Jeux paralympiques 2010
L’UdeS équipe les champions du monde de sit-ski
Des chercheurs de l’UdeS ont contribué au succès des skieurs canadiens au Jeux paralympiques de Vancouver, du 12 au 21 mars. Des athlètes de haut rang ont profité des innovations développées à la Faculté de génie : depuis trois ans, le groupe de recherche PERSEUS, spécialisé en performance et sécurité humaine, a conçu de nouvelles luges pour le ski nordique, des sit-skis alpins, des protecteurs ainsi que de nouvelles prothèses de pied et de main. Les athlètes équipés par les chercheurs de l'UdeS ont récolté trois médailles paralympiques (voir le lien en fin de texte).
Le projet de recherche, subventionné par le programme À nous le podium, a permis à plusieurs athlètes d’améliorer significativement leurs performances, que ce soit en slalom ou en descente. «Les nouveaux équipements ont permis à certains athlètes de décrocher des premières places aux championnats du monde de 2009, et à d’autres d’éliminer des contraintes qui limitaient leur progression», indique Ève Langelier, professeure à la Faculté de génie et chercheuse au PERSEUS.
Les champions du monde de ski alpin Josh Dueck et Kimberly Joines, le skieur Morgan Perrin de même que la médaillée Colette Bourgonje font partie des athlètes qui bénéficient de ces avancées technologiques.
Du mouvement humain à l’innovation
Ce travail soutenu s’appuie sur la participation d’une dizaine d’ingénieurs, de professionnels de recherche et d’étudiants de 2e cycle de PERSEUS, en collaboration avec les entraîneurs et les athlètes des équipes canadiennes de ski alpin et de ski nordique.
La conception des équipements était basée sur un processus progressif, qui est inculqué aux étudiantes et étudiants dès le début de leur baccalauréat, précise Denis Rancourt, directeur et fondateur de PERSEUS : «À partir d’études biomécaniques préliminaires sur vidéo et sur piste, notre équipe a proposé des avenues potentielles d’amélioration. Par la suite, des prototypes successifs ont été testés par les athlètes lors des camps d’entraînement, qui se tenaient en Colombie-Britannique – Whistler, Panorama et le glacier Farnham.»
D’autres tests ont eu lieu au Chili, en Finlande, et tout près, au parc du Mont-Orford et à Owl’s Head. La professeure Cécile Smeesters, aussi membre de PERSEUS, ajoute : «C’est grâce à cette approche de conception progressive que nous avons été en mesure de répondre aux besoins des athlètes dans un temps limité.»
D’abord des athlètes
Dans une entrevue offerte en baladodiffusion (le lien est fourni en fin de texte), le professionnel de recherche Jean-Luc Lessard et la professeure Ève Langelier décrivent comment s’est développé le projet au côté de ces sportifs de haut niveau. Bien au-delà de leur handicap, ces skieurs sont «d’abord des athlètes», disent-ils. En tant que champions de leur discipline, ce sont des «personnes très exigeantes avec lesquelles il fallait établir un bon lien de confiance au départ».
Dans le cas du sit-ski, les deux chercheurs ont scruté la dynamique du mouvement de skieurs assis par rapport à ceux de skieurs debout. Ils ont aussi constaté qu’un ajustement optimal du centre de masse était d’une importance capitale selon les différentes disciplines du sit-ski. Par exemple, le slalom commande une grande agilité, tandis que la descente requiert de la stabilité. Or, les sit-skis conventionnels offraient un ajustement très limité.
Les chercheurs ont donc développé un système complexe d’amortisseurs doubles qui répond aux besoins particuliers de l’athlète et qui s’adapte avec précision aux conditions de course. Le design articulé modifie la distribution du poids de l’athlète et ajuste le centre de masse : vers l’arrière pour la vitesse et vers l’avant dans les parcours plus techniques.
L’équipement donne l’effet escompté : trois championnats du monde ont été remportés l’an dernier. Et les skieurs des autres pays sont bien curieux de découvrir ce qui se cache dans le sit-ski canadien!
L’innovation : du podium… à l’hôpital!
Le groupe d’ingénieurs entend bien poursuivre ses activités dans le domaine du développement d’équipements sportifs. PERSEUS se prépare d’ailleurs à commercialiser les équipements créés dès la fin des Jeux paralympiques de Vancouver. En outre, il démarre présentement un projet similaire pour la conception de fauteuils roulants d’athlétisme en vue des Jeux olympiques de Londres en 2012, en collaboration avec le Centre national multisport Montréal et Athlétisme Canada.
En plus des équipements sportifs, PERSEUS conçoit des produits novateurs, tels des matelas d’hôpitaux ou des sièges qui préviennent les plaies de pression, grâce à une nouvelle technologie à base de polymères développée par l’équipe de chercheurs.
Tout récemment, le groupe de recherche dirigé par Denis Rancourt a pris les commandes du Centre de recherche en innovations radicales de l’Université de Sherbrooke, le CIRUS. «Nous formons des étudiants à l’innovation technologique, souligne le professeur Rancourt. Ces prochains leaders de l’innovation au pays sauront tenir compte de l’empreinte environnementale et sociale dans leurs actions.»
Comme l’innovation émerge souvent de connaissances fondamentales, Denis Rancourt travaille conjointement avec Cécile Smeesters et Ève Langelier sur des études mécanobiologiques et biomécaniques afin de comprendre comment les gens se blessent et comment les lésions se développent.