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Prix et distinction

La Société canadienne de chimie souligne l’apport remarquable de Brigitte Guérin au secteur de la chimie

Le 30 mai dernier, la professeure-chercheuse Brigitte Guérin a reçu une prestigieuse distinction. Elle devient ainsi la 25femme canadienne à accepter le Prix Clara Benson.

Brigitte Guérin est professeure-chercheuse à l’Université de Sherbrooke ainsi qu’au Centre de recherche du CHUS depuis 2007. Rattachée au Département de médecine nucléaire et radiobiologie, elle est également titulaire de la Chaire de recherche Jeanne-et-J.-Louis-Lévesque en radiobiologie de l’Université de Sherbrooke en plus d’être chef du laboratoire de radiochimie au Centre d’imagerie moléculaire de Sherbrooke.

Son programme de recherche repose sur son expertise en radiochimie ⎼un créneau très spécialisé en chimie organique. Elle s’est forgé une réputation internationale dans son domaine en plus de consolider le leadership canadien dans le développement de nouveaux radiométaux. Les radiométaux sont principalement utilisés en imagerie à l’aide de la tomographie d’émission par positrons (TEP) et pour des radiothérapies ciblées. En 2017, l’Agence internationale d’énergie atomique lui a demandé d’accueillir un programme de visiteurs qui vise à favoriser les échanges et les collaborations scientifiques de partout au monde. L’expertise développée à Sherbrooke est donc partagée avec des scientifiques et exportée aux quatre coins de la planète.

Une carrière dédiée au développement de radiométaux et d’outils d’imagerie

Environ 40 % des Canadiens seront atteints d’une forme de cancer au cours de leur vie. Malgré les progrès réalisés, la détection précoce du cancer ou de sa récidive reste encore la meilleure chance de succès pour combattre le cancer. L’imagerie TEP combinée à l’utilisation de radiotraceurs est utilisée en recherche et en clinique pour le diagnostic et le suivi de tumeurs cancéreuses.

Les radiotraceurs sont des outils d’imagerie qui ciblent des biomarqueurs spécifiques à certaines maladies incluant le cancer. Lorsqu’ils sont captés par les biomarqueurs surexprimés à la tumeur, les radiotraceurs sont détectés par les appareils TEP, ils permettent de caractériser et de définir le stade évolutif de la maladie avec précision et favoriseront la mise au point des traitements ciblés et personnalisés des cancers. Par la suite, les professionnels de la santé peuvent voir la progression des traitements de chimiothérapie/radiothérapie et leurs effets sur les tumeurs.

Avec une formation en chimie organique et radiochimie, la professeure-chercheuse Brigitte Guérin possède une solide expertise dans le développement de radiométaux, et d’outils d’imagerie très utilisés dans la détection de diverses maladies. Elle travaille plus particulièrement au développement de radiotraceurs TEP pour permettre aux professionnels de la santé de détecter précocement les cancers et d’en faire le suivi après traitement.

Brigitte Guérin dirige l’équipe impliquée dans le projet de production de Technétium-99m à l’aide du cyclotron afin de pallier la pénurie d’isotopes médicaux. Ce projet a conduit à l’installation d’infrastructures majeures au Centre d’imagerie moléculaire de Sherbrooke.

Le labo vu par Samia Ait-Mohand

« J’ai étudié et travaillé en France et aux États-Unis avant de venir ici, explique Samia Ait-Mohand, Ph. D en chimie organique et professionnelle de recherche au laboratoire de Brigitte Guérin. J’ai travaillé en entreprise, et ici c’est un endroit que je ne changerais pour rien au monde. Je pensais aller en médecine, et finalement, j’ai fait de la chimie, j’ai toujours rêvé d’avoir quelque chose qui s’applique directement, et ça c’est l’endroit idéal, on voit où vont nos recherches, on teste sur des humains, donc, on participe à quelque chose de plus grand que juste faire de la chimie pour faire de la chimie. »

Brigitte Guérin insiste « Nous avons tous des expertises complémentaires. Nous travaillons en équipe. La plupart des gens ne travaillent pas uniquement sur mes projets ; on travaille en collaboration sur beaucoup de projets du Centre d’imagerie ».

« Tout le monde s’entraide et c’est génial, continue Samia. Notre patronne [Brigitte Guérin] nous laisse prendre nos décisions, on aime bien avoir cette petite liberté, on sait ce qu’on fait, et donner de la liberté à un chercheur, c’est stimulant, c’est passionnant ».

L’IAEA : une collaboration hors de l’ordinaire

Au cours de l’année 2017, l’Agence internationale d’énergie atomique a demandé à Brigitte Guérin d’accueillir un programme de visiteurs qui vise à favoriser les échanges et les collaborations scientifiques de partout au monde sur la production de radiométaux. « Dans le cadre de notre collaboration, nous avons des interactions et des rencontres avec des gens de partout dans le monde. Dernièrement, nous avons accueilli des scientifiques en provenance de la Malaisie ». L’expertise développée à Sherbrooke est donc partagée avec des scientifiques et exportée aux quatre coins de la planète.

Or, le mandat ne se résume pas uniquement au transfert de connaissances. Il englobe aussi un volet qui permet d’émettre des recommandations. « Au cours des derniers mois, lors d’une rencontre au siège social de l’Agence, on a pu participer à la rédaction de publications communes pour guider les gens dans le domaine, explique la professeure-chercheuse. Nous étions des représentants de six centres de recherche assis autour d’une table pour faire une publication sur le Galium-68. Pour échanger, pour relater nos expériences, mais aussi pour partager nos recommandations et permettre à des collègues d’éviter de faire les mêmes erreurs que nous. L’Agence nous permet de faire ça, aussi. »

L’héritage de Clara Benson

En 1899, Clara Benson devient la première femme diplômée en chimie de l’Université de Toronto. En 1903, elle devient l’une des deux premières femmes à obtenir un doctorat à l’Université de Toronto. Après l’obtention de son doctorat, elle travaille à l’Université de Toronto à la Lillian Massey School of Domestic Science, devenant l’une des premières femmes professeures de l’Université en 1920. C’est une professeure compétente qui stimule la recherche et se lie d’amitié avec ses étudiants. Elle enseigne à l'université jusqu'à sa retraite en 1945. L'édifice Benson de l'Université de Toronto est nommé en reconnaissance de ses efforts pour obtenir de meilleures installations sportives pour les étudiantes.


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