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Accélérateur de création d'entreprises technologiques

Réussir le passage de l'idée à l'entreprise

Diplômé de la Faculté de génie et étudiant à la Faculté d'administration, Julien Denommé voit grand avec son entreprise duBois Eyewear.
Diplômé de la Faculté de génie et étudiant à la Faculté d'administration, Julien Denommé voit grand avec son entreprise duBois Eyewear.
Photo : Michel Caron

Le Québec a un urgent besoin d'entrepreneurs et le défi de la relève est majeur. En mettant sur pied l'Accélérateur de création d'entreprises technologiques (ACET), l'UdeS et ses partenaires répondent à ce besoin en soutenant les étudiantes et étudiants qui ont la fibre des affaires.

Julien Denommé voit grand avec ses lunettes. Ce jeune ingénieur mécanique veut conquérir ni plus ni moins que l'Amérique du Nord, l'Europe et le Japon. Son entreprise, duBois Eyewear, est la première fabricante de lunettes au monde à utiliser la découpe laser pour produire des montures en bois souple et léger. «J'ai toujours voulu être impliqué dans un projet d'envergure dans lequel je pourrais mordre à pleines dents», dit le principal intéressé.

L'année dernière, il a rencontré l'opticien Jules Grégoire, qui portait des lunettes en bois qu'il avait lui-même fabriquées. «Lorsqu'il m'a parlé de son projet d'optimiser son procédé pour les commercialiser, ça a fait clic», dit Julien Denommé. Depuis, ils apprivoisent ensemble les hauts et les bas du démarrage d'une entreprise technologique.

Un entrepreneur né, le scientifique?

Diplômé de la Faculté de génie et étudiant à la Faculté d'administration, Julien a vu son projet d'entreprise sélectionné pour faire partie de la première cohorte de l'ACET. L'ACET accompagne les équipes choisies à travers les diverses étapes de transformation d'une idée en entreprise : coaching, mentorat, formations et suivis de toutes sortes font partie du programme. «L'ACET nous offre un support qui ne serait même pas monnayable», reconnaît Julien Denommé.

Jacques Baronet, professeur à la Faculté d'administration
Jacques Baronet, professeur à la Faculté d'administration

La formation d'équipes fait partie des exigences de l'ACET : si un candidat décide de quitter le bateau, l'aventure pourra tout de même se poursuivre. Les membres sont d'ailleurs évalués afin de s'assurer qu'au moins l'un d'entre eux détient des capacités entrepreneuriales.

«La créativité et la ténacité sont des caractéristiques qu'on évalue d'emblée, explique le professeur Jacques Baronet, spécialisé en entrepreneurship. Les entrepreneurs doivent être capables de prendre des risques calculés et de passer à travers une multitude d'épreuves de résistance.» Ne survit pas en affaires qui le veut mais qui le peut : seulement 10 à 20 % des entreprises sont toujours à flot après leurs cinq premières années d'existence.

«Il y a une grande différence entre savoir innover et savoir commercialiser l'innovation», fait remarquer Guillaume Marion. L'équipe de cet informaticien qui est également diplômé de la Faculté d'administration a elle aussi été recrutée par l'ACET. Son entreprise, BsideU, commercialise un système de localisation des personnes vulnérables, comme les personnes atteintes d'Alzheimer.

Guillaume Marion et Raphaël Royer-Rivard, de BsideU, commercialisent un système de localisation des personnes vulnérables appelé SAMY Geospatial.
Guillaume Marion et Raphaël Royer-Rivard, de BsideU, commercialisent un système de localisation des personnes vulnérables appelé SAMY Geospatial.
Photo : Michel Caron

Le produit, appelé SAMY Geospatial, est prêt à faire son entrée sur le marché. Mais comment négocier avec des grossistes? Quelle rémunération offrir au personnel de vente et comment faire une campagne de publicité? Malgré leurs expertises et leurs diplômes, Guillaume et ses collègues découvrent un monde qui leur est inconnu.

«Nous avons fait de bonnes mais aussi de mauvaises rencontres», dit Guillaume, qui avoue avoir reçu une grande leçon d'humilité lors des débuts de l'entreprise. «Aujourd'hui nous sommes en mesure d'apprécier le support de l'ACET, qui facilite cette mise en relation avec des personnes qui ont réussi.»

Savoir bien s'entourer

À la lumière d'une étude sur l'entrepreneuriat étudiant qu'il réalise en collaboration avec l'Université Laval, l'Université de Montréal et l'Université du Québec à Trois-Rivières, le professeur Baronet a constaté que le fait de pouvoir compter sur des mentors renforce le sentiment d'auto-efficacité des entrepreneurs en herbe.

«Plus le nombre de mentors qui sont en affaires et dont un étudiant bénéficie est élevé, plus son intention d'entreprendre et son sentiment d'être efficace sont renforcés», signale Jacques Baronet. Les quelque 1500 étudiants qui participent à son étude ont révélé avoir jusqu'à 11 mentors dans leur entourage ou leur famille.

Et l'ACET a bien saisi l'importance du mentorat : la première étape de suivi du programme est la création d'un comité consultatif pour chacun des projets, dont les membres sont choisis selon le champ d'activité ciblé. La deuxième étape consiste en un séminaire de formation sur divers aspects légaux; un coach spécialisé en incorporation d'entreprise effectue subséquemment un suivi serré. Or, selon les informations recueillies par Jacques Baronet et ses collègues, le fait de suivre une formation a un effet semblable aux mentors : elle renforce le sentiment d'efficacité des étudiants qui, autrement, pourraient se juger inaptes à tenir les rennes d'une affaire.

«La formation est cruciale, affirme le chercheur. La première cause de faillite des entreprises, tout domaine confondu, est le manque de connaissances en administration.»