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Le juge garant de la laïcité, mais laquelle?

Date :
Cet événement est passé.
Type :
Colloques et congrès
Lieu :
Faculté de Droit, Université-Saint-Louis-Bruxelles OM10 – Ommegang Rue de l’Ommegang 8 Bruxelles

Description :

La formule selon laquelle le juge serait le gardien de la laïcité est souvent invoquée, telle un mantra. Elle participe de ce fait d’une laïcité que l’on conjugue souvent au singulier, sans s’attacher à la pluralité et à la complexité de ses aménagements juridiques particuliers. Ce colloque propose de mettre en lumière la variété des interprétations par les juges des principes aux fondements de la laïcité, c’est-à-dire la séparation des Églises et de l’État (en particulier la séparation des normativités religieuses et politiques), la neutralité, la liberté de conscience et de religion et l’égalité entre citoyens. En effet, le sens et la forme que peut prendre la laïcité découle certainement de l’interprétation que les gouvernants politiques élaborent à partir des principes constitutifs susmentionnés, mais ils découlent aussi et surtout des modalités par lesquelles les juges les opérationnalisent, en en précisant le sens dans la jurisprudence.

S’appuyant sur des recherches récentes menées en droit, en sociologie ou en sciences politiques, ce colloque poursuit deux objectifs généraux originaux, qui structurent l’ensemble des contributions, et, au-delà, s’engage dans de nouvelles perspectives de recherche sur la laïcité.

D’abord, il se propose d’identifier l’évolution et la pluralité des aménagements laïques qui procèdent du travail des juridictions sous une triple dimension : 1) dans le temps, 2) dans l’espace, 3) au regard de l’objet religieux. Il contribue ainsi à identifier la diversité des modèles juridiques de laïcité observables, et cela y compris au sein d’une même société.

Ensuite, il vise à mettre en lumière comment les juges comprennent la laïcité, les significations qu’ils lui donnent et les éthiques, particulières ou collectives qu’ils lui associent. Ce faisant, il tente de montrer comment les juges performent la laïcité dans des contextes où le débat social sur certaines expressions du religieux peut s’avérer tendu, et par là-même, d’observer leur positionnement ou leur neutralité dans leur action contentieuse. Il participe ainsi aussi de la réflexion sur la question primordiale de la neutralité du juge dans des contentieux où le religieux est présent.

L’approche envisagée contribue donc à une meilleure compréhension scientifique de l’objet « laïcité », en s’émancipant des préconstruits, souvent essentialisés, de la laïcité dans les débats publics francophones. En effet, de nombreux travaux ont montré comment, en Belgique, en France ou au Québec, les médias et le politique avaient construit la laïcité à partir du surgissement d’événements, souvent associés à la visibilité des expressions du religieux dans l’espace public, dans une francophonie qui faisait office de caisse de résonance. Le colloque propose enfin d’explorer les nouveaux lieux où la laïcité, et notamment la séparation des normativités religieuses et politiques, est mise à l’épreuve devant les tribunaux (redéfinition du mariage, droits reproductifs, enjeux éthiques et bioéthiques en général, etc.).

Événement gratuit, inscription obligatoire. Envoyez votre demande d'inscription à: thomas.windisch@usherbrooke.ca.


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