Conférence de l'astronaute David Saint-Jacques
Avoir des étoiles plein la tête
L’Univers au-delà de la Terre fascine autant les petits que les grands. Premier astronaute canadien à effectuer un long séjour de 204 jours en orbite autour de la planète, David Saint-Jacques a retracé son parcours dans le domaine spatial, dans le cadre d’une conférence en ligne le 7 mai dernier, à l’occasion du 88e Congrès de l’Acfas.
D’entrée de jeu, l’homme de l’espace a expliqué que son attrait pour le monde de là-haut remontait à l’âge de 6 ou 7 ans, alors qu’il se demandait comment des photos de la planète Terre avaient pu être prises de l’extérieur de celle-ci. C’est cette curiosité naissante, entre autres, qui le poussera à vouloir devenir explorateur et à toujours assouvir son besoin de savoir.
« La Terre, c’est notre vaisseau spatial à nous »
Au cours de la présentation et de la période de questions qui a suivi, M. Saint-Jacques a fait preuve d’un grand humanisme, affirmant sa confiance en notre espèce. Entre autres, il a expliqué l’importance de la conquête de l’espace, en ce qu’elle a permis le rapprochement de différentes nations qui étaient en guerre quelques décennies plus tôt, comme la Russie, le Japon, les États-Unis ou encore, évidemment, le Canada. En outre, ses expériences avec des astronautes de nationalités diverses lui ont donné confiance en la capacité des humains à mettre de côté leurs différends.
Grâce à l’espace, on dirait, les pays du monde ont appris – réappris – à travailler ensemble. Et ça, comme père, comme citoyen, ça me donne espoir, cette démonstration quotidienne qu’on peut travailler ensemble. C’est pas toujours facile, mais on est capables : on le démontre chaque jour dans l’espace.
David Saint-Jacques
M. Saint-Jacques ajoute aussi que cette démonstration de la capacité d’entraide des humains le rend confiant quant à la gestion des guerres et des problèmes climatiques actuels.
Nuances sur un métier qui fait rêver
Si la chance de pouvoir participer à des projets technologiques exclusifs et de voir la planète bleue dans toute sa splendeur est précieuse, elle vient en revanche avec des sacrifices. L’astronaute, qui porte également les casquettes d’ingénieur, d’astrophysicien et de médecin de famille, se permet d’apporter des précisions quant au revers de la médaille du métier d’homme de l’espace. Notamment, aller dans l’espace est mauvais pour la santé.
C’est pas bon pour la santé parce que, si on veut, globalement, ça cause une espèce de vieillissement accéléré, et il n'y a pas un système de votre corps qui reste intact. Ça affecte le système neurologique, le système cardiorespiratoire, le système sanguin, le système musculaire, le système squelettique…
David Saint-Jacques
Il ajoute qu’une fois revenu sur Terre, il lui aura fallu environ trois ou quatre mois de rééducation afin d’être pleinement fonctionnel. Quant à la nourriture, M. Saint-Jacques précise que les choix culinaires des astronautes sont assez limités. Les mets consommés sont tous envoyés plusieurs mois à l’avance dans l’espace et sont déshydratés afin de supporter le changement de pression. Néanmoins, le fait de travailler avec des gens d’ailleurs donne l’occasion de goûter des préparations d’autres pays.
Pourtant, malgré ces inconvénients, le docteur Saint-Jacques avoue qu’il aimerait retourner dans l’espace, ne serait-ce que pour revoir la Terre de l’espace : « On se sent très Terriens" quand on va dans l’espace »
Offerte gratuitement dans le cadre des activités Science-moi!, destinées à favoriser le dialogue entre le public et la science, la conférence a attiré près de 2500 curieuses et curieux. Plus de 250 questions ont pu être lancées par le public, et les élèves de quelque 110 classes scolaires y ont participé. L’astronaute a conclu en s’adressant aux jeunes présents, en leur rappelant que « notre avenir est dans votre tête ».
À propos de David Saint-Jacques
David Saint-Jacques est titulaire d’un baccalauréat en génie physique, d’un doctorat en astrophysique et d’un doctorat en médecine. En 2014, il a entre autres reçu la Médaille d’honneur de l’Assemblée nationale du Québec et la Médaille d’or de la Société géographique royale du Canada.
Avant d’être recruté par l’Agence spatiale canadienne en 2009, le docteur Saint-Jacques a notamment été le médecin et le cochef du département de médecine au Centre de santé Inuulitsivik, près de la baie d’Hudson. Il a depuis participé à plusieurs missions, au sol comme en orbite.