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Journée internationale des femmes et des filles de science

Un laboratoire presque exclusivement féminin

En avant: Faiza Ferjani, Salma Belbessai, Giverny Robert, Karen Bechwarty, Hanaa Hassini, Hela HammamiAu centre : la professeure Inès Esma AchouriEn arrière : Justin Trottier, Khadija Ogoula, Oumaima Chaib, Maroua Rouabah, Vaibhavi Bele, Ileana Maréchal, Abdoulah Ly, Maxime Lafond, Farbod FarziPhoto : UdeS - Michel Caron

En avant: Faiza Ferjani, Salma Belbessai, Giverny Robert, Karen Bechwarty, Hanaa Hassini, Hela Hammami

Au centre : la professeure Inès Esma Achouri

En arrière : Justin Trottier, Khadija Ogoula, Oumaima Chaib, Maroua Rouabah, Vaibhavi Bele, Ileana Maréchal, Abdoulah Ly, Maxime Lafond, Farbod Farzi

Photo : UdeS - Michel Caron

« Dans notre laboratoire, plus de 85 % des personnes chercheuses étudiantes à la maîtrise, au doctorat ou au postdoctorat sont des filles. Est-ce que ça pourrait être intéressant de faire quelque chose là-dessus? », demande la professeure Inès Esma Achouri.

Le 11 février, c’est la Journée internationale des femmes et des filles de science. Oui, on devrait faire quelque chose là-dessus.

Quatorze femmes étaient réunies autour d’une grande table au laboratoire pour la rencontre. Ce qui les unit? Elles partagent leur quotidien scientifique dans le laboratoire du Groupe de recherche sur les technologies et procédés (GRTP).

Un labo collaboratif

Un laboratoire presque exclusivement féminin affiche-t-il une dynamique, une atmosphère particulières?

Il y a beaucoup d’entraide dans le laboratoire. Je ne les supervise pas toutes personnellement, mais je les vois évoluer chaque jour. La dynamique m’apparaît plus collaborative a priori, et la compétition est moins apparente. Je dirais qu’elles se voient plus comme une équipe, que la réussite rejaillit plus facilement sur tout le groupe. L’échec de l’une ne veut pas dire le succès de l’autre. Et ça s’observe à la fois dans le laboratoire mais aussi à l’extérieur, dans la sphère plus personnelle.

 Inès Esma Achouri, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur l’intensification des processus pour les catalyseurs avancés et l’énergie durable

Discussion autour de la table

Tour de table pour parler des caractéristiques d’un laboratoire à prédominance féminine. Deux étudiantes à la maîtrise, huit futures doctorantes, deux stagiaires postdoctorales, une stagiaire à la maîtrise et une stagiaire en stage coopératif s’expriment à ce sujet. De l’Algérie au Maroc, en passant par l’Inde, la Tunisie, la France, l’Égypte, le Sénégal et le Liban, elles naviguent au quotidien ensemble, dans un laboratoire dont la mission principale est associée à l’optimisation de procédés.

C’est vraiment génial d’être entourée comme ça. On est soudées, il y a beaucoup d’entraide. Un peu comme une sororité!

Il y a quelque chose de rassurant. J’étais habituée d’être la seule fille, comme lors de mon dernier stage en France. C’est vachement enrichissant, et j’aime bien la solidarité qui émane de tout ça.

On apprend plein de choses chaque jour. C’est vraiment un environnement très ouvert. Il y a un réel partage de cultures : on a vraiment le goût d’aller visiter le pays de l’une ou l’autre. Même si plusieurs d’entre nous parlons arabe, les dialectes de l’Algérie, de la Tunisie ou du Maroc sont différents. On est meilleures maintenant, on comprend même certaines expressions!

Inès est vraiment inspirante, elle cherche à faire émerger le meilleur de nous-mêmes, elle nous tire vers le haut. Elle a sensiblement le même parcours que nous, donc ça nous parle. Elle nous fait confiance et elle est vraiment à l’écoute. Son retour d’expérience nous motive vraiment. Elle veut accentuer la présence des femmes en recherche, et elle réussit bien.

On s’entend bien avec les garçons du labo. On a tous une belle cohésion et tout est assez simple, fluide. La diversité, c’est important. La recherche fonctionne  souvent moins bien quand le groupe est trop homogène.

Et les garçons dans tout ça?

Nous vivons dans un pays où le genre ou l'origine ethnique ne sont plus des critères de qualification. C’est ce que j’aime dans notre groupe : on est tous axés sur les résultats, quel que soit notre parcours.

Farbod Farzi, doctorant au GRTP

Selon mes observations, les gars naviguent très bien dans cet environnement. Il y a deux stagiaires au baccalauréat, deux postdoctorants et deux doctorants. Je pense bien que les filles ont contribué à créer cet esprit disons un peu moins compétitif et plus collaboratif.

Inès Achouri, professeure

Importance des modèles féminins en science et génie

Rapidement, l’importance des modèles se taille une place dans les discussions. Le contact avec des modèles féminins en science et génie semble varier considérablement d’un pays à l’autre. Mais les filles étaient unanimes sur un point : « Montrez-nous le plus d’applications concrètes possible! » Au moins trois filles ont partagé que c’était le contact désiré avec la fabrication de cosmétiques qui les a guidées vers le génie chimique. Elles ont bifurqué un brin quand d'autres applications se sont révélées à elles.

Le choix de carrière est vraiment un choix personnel. Ce sont des encouragements dont on a besoin, et assez tôt. Et aussi de nous montrer différentes applications possibles.

Toute la recherche qui est faite en lien avec l’environnement, le développement durable devrait nous être présentée. C’est hyper intéressant, et la plupart des femmes aiment cette possibilité de faire une différence, d’apporter des changements, de contribuer à quelque chose.

En Tunisie, et même en France, les hommes sont encore trop souvent associés au génie, et les femmes, à la médecine, la littérature ou l’éducation.

Une fois, j’ai entendu Eve Langelier en conférence, et j’étais super contente qu’elle parle de notre sensibilité comme femmes et qu’elle montre qu'elle avait sa place. Et que notre côté méticuleux aussi avait sa place!

Quand les efforts paient

À savoir si cette dynamique féminine a été voulue ou si ce n’est que le fruit du hasard, la réponse de Inès Achouri fuse rapidement : « Ni une ni l’autre. Elles viennent à moi, répond-elle en souriant. L’Université, la Faculté et plein d’autres acteurs ont mis de l’avant plusieurs initiatives, plusieurs activités pour mousser la présence des femmes en sciences et génie. La façon dont on se sent incluses, la vie autour, les activités transversales. Alors, je dirais que ça paie!  Je suis contactée par plusieurs femmes qui veulent intégrer notre laboratoire. »


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