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Démystifier le vieillissement

Des citoyens aînés deviennent chercheurs à part entière

La population du Québec est l’une de celles qui vieillissent le plus rapidement au monde. Déterminés à mieux répondre aux besoins des personnes âgées, des chercheurs de l’UdeS s’adjoignent la collaboration des plus grands experts : des citoyens aînés, qui prennent part à chacune des étapes d’une étude scientifique hors norme.

«Pour faire de la recherche, on a souvent besoin de la participation d’individus. Mais depuis quelques années, on a l’impression que la population s’intéresse de moins en moins au travail des scientifiques», exprime Martin Brochu, professeur-chercheur à la Faculté des sciences de l’éducation physique de l’UdeS ainsi qu’au Centre de recherche sur le vieillissement du CIUSSS de l’Estrie-CHUS.

Martin Brochu
Martin Brochu
Photo : Michel Caron

«Les citoyens aînés peuvent nous aider à faire une recherche de qualité,  connectée directement à leurs réalités. Ils pourraient même devenir des agents de promotion de la recherche scientifique.»

Une recherche faite par et pour les aînés

Assujetti à un système d’administration de la recherche qu’il juge éreintant, Martin Brochu a eu l’idée de cette approche dite de co-construction. S’inspirant du mouvement Science for everyone, cette méthodologie de recherche participative fait appel aux membres et organisations de la société pour définir des projets de recherche et collaborer activement à la science.

Alors que plusieurs initiatives du genre invitent les aînés à participer à l’une ou l’autre des portions d’une recherche, cette étude en co-construction intègre les aînés au sein même de l’équipe afin que ceux-ci prennent part à toutes les étapes du processus : la définition de la thématique et de l’hypothèse, la cueillette de données, l’analyse, la rédaction de l’article scientifique et la publication dans un journal spécialisé. Au-delà des objectifs de recherche, l’approche contribue à l’émancipation, à la participation et à la reconnaissance sociale des aînés.

Un laboratoire vivant

Suzanne Garon
Suzanne Garon
Photo : Michel Caron

Mais ne sachant trop comment concrétiser une telle initiative, Martin Brochu s’est tourné vers sa collègue Suzanne Garon, spécialiste des questions relatives au développement des aînés. Suzanne Garon est professeure-chercheuse à l’École de travail social de l’UdeS et au Centre de recherche sur le vieillissement du CIUSSS de l’Estrie-CHUS. La pionnière québécoise du programme Ville amie des aînés s’est dite charmée par l’idée. Il n’en fallait pas plus pour entreprendre l’aventure, qui a démarrée à l’automne 2016.

Depuis, le noyau de chercheurs a recruté d’autres collègues ainsi que sept citoyens aînés, et l’équipe s’est constituée sous le nom de Groupe de Recherche Intergénérationnelle sur le Vieillissement de l’Estrie (GRIVE). Cette initiative, une des premières du genre au Québec, s’intègre aux projets du Laboratoire vivant du Centre de recherche sur le vieillissement du CIUSSS de l’Estrie-CHUS.  Le Laboratoire vivant chapeaute une poignée de projets qui figurent aussi dans cette démarche participative, basée sur une approche concertée entre plusieurs acteurs (citoyens, chercheurs, partenaires publics et privés).

Dans le cadre du projet du GRIVE, des collaborations sont envisagées avec des organisations telles que Sercovie, la Maison des grands-parents, l’UTA et la Ville de Sherbrooke en vue de co-créer des solutions innovantes, développées et déployées dans le vécu de l'aîné.

Le projet de recherche : la capacité d’agir des aînés

Le thème de recherche retenu au fil des discussions du groupe est «Valoriser et démystifier le vieillissement afin de garder la place des aînés dans la société». L’équipe du GRIVE souhaite développer la question de «l’empowerment» des aînés. Plus concrètement, les membres veulent échafauder dès l’automne prochain un projet-pilote qui adresse la capacité d’agir des aînés dans le contexte social actuel. L’étude compte explorer les capacités physique et mentale, le pouvoir sur la vie et les contraintes et limites sociales et personnelles.

Co-chercheurs de l’UdeS

  • Martin Brochu, professeur-chercheur à la Faculté des sciences de l’activité physique et au Centre de recherche sur le vieillissement du CIUSSS de l’Estrie-CHUS
  • Mélisa Audet, doctorante en gérontologie à la Faculté de médecine et des sciences de la santé et chercheuse  au Centre de recherche sur le vieillissement du CIUSSS de l’Estrie-CHUS
  • Mario Paris, chargé de cours à l’École de travail social de la Faculté des lettres et sciences humaines et chercheur au Centre de recherche sur le vieillissement du CIUSSS de l’Estrie-CHUS
  • Suzanne Garon, professeure à l’École de travail social de la Faculté des lettres et sciences humaines et chercheuse au Centre de recherche sur le vieillissement du CIUSSS de l’Estrie-CHUS

Co-chercheuses aînées

  • Angèle Blais
  • Hélène Brochu
  • Claude Desjardins
  • Ginette King
  • Michèle La Haye
  • Lise Langlois
  • Christine Rousseau