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Radis noir, citrouille algonquine, melon de Montréal, etc.

Un jardin ancestral sur le Campus principal

Le professeur Tristan Landry et ses étudiants réalisent un jardin ancestral à l'Université de Sherbrooke.
Le professeur Tristan Landry et ses étudiants réalisent un jardin ancestral à l'Université de Sherbrooke.

Photo : Michel Caron / Université de Sherbrooke

Le professeur Tristan Landry, spécialiste de l’histoire de l’alimentation, en collaboration avec Louis-Philippe Daniel, étudiant à la maîtrise en histoire, et d’autres étudiants réalisent un projet très original cet été. Soutenus par le Fonds conjoint pour les initiatives de développement durable, ils ont implanté un jardin ancestral dans le jardin collectif de l’Université de Sherbrooke, près des résidences E5 et E4.

« Notre section du jardin comprend des espèces cultivées par les Amérindiens, les colons français et les loyalistes, qui ne sont plus cultivées, faute de répondre aux critères de l’industrie agroalimentaire, soit essentiellement des fruits et des légumes qui supportent bien le transport, explique le professeur Landry. La nourriture que l’on consomme voyage beaucoup plus que par le passé. Quand on achète à Sherbrooke des oranges de Floride, elles ont parcouru 2500 km et émis 375 kilogrammes de CO2. Manger local permet de réduire notre empreinte écologique. »

Avec ce projet, l’objectif de l’équipe est de sensibiliser la population étudiante à la valeur mémorielle, gustative et nutritionnelle de certaines espèces végétales ancestrales, de même qu’à l’importance de manger local. En plus de Tristan Landry et de Louis-Philippe Daniel, l’équipe est composée de Joshua Vachon, Yanick Pinard, Antoine Gauthier-Trépanier, Alexandre Leclerc, Jérémie Rose, Félix-Antoine Têtu, Victor Picquet, Marc-Antoine Komlosy, Melisande Bélanger, Laurent (bénévole au jardin collectif), Philippe Beaudry-Auger, Gabrielle Rondeau-Leclaire et Élise Turcotte.

Liste des espèces qu’on retrouve dans le jardin ancestral :
chou pommé, radis noir, salsifis Scarlett Nantes, persil tubéreux, patate en chapelet (Apios americana), échalote de Sainte-Anne, citrouille algonquine, sarriette " Ancienne d'Acadie ", ciboulette commune, lavande, petite camomille, haricot True Red Cranberry, laitue Merveille des 4 saisons, maïs canadien blanc, melon de Montréal et tabac Petit Canadien

Photo : Michel Caron / Université de Sherbrooke

Les semences ont été achetées auprès de l’entreprise Terre Promise, qui se spécialise dans la production de semences de plantes potagères de variétés anciennes ou rares. Louis-Philippe Daniel a établi le contact avec celle-ci, lui qui a déjà une expérience avec ce type de jardins, travaillant au Château Ramezay, qui en possède un.

« Ayant passé l’été à me promener dans le jardin du Château Ramezay, j’avais déjà une bonne idée de ce qu’un jardin colonial français du 18e siècle pouvait avoir l’air, mentionne Louis-Philippe Daniel. Mon rôle était d’ailleurs d’informer les passants sur les valeurs nutritives et médicinales de ce que nos ancêtres cultivaient. Sans l’apport de certaines plantes typiquement américaines comme les " trois sœurs " (maïs, courges et haricots), les premiers colons n’auraient probablement pas pu survivre. Le musée faisait déjà affaire avec Terre Promise, je me suis donc renseigné auprès de celle-ci pour savoir si c’était possible de faire pousser des espèces ressemblant le plus possible à ce que l’on cultivait il y a plus de trois siècles. J’ai été étonné de la variété d’espèces rustiques que l’on m’a proposée! »

Photo : Michel Caron / Université de Sherbrooke

À la fin de l’été, au moment de la récolte de ces fruits et de ces légumes, il y aura un grand festin historique. Les étudiants en profiteront également pour expérimenter certaines techniques de fermentation afin de pouvoir les conserver jusqu’à l’hiver, techniques abordées lors de leur séminaire sur l’histoire de l’alimentation, suivi l’hiver dernier.

« Nous souhaitons faire parler l’oubli avec ce jardin. Plusieurs espèces sont disparues pour des raisons capitalistes et il faut comprendre cette situation, indique Tristan Landry. Nous souhaitons aussi mettre l’emphase sur l’aspect communautaire du projet, un mouvement qui, historiquement, était beaucoup plus important qu’aujourd’hui. Il faut réhabiliter ces valeurs d’antan de partage et de travail collectif. Il y a là un effort de mémoire et une démarche citoyenne importante. »

Le jardin collectif de l’UdeS

Fruit de la collaboration de la Fédération étudiante de l’Université de Sherbrooke (FEUS), du Regroupement des étudiantes et étudiants de maîtrise, de diplôme et de doctorat (REMDUS), de l’Université et du fonds conjoint pour les initiatives de développement durable, le jardin collectif de l’UdeS couvre une surface un peu supérieure à 150 m2.

Depuis 2009, le jardin collectif est ouvert à toute la communauté universitaire, étudiants et membres du personnel, désireux d’y travailler. La planification de la saison, l’achat des semences, le travail du sol et les récoltes se font en groupe, ce qui favorise les échanges entre les membres.


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