Santé
Technologie de jouvence : portrait d’un étudiant-entrepreneur
Votre cuissard en lycra est acheté, de même que votre abonnement au gym. C’est décidé : en 2020, vous vous refaites une santé! Et pour éviter que votre motivation ne s’essouffle, vous comptez suivre de près votre progression. Mais s’il existait une technologie capable de mesurer l’influence de votre nouveau mode de vie sur votre vieillissement? Science-fiction? Plus maintenant.
Frédérik Dufour, étudiant au doctorat en biologie, fait partie de la petite équipe qui pilote l’entreprise en démarrage Oken Santé, lancée par le professeur Alan Cohen. Tout en poursuivant ses études de 3e cycle en bio-informatique, le doctorant participe au développement et à la commercialisation d’une technologie inédite : un programme en ligne destiné au grand public, qui mesure la perte d’homéostasie, ou si vous préférez, le vieillissement biologique.
Comment se porte votre homéostasie?
Votre montre intelligente vous en dit déjà assez long sur votre état de santé, direz-vous?
À titre de directeur de la technologie chez Oken Santé, Frédérik est bien placé pour nous faire comprendre que le système qu’il a mis au point avec Alan Cohen n’a rien à voir avec les applications santé qu’on retrouve actuellement sur le marché. Basée sur les recherches du professeur Cohen, la science proposée utilise des algorithmes qui quantifient avec précision l’état d’équilibre du corps, ou l’homéostasie.
« Notre technologie propose des renseignements différents, explique l’étudiant. C’est un complément à l’information qui est donnée par le médecin. À partir de l’analyse de biomarqueurs sanguins – cholestérol, albumine, compte de cellules immunitaires, etc. –, on obtient un score qui nous indique si l’organisme de la personne est en stabilité ou en équilibre, c’est-à-dire s’il vieillit à un rythme normal. L’idée, c’est que monsieur ou madame Tout-le-Monde puisse entrer ses résultats sanguins dans notre site pour pouvoir mesurer son vieillissement ou sa santé globale. »
Ainsi, même si vous marchez les 10 000 pas quotidiens recommandés et que votre rythme cardiaque au repos est sur la coche, votre corps pourrait être en train de vieillir de manière précoce. En effet, d’autres habitudes de vie moins saines pourraient exposer votre organisme à certains dérèglements susceptibles de réduire votre qualité de vie ou votre espérance de vie. C’est ce que la technologie Oken vise à détecter.
« Les médecins analysent les biomarqueurs sanguins un à la fois, poursuit Frédérik. Chez Oken, on extrait de l’information biologique cachée dans les données provenant de plusieurs molécules à la fois, données qu’elles n’ont pas par elles-mêmes, individuellement. C’est pourquoi nos analyses pourraient détecter des problèmes que les bilans sanguins classiques ne dépistent pas. »
Même si l’entreprise n’en est qu’à un stade préliminaire de développement, Frédérik voit grand : « À notre connaissance, ce n’est pas une technologie qui existe déjà, et si elle l’est, elle n’est pas utilisée de cette façon-là. En fait de marchés potentiels, on a plusieurs possibilités. On va en tester quelques-uns et voir comment ça se déroule. »
Bio-informatique et gestion
Comment ce diplômé en pharmacologie et en biochimie s’est-il retrouvé au cœur de ce projet d’entreprise avec l’un des plus grands experts du monde en matière de systèmes complexes et de vieillissement?
« J’avais déjà un intérêt pour la création d’entreprise, qui s’est manifesté au cours de mon baccalauréat en pharmacologie, où j’ai suivi un cours d’entrepreneuriat, relate l’étudiant. Cependant, je ne pensais pas être capable de démarrer une entreprise tout en poursuivant mon doctorat. L’an dernier, le professeur Cohen m’a proposé de me joindre à lui pour la mise sur pied de l’entreprise Oken. C’était une offre que je ne pouvais pas refuser, alors j’ai choisi de me lancer! »
Une fois les appréhensions de départ écartées, le doctorant en bio-informatique s’est vite senti dans son élément :
J’apprends beaucoup, en comptabilité, en stratégie d’entreprise, et plus encore. Notre équipe compte deux personnes chevronnées en entrepreneuriat, qui nous donnent un bon coup de main avec tout ce qui touche la planification stratégique et le développement Web. On a également obtenu du coaching de l’ACET, ce qui nous a aidés avec, entre autres, nos présentations clients.
Sherbrooke, pays de cocagne pour jeunes entreprises
Si l’aventure entrepreneuriale ne fait que commencer pour Frédérik Dufour, l’étudiant a déjà plusieurs bons conseils à prodiguer à celles et ceux qui caressent le rêve de se lancer en affaires.
« Si on a de l’intérêt pour l’entrepreneuriat, mais qu’on a un peu peur de se lancer – c’était mon cas –, il faut juste l’essayer. C’est ce que j’ai fait, et j’aime beaucoup mon expérience. On pourrait se tromper et ne pas aimer ça, mais ce qui compte, c’est de l’essayer. »
Sherbrooke est une ville prospère en ressources pour les entreprises en démarrage, poursuit l'étudiant. Je pense à l’ACET, Sherbrooke Innopole, Espace-inc ou TransferTech. Ce sont toutes des portes d’entrée extraordinaires. Il y a beaucoup de possibilités de collaboration et d’aide, surtout dans le domaine des nouvelles technologies.
Une fois son doctorat en poche, Frédérik compte bien se consacrer à temps plein à l’entreprise. « Éventuellement, on voudrait émettre des recommandations à nos utilisatrices et utilisateurs, pour les aider à revoir leurs habitudes de vie. On pourrait ainsi créer une sorte de petite communauté où les gens échangeraient leurs scores et leur expérience en matière de saines habitudes de vie. »
Un projet fort prometteur, dont on a hâte de connaître la suite!