une anecdote, un fait cocasse professionnel?

Il y avait un livre en particulier que j’aimais beaucoup lors de ma maîtrise. Je me disais que j’aurais tellement aimé ça avoir rédigé ce livre-là. Plusieurs mois après mon arrivée à l’Université de la Floride, je suis rentrée dans le bureau de mon co-superviseur de doctorat. C’est à ce moment précis que j’ai vu le livre que j’aimais tant, et c’était lui qui l’avait écrit! J’ai vu ça comme un clin d’œil, qui m’encourageait dans les moments plus difficiles lors mes études à l’étranger.

Quel « impact » désirez-vous générer en société à titre de chercheuse?

Oui, je désire générer des retombées scientifiques du point de la recherche en optimisation, mais au-delà de ça, en étant professeure, je me vois aussi comme une mentore pour la prochaine génération.

Mon but est de pouvoir guider les étudiants et étudiantes aux cycles supérieurs, qui sont dans une étape charnière de développement et d’apprentissage. Je me sens vraiment privilégiée de pouvoir influencer positivement les gens à acquérir leur confiance en soi ainsi que leurs compétences professionnelles et personnelles.

P^re Maude Blondin

Outre la science, possédez-vous une autre passion?

Je fais du triathlon plusieurs heures par semaine avec le Club de Triathlon de Magog.