MotoStudent 2023 : compétition de motos 100 % électriques
EMUS survole une piste de course mythique
Après avoir roulé sur la piste de course mythique du circuit MotorLand Aragon en Espagne lors du plus récent MotoStudent, les quinze membres de la moto électrique de l’Université de Sherbrooke, EMUS, reviennent ragaillardis et enrichis d’une expérience concrète sur le terrain où ils ont mis à contribution leurs connaissances en ingénierie. Fiers d’avoir relevé le défi de concevoir et de fabriquer un véhicule électrique en très peu de temps, ils ont également reconstitué les bases de ce club étudiant de la Faculté de génie, fondé en 2015, avec l’objectif de compétitionner en 2023, ce qu’ils ont réussi à faire, et d’y retourner en 2025.
Dans un univers où tout est connecté et fonctionne à batteries, les besoins en recharge abondent. Les prises électriques deviennent des ressources essentielles. Quelle forme aura une prise électrique lorsque vous voyagerez dans un autre pays? Il vaut mieux s’informer avant son départ au risque de ne pouvoir rien brancher et d’avoir à chercher un adaptateur. C’est ce qu’a découvert EMUS en arrivant en Espagne où l’équipe a eu de la difficulté à trouver les adaptateurs requis pour l’équipement américain dont elle disposait.
Il existe en effet plus de 15 types de prises électriques différentes à travers le monde. La prise la plus courante est de type C et se retrouve en Europe, en Asie et en Amérique du Sud. En Espagne comme en France, les prises électriques sont majoritairement de type F, soit deux broches, sans terre. « Des membres de notre équipe ont appris qu’une explosion peut subvenir lorsque tu branches quelque chose qui n’est pas compatible avec les prises européennes! », avoue Mathilde, future ingénieure en mécanique. En Amérique du Nord, le voltage est de l’ordre de 120 Volts et les fréquences le sont de 60 Hz, alors qu’en Europe, il s’agit plutôt d’un voltage de 240 Volts et de fréquences de 50 Hz. Il va sans dire qu’un adaptateur universel fera partie de la prochaine trousse de voyage de EMUS.
En plus d’avoir été surpris par les dispositifs de recharge électriques en Espagne, il y avait d’importantes mesures de sécurité à prendre pour le transport des batteries lithium-ion dans le Vieux Continent. EMUS n’y a pas échappé. Les batteries à haut voltage de plus de 100 Wh doivent être obligatoirement vérifiées avant de voyager par avion-cargo. « Vu les contraintes imposées par notre compagnie aérienne pour le transport de nos batteries de 9,4 kWh, nous avons fait douze heures de route pour se rendre en Nouvelle-Écosse avec l’espoir de les envoyer en bateau, mais ce fut peine perdue, la législation ne nous permettait pas plus de les envoyer de cette manière », explique Thomas Giroux, étudiant en génie robotique. Ainsi, l’équipe a découvert que les mêmes règles s’appliquent autant pour le transport maritime que pour le transport aérien pour ce type de module de batteries.
Comme si ce n’était pas assez, l’équipe s’est battue jusqu’à la toute fin du périple espagnol avec leurs batteries à haut voltage, puisqu’elle devait embarquer des batteries complètement déchargées à l’aéroport pour le vol de retour vers Montréal. « Après les différentes épreuves de la compétition, il y avait encore trop d’énergie dans la batterie. Dépourvus d’un déchargeur de batteries, nous avons demandé d’effectuer des tours de piste ou de stationnement pour la décharger, mais ils ont refusé », raconte la future ingénieure en robotique, Marie-Claude Montgomery-Verrier. La bonne vieille technique de faire tourner le moteur à vide, puis avec les freins enclenchés, ne s’est pas soldée par une réussite, en plus de faire chauffer les freins plus qu’à l’habitude. Par la suite, les responsables de l’évènement leur ont permis de terminer la décharge complète des batteries sur la piste adjacente de karting.
Principales innovations d’EMUS
Quant aux principales innovations du prototype d’EMUS, la sécurité a orienté les choix en termes d’ingénierie. D'une part, il n’y a aucun câble haute tension qui passe près du pilote. Toute cette tension est placée le plus loin possible du pilote. D’autre part, le centre de gravité de la moto est plus bas, ce qui maximise la performance du bolide sur deux roues.
Malgré que le club étudiant sherbrookois revenait à la compétition et se battait contre des équipes avec de plus grands moyens, les résultats sont plus que satisfaisants : 1er en Amérique, 2e au test de freinage, 14e pour le tour le plus rapide, 18e pour le test d’accélération et 19e pour la vitesse maximale. EMUS a bien fait malgré les circonstances et le bolide sera encore plus performant lors de leur prochaine compétition.
À cet égard, le prochain prototype aura quatre fois plus de puissance, en raison d’un plus gros moteur et d'un sens de gravité plus bas. « Il pourra atteindre une vitesse de 275 km/h, alors que le modèle actuel ne pouvait aller plus vite que 170 km/h », soutient avec fierté Étienne Bellerive-Blais, étudiant au baccalauréat en génie informatique
Préparatifs pour le MotoStudent 2025
Afin de se préparer à la compétition du MotoStudent 2025, EMUS envisage de s’inscrire au eMotoRacing Varsity Challenge qui se déroulera aux États-Unis l’été prochain afin de parfaire leurs réglages et de bénéficier d’une autre expérience concrète sur le terrain. « Il n’y a rien de mieux qu’un séjour à l’étranger pour solidifier l’esprit d’équipe et apprendre des autres universités ou collèges qui se présenteront sur la piste, à partir de leurs bons coups et de leurs mauvais coups », déclare Thomas Corriveau, étudiant au baccalauréat en génie électrique.
À propos du MotoStudent
Depuis sept ans, la compétition MotoStudent accueille des équipes étudiantes provenant de partout au monde qui démontrent leur savoir-faire en ingénierie pour concevoir et fabriquer un prototype de moto 100 % électrique. Organisée par la Moto Engineering Foundation d’Espagne en collaboration avec le TechnoPark Motorland, cette compétition couronne de prix, le meilleur projet, le meilleur design, la meilleure innovation et la meilleure recrue.