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Des étudiants en génie en mission au Sénégal

Des biodigesteurs plus efficaces pour contrer la faim

Éducation populaire au Sénégal lors d'une mission  d’Ingénieurs Sans Frontières Québec
Éducation populaire au Sénégal lors d'une mission  d’Ingénieurs Sans Frontières Québec
Photo : ISF-Québec

L'été prochain, trois étudiants en génie de l’Université de Sherbrooke feront partie d’une mission d’Ingénieurs Sans Frontières Québec visant à améliorer le processus de bio-méthanisation dans la communauté de 3000 âmes de Ndiaganiao, située dans la région de Mbour au Sénégal. Pour ce faire, ils veilleront à optimiser la production de biogaz en réparant des biodigesteurs qui sont en fait des réacteurs chimiques produisant de manière efficace de l’énergie, en l’occurrence du biogaz, issue du travail des bactéries qui, en condition anaérobique, transforment la matière organique.

À Ndiaganiao, 130 biodigesteurs pourraient fournir de l’énergie, mais à peine 15 % fonctionnent adéquatement. L’objectif principal de cette mission consistera à les réparer. Mais encore, il faudra former la population locale pour leurs donner les outils nécessaires en termes de connaissances pour que les femmes et les enfants puissent en assurer la réfection et soient autonomes par la suite. « En valorisant plus de déchets dans ces biodigesteurs améliorés, nous optimiserons la production de biogaz, ce qui favorisera une meilleure sécurité alimentaire des communautés et ralentira la désertification », explique Marianne Leroux, étudiante à la maîtrise en génie mécanique. En effet, plus de 80 hectares de forêt ont été coupés depuis les dix dernières années dans cette région surtout pour du bois de chauffe, occasionnant des troubles respiratoires importants causés par la fumée, et en plus, ces coupes abusives menacent des composantes importantes de la biodiversité.

Kabin Jipit ou « s’entraider »

Ingénieurs Sans Frontières Québec orchestre le projet Kabin Jipit ou « s’entraider » en langue sérère (ethnie locale) afin de poursuivre son engagement à améliorer les conditions de vie de communauté africaines francophones en mobilisant de jeunes ingénieurs et des universitaires pour qu’ils participent à des projets de solidarité et de coopération internationale à travers le programme Engagement du Secteur Québécois de l’Ingénierie à la Coopération Internationale (ESQICI). Depuis 1994, plus de 310 000 personnes en ont bénéficié, et ce dans plus de 19 pays.

Le regroupement des familles de Ndiaganiao en partenariat avec le Service universitaire canadien outre-mer (SUCO), un organisme canadien de coopération et de solidarité internationales à but non lucratif qui accompagne des communautés à travers une expertise en agriculture durable, travailleront pour développer une autonomie énergétique qui les éloigneront de l’emploi abusif du bois de chauffe qui constitue 94 % de l’énergie domestique utilisée au pays. « La production de biogaz à partir de la valorisation des déchets, dont les excréments d’animaux, assurera une autonomie énergétique aux familles tout en enlevant aux enfants et aux femmes le fardeau de rechercher et couper du bois », commente Gabriel Fillion-Dionne, finissant au baccalauréat en génie chimique de l’UdeS.

Former en s’entraidant

Non seulement ces étudiants en génie pourront améliorer le fonctionnement des biodigesteurs en utilisant des composantes trouvées localement comme la tuyauterie et les outils de main, mais également, ils transmettront leur expertise par diverses formations qui seront données sur le terrain en discutant directement avec les femmes et les enfants, et en organisant des activités structurantes où ils développeront leur savoir-faire. « De plus, nous pourrons leur démontrer qu’en ajoutant du compost résiduel au sol, il sera enrichi substantiellement », soutient Anthony Duquette-Michon, étudiant au baccalauréat en génie mécanique, qui ajoute du même souffle, « que ce compost pourrait être revendu et les gens pourront en retirer un bénéfice appréciable ».