Imprimantes 3D : mieux récupérer le plastique grâce au génie étudiant
Les imprimantes 3D sont de petits bijoux technologiques, mais elles génèrent beaucoup de déchets de plastique. À l’Université de Sherbrooke, la mobilisation de quelques étudiantes et étudiants a suffi pour convaincre la professeure Valérie Grandbois et des collègues de rassembler les ressources et les fonds nécessaires pour trouver une solution à la fois durable et abordable, qui mettrait l’ingéniosité étudiante au défi.
Au Studio de création de l’UdeS, près d’une centaine de kilogrammes de plastique s’amoncellent chaque année pour finir en grande partie dans les poubelles, malgré des efforts de recyclage et de revalorisation. La cause : les projets de prototypage en impression 3D qui sont ratés, erronés ou dont les plans n’avaient pas été préalablement validés.
Ce sont des équipes étudiantes du cours Création de produits innovants qui ont soulevé le problème. Leur détermination à recycler ce plastique a incité trois personnes enseignantes à se rallier pour trouver les partenaires et le financement nécessaires.
Le projet a démarré officiellement en septembre 2023 avec le professeur de génie mécanique Olivier Robin, le chargé de cours Jean-François Comeau, enseignant au Centre universitaire de formation en environnement et développement durable (CUFE), et moi-même. Mais l'idée se tramait depuis un certain temps dans la communauté étudiante directement.
Professeure Valérie Grandbois, Faculté de génie
Financements et partenariats
Après l’obtention d’un premier financement auprès du Pôle régional en enseignement supérieur de l’Estrie (PRESE) et l’établissement de partenariats avec le Cégep de Sherbrooke et le Cégep de Granby, quelques idées ont été explorées.
L’une d’elles : la création d’objets du quotidien, comme des tasses ou des pinces à cheveux, à partir de plastique recyclé. Cette solution s’est toutefois avérée peu viable sur le plan commercial.
Une autre tentative originale est venue d’une étudiante en génie chimique et biotechnologique. Au cours d’un stage de recherche effectué dans le cadre de ce projet, elle a utilisé la culture de champignons pour désagréger le plastique en vue de le récupérer autrement. Bien qu’intéressante, cette avenue demande davantage de recherche et de développement.
L’engouement pour ce projet a également gagné la Ville de Sherbrooke, devenue partenaire de ce projet par l’entremise de son service du développement économique. Cette nouvelle alliance a fourni une deuxième source de financement, cette fois grâce au programme Mitacs.
« J’ai eu un premier étudiant stagiaire qui a continué à travailler sur cette problématique en allant voir si des PME de la région avaient aussi ce problème, et ce qu'on pourrait faire pour eux », relate la professeure Grandbois.
De là est née l’idée de se doter d’un broyeur capable de transformer les rejets d’imprimantes 3D en granules compactes et faciles à entreposer en vue d'une réutilisation future.
48 heures pour concevoir un broyeur
« On n'a pas 500 000 $ à consacrer à un broyeur industriel. […] On a donc lancé cette idée d'organiser un défi de conception », précise la professeure Grandbois.
Quinze personnes étudiantes ont ainsi relevé le défi de fabriquer, en 48 heures, le prototype d’un broyeur fonctionnel à faible coût. L’événement se déroulait les 22 et 23 mars au Studio de création, et le concept gagnant pourra servir de base pour la fabrication d’un réel broyeur installé dans ce même pavillon.
« On a des bourses étudiantes prévues pour ça et également un budget de matériel pour pouvoir peaufiner la machine qui aura été réfléchie », poursuit-elle.
La communauté étudiante est porteuse de cette solution. C'est cette transition de l'université vers la société qui est intéressante, cette fois dans le domaine des projets d'impression 3D, mais à plus grande échelle dans tous les projets qu’entreprennent nos étudiants de l'Université de Sherbrooke.
Professeure Valérie Grandbois
Voilà une belle démonstration de l'accompagnement que reçoivent les étudiantes et étudiants à l’UdeS pour que leurs idées se transforment en solutions durables pour la collectivité.