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Témoignage de Pauline Quinlan Choinière

De l'éducation à la politique : rassembler, collaborer et bâtir ensemble

À l’aube des élections municipales et dans le cadre de la Semaine québécoise des directions d’établissement scolaire du 20 au 24 octobre, nous voulons partager le parcours d’une de nos diplômées ayant marqué tout autant le monde de l’éducation que celui du développement municipal : Mme Pauline Quinlan Choinière. Diplômée de la Faculté d’éducation de l’Université de Sherbrooke en 1970, elle a tout d’abord œuvré comme enseignante puis conseillère pédagogique. Visionnaire, celle-ci a par la suite relevé le défi de constituer la première école francophone et anglophone du Québec en 1986 à Sutton, qu’elle a ensuite dirigée pendant 11 ans.

Il est possible que depuis le début de cet article, vous vous demandez pourquoi vous reconnaissez son nom : c’est que Mme Quinlan a été élue en 1998 comme mairesse de la ville de Bromont, poste qu’elle a maintenu pendant 19 ans. Dans cette entrevue, celle-ci nous partage son parcours inspirant!

Qu’est-ce que vous retenez de votre expérience dans le monde de l’éducation et de la politique ?

Je retiens surtout l’importance de la collaboration. Que ce soit dans une classe, dans une école, dans une ville ou même à l’université, si les gens ne travaillent pas ensemble, on n’avance pas. Lorsque j’ai été directrice de l’école de Sutton, nous avions deux commissions scolaires, une ville et un canton qui devaient collaborer, malgré des réalités très diversifiées. Et pourtant, on y est arrivés, parce qu’on croyait tous au même projet : donner un meilleur milieu de vie aux enfants.

Je garde un grand souvenir de l’école de Sutton, qui avait été reconnue comme un modèle d’école moderne. Les commissions scolaires Davignon et District de Bedford ont fait preuve d’audace en créant cette école qui a regroupé les élèves anglophones et francophones. Le défi n’en a pas moins été relevé avec brio par toute l’équipe-école.

Nous étions fiers, parce que nous voulions démontrer qu’un petit milieu pouvait innover, utiliser toutes ses ressources pour garder son école vivante et les enfants dans leur communauté.

Parlez-nous de la réalité plurilingue de l’école et de ses défis.

C’est certain que le plurilinguisme amène des défis, mais pour moi, ça a surtout été une richesse. Moi, francophone de naissance, mais mariée à un Irlandais, je connaissais bien les deux milieux, ce qui m’a beaucoup aidée à créer des ponts.

En tant que directrice de l’école, j’étais là pour créer les liens entre les deux groupes. J’avais la responsabilité de l’école et ma priorité était de faire régner un climat de justice et d’équité.

Nous avons appris à travailler ensemble en alliant nos différences linguistiques et culturelles autour d’un seul et même projet éducatif. Dans un esprit de partage, d’entraide et de respect, nous avons uni nos forces au bénéfice des 120 élèves anglophones et des 185 élèves francophones. Et ça, c’est une belle leçon de vie. Quand les gens voient que nous voulons sincèrement collaborer, que nous reconnaissons la valeur de l’autre, les barrières tombent.

Alors oui, c’est un défi, mais surtout une formidable occasion d’ouverture et de rapprochement. Dans un monde comme le nôtre, ça fait partie de l’éducation aussi : apprendre à vivre ensemble, peu importe les différences.

Quel message souhaitez-vous transmettre aux professionnels de l’enseignement et aux personnes étudiantes actuelles ou futures?

D’abord, ayez du plaisir dans ce que vous faites et usez de créativité dans des projets novateurs!

Aussi, ne restez pas isolés et travaillez ensemble. L’éducation, ça se construit à plusieurs. Et croyez en ce que vous faites, parce que chaque petit geste compte. Le secret, c’est de savoir reconnaître le talent des gens et de bien s’entourer lorsqu’on veut avancer.

Et puis, il ne faut pas avoir peur de dire oui aux occasions qui se présentent. La vie est faite de choix et de chemins empruntés, et un jour, en prenant un moment pour regarder en arrière, nous réalisons que chaque étape nous a menés exactement là où nous sommes aujourd’hui. C’est ce que je réalise en regardant mon parcours : enseigner, devenir conseillère pédagogique, diriger une école, puis m’impliquer en politique municipale. Tout s’est construit à travers des expériences qui m’ont permises d’apprendre et de contribuer autrement.

Alors, osez, engagez-vous, et gardez votre cœur ouvert. Ce sont les choix que nous faisons, les gens que nous rencontrons et les valeurs que nous portons qui nous amènent là où nous devons être.

Quel est votre lien avec l’Université de Sherbrooke et la Faculté d’éducation?

Ah, l’Université de Sherbrooke, c’est une belle histoire! J’ai commencé à y étudier à temps partiel, tout en enseignant à temps plein. Nous partions de notre village et nous allions suivre nos cours à Sherbrooke, souvent le soir ou l’été. C’était exigeant, mais tellement stimulant. Ça m’a permis d’aller plus loin, d’avoir une formation qui m’a ouverte sur d’autres façons de voir l’éducation.

Aux côtés du doyen de la Faculté d’éducation, le professeur Luc Touchette, et de son époux, Monsieur Patrick Quinlan, Madame Pauline Quinlan Choinière examine la carte de la région estrienne.
Aux côtés du doyen de la Faculté d’éducation, le professeur Luc Touchette, et de son époux, Monsieur Patrick Quinlan, Madame Pauline Quinlan Choinière examine la carte de la région estrienne.

Cette formation-là m’a accompagnée tout au long de ma carrière, autant comme enseignante que comme directrice et même comme mairesse. J’ai appris que l’éducation est un travail collectif, ancré dans la communauté, avec un vrai souci du bien commun. La Faculté d’éducation m’a donné ce bagage-là — celui d’une pédagogie ouverte, vivante et engagée. Et ça, ça m’a suivi toute ma vie.


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