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Tournée des facultés – Entrevue avec le doyen de la Faculté de génie

«Savoir être agile et prendre des risques» – Gérard Lachiver

Gérard Lachiver, doyen de la Faculté de génie
Gérard Lachiver, doyen de la Faculté de génie
Photo : Michel Caron

De l'aveu du doyen Gérard Lachiver, diriger la Faculté de génie amène souvent ses gestionnaires à sortir de leur zone de confort. Que ce soit par des étudiants qui demandent l'appui de la Faculté pour réaliser des projets étonnants, ou par de grandes entreprises qui proposent de nouveaux modèles de collaboration en recherche, l'équipe de direction est souvent appelée à sortir des sentiers battus. Jusqu'à maintenant, ces risques calculés se transforment presque toujours en succès et démontrent une grande capacité d'innover. «Nous avons une faculté en santé qui se développe très bien, dit le doyen. La première preuve est la réussite de nos étudiants.»

Pour en témoigner, Gérard Lachiver souligne les succès remportés par des groupes d'étudiantes et d'étudiants de 1er cycle, dont les projets connaissent chaque année un rayonnement qui dépasse les frontières. Il cite la conception et le vol réussi de l'avion Épervier, les succès aux compétitions de véhicule tout-terrain Baja-SAE ou de canoës de béton, ainsi que l'engagement bénévole du Groupe de collaboration internationale en ingénierie qui mène chaque année des projets dans des pays en développement.

Une anecdote résume bien la fierté du doyen. Il assistait en début d'année à une rencontre des dirigeants d'écoles de génie de tout le pays. Quelques jours auparavant, les étudiantes et étudiants de l'UdeS venaient de remporter quatre premiers prix sur six à la Compétition canadienne d'ingénierie. «Mes collègues m'ont apostrophé en me demandant : "Mais qu'est-ce que vous leur faites, à vos étudiants?"», raconte le doyen.

Gérard Lachiver estime que les succès de ses étudiants résultent du fait qu'ils évoluent dans une atmosphère très favorable pour acquérir un solide bagage de connaissances et de compétences. «Nos étudiants sont habiles à travailler en équipe, ils sont entreprenants, font preuve d'une capacité à organiser, à sensibiliser, à s'autoréguler et à financer leurs initiatives, qu'elles soient sociales, scolaires ou même festives», dit le doyen.

S'il est ravi de voir ses étudiantes et étudiants occuper une large place dans l'espace public, il admet que cette grande vitalité n'est pas toujours de tout repos, car les étudiants ne sont jamais à court d'idées. «Souvent, ils nous déstabilisent par l'audace de leurs projets ou ils arrivent avec leur cahier de commandites prêt à être signé!» dit Gérard Lachiver.

La Faculté offre son soutien à plusieurs étudiants, qui en contrepartie contribuent à faire connaître les programmes, notamment lors de tournées dans les cégeps. «En termes de recrutement, il n'y a rien de plus efficace qu'un jeune qui raconte son expérience à un autre jeune», estime le doyen.

Et il n'y a pas que les étudiants qui tiennent la direction en haleine avec des projets ambitieux. Depuis un an et demi, la direction de la Faculté de génie a dû se montrer «agile» pour répondre à des demandes de collaboration d'un modèle complètement nouveau, dans le secteur de la recherche.

Des modèles nouveaux en recherche

La Faculté de génie a eu plusieurs occasions de défrayer la manchette ces deux dernières années : création du Laboratoire intégré de recherche en valorisation des matériaux et de structures; lancement de deux chaires industrielles en acoustique appliquée à l'aviation; construction du Centre des technologies avancées avec l'entreprise BRP; lancement du Centre d'expertises en génie de l'information; et annonce du Centre de recherche en microélectronique à Bromont. Voilà autant de projets, pour ne citer que ceux-là, qui démontrent la position de l'UdeS comme chef de file dans la recherche en génie.

Avec les trois derniers projets de cette liste, la Faculté a établi un tout nouveau modèle de partenariat en recherche. «La formule de collaboration qui a permis la création du Centre des technologies avancées constitue une innovation en soi, explique le doyen. D'autres institutions ont essayé d'emprunter cette voie sans vraiment trouver la bonne formule. Avec le Centre, nos professeurs peuvent réaliser des projets de recherche concertée et ont accès à une famille de projets en lien avec les produits commercialisés par BRP, un joueur très sérieux dans son secteur. De plus, à ce jour, une douzaine d'étudiants y mènent des projets avec codirection industrielle et académique. Ce partenariat nous donne accès à des fonds et à des équipements de pointe», explique le doyen.

À Bromont, le scénario est semblable; des partenaires industriels «costauds», IBM et Dalsa, ont engagé des dizaines de millions de dollars dans la construction d'un centre pour développer des puces électroniques. Enfin, ce modèle de collaboration université-industrie a présidé à la création du Centre d'excellence en génie de l'information, qui logera dans un bâtiment qui sera érigé au Parc innovation.

«Pour ces partenariats novateurs, nous avons été pressentis par des industries majeures qui s'associent aux meilleurs chercheurs, qu'ils soient à Tokyo ou à Boston, dit Gérard Lachiver. Devant ces propositions, nous avons dû être très agiles et prendre des risques. Notre prochain défi sera de fidéliser nos partenaires qui ont pris des engagements de cinq ans renouvelables et d'assurer la pérennité de ces centres.»

Comment expliquer que l'UdeS soit à nouveau à l'avant-garde dans la mise sur pied de nouveaux partenariats de recherche? Le doyen Lachiver y voit un héritage de travail d'une poignée de professeurs pionniers – les Maher Boulos, Pierre-Claude Aïtcin, Esteban Chornet, Jean-Pierre Adoul et Jean Nicolas – qui dans les années 70 et 80 ont posé les premiers jalons du transfert technologique.

«Traditionnellement, ce n'était pas dans les mœurs des chercheurs de se tourner vers l'industrie et à l'inverse, ce n'était pas plus naturel pour les entreprises de travailler avec les universités, raconte le doyen. Mais ces professeurs ont bien joué leurs cartes et ont démontré que la recherche et l'industrie avaient des avantages mutuels à travailler de pair. C'est peut-être ce qui fait qu'aujourd'hui, des partenaires majeurs comme BRP ou IBM nous sollicitent. Ils savent que nous sommes des partenaires habiles à reconnaître les besoins de l'industrie, qui offre à nos chercheurs des infrastructures de recherche inégalées.»

Défis à venir

Ces prochaines années, la Faculté de génie compte mettre en valeur ses programmes de formation en vue d'attirer des étudiants internationaux aux cycles supérieurs. Un programme de maîtrise professionnelle et des parcours intégrés baccalauréat-maîtrise sont désormais offerts avec des modules dans tous les programmes. Le déploiement de ces programmes se fera notamment au Campus de Longueuil.

«On est relativement peu présents actuellement à Longueuil, mais il nous paraît essentiel d'offrir ce programme là-bas, dit Gérard Lachiver. Nous souhaitons rejoindre les ingénieurs en exercice qui oeuvrent surtout dans la région montréalaise. On veut aussi publiciser ce programme à l'étranger, afin d'attirer des étudiants qui ne retrouvent pas cette formation dans leur pays, et qui souhaitent ajouter une expérience nord-américaine à leur parcours.»

La Faculté de génie continue par ailleurs d'offrir sa maîtrise en gestion de l'ingénierie, et prévoit consolider ses programmes de 1er cycle, dont la réputation continue d'être excellente. «Notre réputation dépasse largement celle d'une institution régionale. Clairement, l'UdeS et sa faculté de génie occupent une place plus grande que sa taille réelle, et nous continuons de prouver que sommes en mesure d'évoluer dans la cour des grands», conclut le doyen Lachiver.