Bloquer une nouvelle enzyme pour ralentir la progression de l’athérosclérose
L’athérosclérose est généralement due au vieillissement prématuré des vaisseaux et cause une réduction de la capacité des artères coronaires à fournir du sang et de l’oxygène au cœur. Elle est liée à de mauvaises habitudes de vie telles qu’une alimentation riche en lipides et un manque d’activité physique. Il est bien connu que plus de 40 % des Canadiens âgés de 20 à 79 ans ont un taux de cholestérol total nuisible à la santé. De plus, des plaques de cholestérol s’accumulent sur les parois internes de nombreuses artères causant une inflammation locale et un rétrécissement qui nuisent à la circulation du sang dans des organes autres que le cœur. Cette maladie des vaisseaux est donc à l’origine d’un grand nombre des problèmes cardiaques et circulatoires graves. Maladie silencieuse au départ, elle peut, à un stade avancé, provoquer des douleurs cardiaques (angine de poitrine), différentes maladies des vaisseaux sanguins qui irriguent le cœur et même aller jusqu’à l’infarctus. Or, des chercheurs de la Faculté de médecine et des sciences de la santé (FMSS) de l’Université de Sherbrooke ont identifié une avenue potentielle pour ralentir ce processus en inhibant la chymase, une enzyme responsable de la production d’une protéine nommée endothéline-1, qui contribue aux effets néfastes de l’athérosclérose.
Ralentir le développement de l’athérosclérose
Le Pr Pedro D’Orléans-Juste et son équipe à l’Institut de Pharmacologie de Sherbrooke suggèrent que l’endothéline-1, une protéine déjà connue pour ses capacités à rétrécir les artères dans une maladie grave, l’hypertension pulmonaire primaire, contribue aussi au développement de l’athérosclérose. « En bloquant la chymase secrétée par les mastocytes, nous réduisons la production d’endothéline-1 non seulement dans le sang mais aussi dans les parois des vaisseaux et réduisons donc son effet accélérateur dans la progression de l’athérosclérose », explique le Pr D’Orléans-Juste, également chercheur au Centre de recherche clinique Étienne-Le Bel du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS).
Lorsque l’on se fait piquer par une abeille ou lors d’une réaction allergique, par exemple, la réaction crée un renflement, des rougeurs et une démangeaison. Ces symptômes sont en partie causés par une réaction rapide des cellules nommées mastocytes qui agissent pour protéger l‘organisme, entre autres en relâchant de l’histamine. Ces mastocytes produisent aussi la chymase, une enzyme responsable de la production d’endothéline-1.
Une piste pour développer un médicament
Publiée en mai 2013 dans la prestigieuse revue Journal of Pharmacology and Experimental Therapeutics (i.e., Houde et al.), et primée par Faculty of 1000 (un important registre des publications importantes pouvant changer la donne dans un domaine précis), la découverte du rôle clé de la chymase dans la production d’endothéline-1 et une meilleure compréhension du fonctionnement de sa production par les mastocytes pourraient mener à l’élaboration d’un médicament qui réduirait le rétrécissement des artères quand ces dernières sont déjà partiellement obstruées par l’athérosclérose. Pour être ajoutés à la panoplie de médicaments couramment utilisés pour ralentir la progression de l’athérosclérose, le développement d’inhibiteurs de la chymase dans le traitement de cette maladie vasculaire nécessitera encore plusieurs années de validation. « À l’heure actuelle, le meilleur moyen pour un patient de réduire les problèmes liés à l’athérosclérose est de consulter régulièrement son cardiologue, de respecter rigoureusement la prise de médicaments prescrits par ce spécialiste et d’adopter de saines habitudes de vie comme l’activité physique et une saine alimentation tout en évitant les excès d’alcool et le tabagisme », souligne le Pr D’Orléans-Juste.
À propos de l’équipe
Pedro D’Orléans-Juste est professeur au Département de pharmacologie de la FMSS. Son équipe est présentement composée de Martin Houde, étudiant au doctorat, Élie Simard, étudiant au doctorat en codirection avec le Pr Michel Grandbois, Louisane Desbiens, étudiante à la maîtrise, Walid Semaan, étudiant à la maîtrise en codirection avec le Pr Ghassan Bkaily, Julie Labonté, associée de recherche et Angèle Tremblay, technicienne. Pour ces travaux, le laboratoire du Pr D’Orléans-Juste collabore étroitement avec des scientifiques des Universités de Harvard aux États-Unis, de McGill, au Canada, d’Uppsala en Suède et d’Osaka au Japon.