Stage en kinésiologie
En formation sur des chantiers de construction
Qui dit stage en kinésiologie imagine habituellement une étudiante ou un étudiant qui prépare des plans de remise en forme et de musculation dans une salle d’entraînement ou qui œuvre auprès de personnes âgées dans un établissement hospitalier. Oulimata Fall était pourtant à mille lieues de ce type d’expérience de travail l’automne dernier, alors qu’elle arpentait les chantiers de l’entreprise de construction Eurovia Québec pour faire de la prévention en santé et sécurité auprès des travailleurs.
Grandement intéressée par le volet prévention depuis le début de son baccalauréat en kinésiologie, l’étudiante de 22 ans n’allait certainement pas rater l’occasion d’effectuer un stage ayant pour principal mandat d’aider à la diminution des accidents de travail liés aux troubles musculosquelettiques (TMS) causés notamment par des échauffements inadéquats. Rappelons que selon les données de la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail, près de 30% des dossiers de lésions acceptés sont de type TMS.
«Quand j’ai vu le mandat, j’ai trouvé très intéressant le fait qu’Eurovia mette de l’avant la prévention des TMS pour les travailleurs de la construction, souligne d’amblée l’étudiante qui a effectué son stage au bureau régional de Saint-Rémi. Les TMS sont assez préoccupants dans ce milieu. Il y a donc beaucoup à faire et beaucoup de possibilités pour intervenir auprès des travailleurs. L’entreprise favorise énormément la créativité et elle est ouvertes aux idées nouvelles, ce qui permet vraiment d’apporter notre couleur au mandat.
«Depuis 2021, les échauffements sont obligatoires avant chaque quart de travail», ajoute-t-elle.
Au Québec, Eurovia se spécialise en travaux de pavage pour construire, entretenir ou restaurer des routes, ponts, ports, barrages ainsi que des sites industriels et commerciaux. La représentante de l’Université de Sherbrooke a donc dû se déplacer à plusieurs reprises pour évaluer et identifier les mouvements et postures problématiques sur les différents chantiers. Ses observations ont principalement porté sur les équipes d’égout-aqueduc, d’excavation en génie civil, de pavage et de mécanique (garage).
Après avoir analysé les données recueillies et proposé des correctifs envisageables, elle a pu organiser des rencontres de sensibilisation durant les pauses du dîner et produire une capsule vidéo d’échauffement général complet avec la participation des contremaitres et d’une conseillère en prévention.
Faire sa place dans un milieu principalement masculin
Avoir comme mandat de favoriser des changements d’habitudes dans un groupe de travailleurs principalement masculin représentait un défi de taille pour la jeune femme originaire de Montréal. Défi qu’elle a cependant relevé avec brio.
«L’équipe de santé et sécurité est majoritairement constituée de femmes, mais il a quand même fallu que je fasse ma place auprès des travailleurs et que je leur explique mon rôle, raconte Oulimata Fall. Il faut dire qu’on leur demandait des ajustements importants alors qu’ils travaillaient depuis longtemps de la même façon. À mon arrivée, je relevais des points problématiques et il fallait expliquer pourquoi ceux-ci l’étaient.
«Mais honnêtement, j’ai vraiment bien été accueillie et les gens ont rapidement vu ce que je pouvais apporter», ajoute celle qui compte s’orienter vers un emploi en prévention lorsqu’elle effectuera son entrée officielle sur le marché du travail.