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15 ans pour l’École de politique appliquée

La colère des barbiers

Il y a 15 ans, le Pr Jean-Herman Guay lançait l'École de politique appliquée de l'UdeS et en devenait le premier directeur.
Il y a 15 ans, le Pr Jean-Herman Guay lançait l'École de politique appliquée de l'UdeS et en devenait le premier directeur.
Photo : UdeS

« Dès que mes barbiers entendent que j’enseigne la politique, ils déchargent leur ressentiment à l’endroit des politiciens sur ma pauvre tête », racontait Jean-Herman Guay, en 2008, face à une assemblée très émue. Les malheurs capillaires du professeur Guay étaient-ils à ce point tragiques? Non…

Ce soir de janvier 2008, l’École de politique appliquée naissait. Et, hier, une communauté soudée s’est de nouveau rassemblée, pour souligner cette fois le 15e anniversaire de « son » département, surnommé affectueusement ÉPA.

Vous vous en doutez bien : la création de l’ÉPA a plus à voir avec la colère qu’avec les cheveux.

La colère, pour l’amour

En effet, la politique éclot à partir d’émotions vives devant un péril ou une situation qui appelle une action. Cette action, d’abord personnelle – « je ne peux pas laisser passer ça » –, devient parfois commune. Elle s’organise et se partage. La politique se matérialise alors grâce à d’autres sentiments, comme la solidarité, l’empathie et, oui, l’amour.

L’action n’est jamais lisse. L’action n’est pas ordonnée ni prévisible comme une équation. Elle n’a pas la pureté de la théorie ni la facilité du rêve. L’action exige la négociation, la persuasion; elle exige du leadership; elle ne fléchit pas devant la première difficulté; elle n’exige pas la perfection. C’est l’avancement qui lui tient à cœur.

Jean-Herman Guay, premier directeur, dans son allocution pour le lancement de l’École de politique appliquée

Et si toutes ces compétences transparaissent à travers les activités de recherche ou de formation de l’ÉPA, c’est bel et bien le cœur qui en forme le centre.

Pour Sami Aoun, professeur émérite, il s’agit d’ailleurs d’une des plus belles réussites de l’ÉPA.

Nous avons de la compassion en livrant les contenus pédagogiques – avec beaucoup d’exactitude et sans concession, oui… Mais aussi avec amour, en privilégiant les interactions. Il y a, à l’ÉPA, une complicité solide entre les collègues, les étudiants et étudiantes.

Sami Aoun, professeur émérite de l’École de politique appliquée

Cette culture de la relation perdure même après les études, comme en témoigne Raïs Kibonge, diplômé en 2017 et en 2021. « L’importance des contacts humains, au-delà des partis politiques et des objectifs, c’est une richesse cultivée par l’ÉPA que je porte désormais partout où je vais », explique celui qui est maintenant conseiller municipal et maire suppléant de la Ville de Sherbrooke.

Ghislaine Patry a été la toute première secrétaire de direction de l’ÉPA, à laquelle elle a consacré 12 ans de sa carrière. Elle se rappelle encore la soirée de lancement et tout particulièrement le discours de Jean-Herman Guay. « C’était électrisant, stimulant… La chair de poule! », se remémore-t-elle. L’œil humide et le sourire fier, madame Patry salue la confiance et l’esprit d’entraide qui y règnent, portés par les directions successives de l’ÉPA, les membres du personnel, le corps enseignant et la communauté étudiante. « Une partie de moi aurait poursuivi encore longtemps! », déclare celle qui a quitté l’ÉPA à… 71 ans.

La confiance est aussi au cœur des souvenirs du professeur Pierre Binette, fraîchement retraité. « Pour que la partie appliquée de la formation que nous visons fonctionne, il faut faire confiance aux étudiantes et étudiants… », souligne-t-il. En effet, plusieurs activités ou projets pédagogiques de l’ÉPA sont proposés et développés par sa communauté étudiante, encadrée par une équipe d’enseignement valorisant l’initiative et l’autonomie.

Ces exigences de pratique concrète s’appliquent aussi au corps enseignant. Gilles Vandal, professeur émérite, révèle que les spécialistes de l’ÉPA participent à la vie citoyenne en apparaissant régulièrement dans les médias pour y vulgariser la réalité politique, et ce, depuis la création du département. Selon le professeur Vandal, cette culture de vulgarisation et de lien entre les sciences et la population a fait boule de neige jusqu’à s’étendre à toute l’UdeS, qui se positionne maintenant comme contributrice à la société.

La volonté de faire les choses autrement

Ghislaine Patry, Pr Gilles Vandal, Pre Isabelle Lacroix, Pr Hugo Loiseau, Pre Anick Lessard, Pre Christine Hudon, Pr Pierre Binette, Pr Sami Aoun, Pr Jean-Herman Guay.
Ghislaine Patry, Pr Gilles Vandal, Pre Isabelle Lacroix, Pr Hugo Loiseau, Pre Anick Lessard, Pre Christine Hudon, Pr Pierre Binette, Pr Sami Aoun, Pr Jean-Herman Guay.
Photo : UdeS

Cette chaleur, cet élan vers l’autre, était palpable lors de la soirée de célébration des 15 ans d’existence de l’ÉPA. Une communauté formée de spécialistes, de membres du personnel de l’ÉPA, de personnes étudiantes ou diplômées, de la direction de la FLSH et de l’Université de Sherbrooke s’est souvenu des jalons marquant l’histoire du département

La vice-rectrice aux études et aux relations internationales de l’Université de Sherbrooke, Pre Christine Hudon.
La vice-rectrice aux études et aux relations internationales de l’Université de Sherbrooke, Pre Christine Hudon.
Photo : UdeS

Les nombreuses allocutions de la soirée soulignaient systématiquement le volet appliqué des formations en politique et leur façon différente de faire les choses.

Ce ne sont pas les crises politiques qui ont manqué depuis 15 ans. On peut penser au 11 septembre, à la montée de la radicalisation ou encore de la crise climatique. Toujours, l'ÉPA a répondu présente. Et cela se voit par les 9439 occurrences médiatiques des 5 dernières années seulement. C'est une immense fierté pour l'UdeS!

Pre Christine Hudon, vice-rectrice aux études et aux relations internationales de l’Université de Sherbrooke

La doyenne de la Faculté des lettres et sciences humaines, la Pre Anick Lessard
La doyenne de la Faculté des lettres et sciences humaines, la Pre Anick Lessard
Photo : UdeS

L'ÉPA est certainement une fierté pour l'UdeS, mais également pour la faculté où elle réside depuis 15 ans, comme en témoigne la doyenne.

À titre de doyenne de la FLSH, je constate quotidiennement à quel point la création de l’ÉPA fut un ajout précieux pour notre faculté. Les membres de l’ÉPA sont pleinement engagés dans toutes les facettes de la vie universitaire en plus de s’investir énergiquement dans la collectivité.

Pre Anick Lessard, doyenne de la Faculté des lettres et sciences humaines

Le directeur de l'École de politique appliquée, Pr Hugo Loiseau
Le directeur de l'École de politique appliquée, Pr Hugo Loiseau
Photo : UdeS

Le professeur Hugo Loiseau, directeur actuel de l'ÉPA, soulignait également un élément clé de la réussite de l'aventure de l'École de politique appliquée, soit les personnes étudiantes et diplômées qui la composent.

La fierté qui nous anime lorsqu'on voit nos étudiantes et nos étudiants faire une différence partout à travers le monde est notre plus belle récompense!

Hugo Loiseau, directeur actuel de l’École de politique appliquée

Pre Isabelle Lacroix, Gabrielle Goyet et Pr Sami Aoun
Pre Isabelle Lacroix, Gabrielle Goyet et Pr Sami Aoun
Photo : UdeS

La célébration a aussi été l’occasion de remettre, en main propre, la Médaille Sami-Aoun à la récipiendaire 2022, Gabrielle Goyet. Alignée avec l’esprit de l’ÉPA, cette distinction récompense une personne étudiante qui place le vivre-ensemble au cœur de ses actions et de son quotidien.

Retour en 2008 : Bruno-Marie Béchard, alors recteur, Linda Bellalite, doyenne de la FLSH à ce moment, et Jean-Herman Guay soulignent la naissance de l'ÉPA.
Retour en 2008 : Bruno-Marie Béchard, alors recteur, Linda Bellalite, doyenne de la FLSH à ce moment, et Jean-Herman Guay soulignent la naissance de l'ÉPA.

Photo : Michel Caron

Pour Jean-Herman Guay, l’École de politique appliquée visait à préparer les personnes étudiantes pour qu’elles résolvent les défis, les problèmes, les tensions que rencontrent invariablement les organisations.

Nous voulons former des finissants et finissantes qui proposent plus que des rêves : des rêves qui atterrissent, qui se transforment en solutions efficaces.

Jean-Herman Guay

Il ajoute que, pour y parvenir, il faut comprendre et prendre en compte la complexité… Qu’il ne faut pas, en d’autres mots, se détourner de la colère des barbiers, mais bien l’embrasser, d’une certaine manière : l’accepter, la décortiquer et y répondre.

Mission accomplie.


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