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Brasser des affaires à l’ère géospatiale

Le nouveau Consortium d’orientation en géobusiness et intelligence compétitive (COGIC) aide les organisations à maximiser l’usage des technologies de localisation

Claude Caron

Claude Caron


Photo : Michel Caron

Le colis que vous attendez depuis trois jours est bloqué à Chicago : vous le savez puisque vous avez accès au suivi en ligne. Sur la route, vous localisez la prochaine station-service à l’aide de votre GPS. En quelques années, les outils de localisation géospatiale sont devenus très accessibles et font maintenant partie de notre quotidien. Pourtant, les entreprises n’exploitent pas encore le maximum des possibilités offertes par ces technologies. C’est là qu’entrent en scène les experts du Consortium d’orientation en géobusiness et intelligence compétitive (COGIC). Ce groupe comprend des chercheurs de la Faculté d’administration et des partenaires externes. Le COGIC, dirigé par le professeur Claude Caron, vient d’être lancé et assure la continuité de l’ancienne Chaire de recherche en géomatique d’affaires.

Potentiel sous-utilisé

«Les organisations manquent souvent de moyens et de personnel qualifié pour tirer profit de la quantité considérable d’information recueillie grâce aux technologies de l’information (TI) et des technologies géospatiales», indique le professeur Caron. Partant de ce constat, le COGIC veut développer des projets pour susciter une utilisation à la fois plus étendue et plus fine des données.

On veut également cerner les créneaux où ces nouvelles TI seront les plus utilisées dans l’avenir, évaluer les bénéfices compétitifs qui découlent de leur utilisation, et surtout comprendre les conditions favorisant l’émergence de ces bénéfices. «Pour répondre à ces questions, il est nécessaire d'expérimenter concrètement l’utilisation des TI géospatiales dans divers contextes organisationnels et secteurs d'affaires», poursuit le professeur.

Capacités géospatiales de pointe

Si les technologies de repérage utilisant notamment les satellites et les réseaux cellulaires se sont grandement étendues, un nouveau type de localisation est en développement, soit la localisation en temps réel dans les bâtiments (indoor location) ou «microgéomatique». Ces systèmes emploient des fréquences radio. Cette approche permet le suivi en temps réel d’équipements et de personnes dans des espaces fermés, là où le positionnement GPS atteint ses limites.

«Il devient donc possible de suivre des marchandises en entrepôt, des clients en magasin ou des bagages aériens, par exemple, explique Claude Caron. Ces technologies génèrent des opportunités et des défis nouveaux, mais actuellement, la masse de données acquises par ces nouveaux systèmes demeure sous-exploitée parce qu’elle s’intègre mal aux capacités d’analyse géospatiale conventionnelles.» Les chercheurs sont donc intéressés à dresser les meilleures méthodes pour mettre à profit cette information potentiellement riche.

Intelligence compétitive

Un autre volet des recherches touche au développement des techniques d’intelligence compétitive. Essentiellement, l’intelligence compétitive est le processus par lequel une entreprise collecte de l’information concernant ses compétiteurs et son environnement concurrentiel, pour ensuite l’analyser et appuyer ses décisions d’affaires en vue d’améliorer ses performances.

«Parmi les multiples techniques d’analyse compétitive actuelles, plusieurs pourraient être avantageusement complétées par des capacités d’analyse géospatiale. Certains processus décisionnels font naturellement appel à l’analyse géospatiale des données, comme l’implantation de succursales ou la gestion de risques fonciers pour les compagnies d’assurance», illustre Claude Caron. Or, encore là, ajoute-t-il, l’intégration des techniques d’analyse géospatiale et microgéomatique vers les méthodes en intelligence compétitive demeure largement sous-exploitée dans les organisations, et le COGIC veut combler cette lacune.

«OUTILS» pour développer l’expertise

Pour mettre en relief les expertises particulières ou les spécialités fortes du consortium de recherche, Claude Caron propose un acrostiche : «OUTILS». Chacune des lettres correspond à un concept essentiel à la géomatique d’affaires, soit : optimisation, ubiquité, traçabilité, intelligence, localisation et stratégies.

Globalement, le COGIC se donne pour objectifs d’accroître la compétitivité des entreprises grâce à des efforts de R-D novateurs en intelligence géospatiale et compétitive, et de former du personnel hautement qualifié pour mieux combler les besoins stratégiques dans ce secteur.

Confiance renouvelée des partenaires

Le financement du COGIC repose sur la collaboration entre la Faculté d’administration et plusieurs partenaires des milieux publics et privés dont les contributions totales en nature et en espèces pour les cinq prochaines années totalisent un peu plus de 1M $, dont près de 300 000 $ en argent. Ces contributions permettront l’embauche du personnel, l’acquisition d’équipements spécialisés complémentaires et la diffusion de la recherche.

«Il est important de comprendre qu’une large part des partenaires de la Chaire de recherche en géomatique d’affaires − lancée en 2006 − ont souhaité poursuivre l’aventure "géospatiale" avec nous, par le biais du véhicule universitaire unique que constitue maintenant le Consortium COGIC. Ceci témoigne bien de notre capacité de faire de la recherche à la fois très pertinente pour le domaine de la pratique et de pointe pour la formation de nos étudiants et apportant des avancées significatives sur le plan scientifique», conclut le professeur Caron.