Quarante-trois ans de vie professionnelle dédiée à la santé, à l’éducation et aux sciences de l’activité physique
Dans ce témoignage, Jean Hamel relate son parcours à la Faculté des sciences de l’activité physique (FASAP). À travers quelques moments clés, des collaborations marquantes et un engagement philanthropique sincère, il partage la manière dont l’institution sherbrookoise a marqué son cheminement professionnel et personnel. Son témoignage met en lumière l'importance de l'interdisciplinarité, de la prévention en santé en amont et en aval de la maladie, et de l’importance de l’investissement philanthropique pour les générations futures.
Quelle est votre histoire avec l'Université de Sherbrooke ?
Mon histoire avec l’UdeS remonte au début des années 80, alors que je travaillais au Centre sportif de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) depuis 1978 et que j’y suis devenu chargé de cours en conditionnement physique en 1982. À cette époque, le domaine de la kinésiologie tel que nous le connaissons aujourd’hui n’existait pas encore au Québec. C’est grâce au développement de la pratique et aux échanges professionnels que plusieurs d’entre nous, en Mauricie, Estrie et Québec, avons contribué à bâtir le corpus de connaissances de cette discipline. J’avais progressivement établi des liens avec des collègues des autres universités québécoises dont Pierre Gauthier, professeur à la Faculté d’éducation physique et sportive, (maintenant FASAP), également responsable du secteur de conditionnement physique au Centre sportif de l’UdeS. C’est ainsi que nous avons commencé à échanger sur nos bonnes pratiques en conditionnement physique et aussi à collaborer à la professionnalisation de ce qui est devenu le domaine d’exercice des kinésiologues.
En 1994, alors que j’étais toujours chargé de cours à l’UQTR depuis déjà douze ans, on m’a contacté pour remplacer monsieur Gauthier dans une activité pédagogique sur les fondements des principales activités professionnelles en kinésiologie. Cette première expérience d’enseignement à l’UdeS a coïncidé avec une autre occasion, la doyenne de l’époque, la professeure Joanne Sarrasin, m’a invité à rejoindre le Conseil de faculté en tant que membre coopté (1995-1998). Cette dernière implication s’est déroulée parallèlement à mon parcours professionnel au cours d’un deuxième chapitre de 10 ans (après un premier chapitre à l’UQTR), où j'ai dirigé successivement deux organisations dans le secteur privé.
Mon implication à l’UdeS s’est ensuite ramifiée, notamment avec l’arrivée du baccalauréat en kinésiologie en septembre 1998. En novembre 2000, le doyen, professeur Paul Deshaies, m’a proposé de rejoindre la FASAP à temps plein, à la fois pour prendre la charge de cours des deux activités pédagogiques en gestion de projet de ce nouveau programme de formation initiale, mais également pour aider à développer l’offre des stages coopératifs et renforcer les occasions d’emploi pour les personnes étudiantes et diplômées de la Faculté. J’ai accepté ce défi, et dès janvier 2001, j’ai commencé à travailler à temps plein à l’UdeS, où je suis resté jusqu’en décembre 2021.
Mon engagement envers l’UdeS s’est donc graduellement construit sur des bases évolutives et diversifiées, marquées par de solides collaborations, le développement académique et ma passion pour la reconnaissance professionnelle de la kinésiologie, un domaine auquel j’ai aussi bénévolement contribué à établir une structure professionnalisante au Québec. Cette aventure, débutée il y a plus de 43 ans, a été marquée par des rencontres enrichissantes, parfois déterminantes, et des occasions stratégiques qui ont forgé mon lien et ma loyauté envers cette l’organisation.
Pourquoi la vision de la FASAP vous touche plus particulièrement ?
La vision de la FASAP me rejoint parce qu’elle est étroitement liée à un projet de société axé sur la promotion d'un mode de vie sain et physiquement actif, ainsi que sur l'importance de la prévention en santé, tant en amont qu’en aval de la maladie. Dès mes débuts en formation initiale en éducation physique, puis lors de mes études supérieures en kinésiologie et en gestion, à travers mes stages, travaux et expériences, j'ai rapidement compris que l'éducation à la santé ne se limite pas seulement à l’enseignement dans les salles de classe. Il est essentiel d’éduquer la population, de lui fournir un accès à une scolarisation de qualité et de l'encourager à adopter de saines habitudes de vie, notamment en pratiquant régulièrement des activités physiques, sportives ou non. Le véritable impact, significatif et durable, se manifeste lorsque l'on réussit à agir sur l’adoption et la consolidation de saines habitudes de vie des individus. En priorisant l'activité physique régulière et sécuritaire de même que les autres comportements de santé modifiables souhaitables, on contribue à développer une société en meilleure santé, tant sur le plan physique que psychologique.
Ce qui m'a particulièrement marqué, c'est de constater, au cours de ma formation universitaire et continue, l'importance fondamentale de l'interdisciplinarité et de l’approche concertée entre les professionnels de la santé et de l’éducation pour améliorer la qualité de vie des gens. Lors d’un stage en réadaptation cardiaque, en rééducation physique et en pratique clinique pour la perte de poids, l'accompagnement offert aux personnes clientes m'a permis de voir l'impact concret de l’éducation à la santé et de l'activité physique sur la qualité de vie, le mieux-être des individus et l’espérance de vie en bonne santé.
Aujourd'hui, à titre de professionnel de la santé et de donateur à la Fondation de l’UdeS, la vision de la Faculté me rejoint toujours, tout comme sa mission. L'accent mis sur l'éducation physique et à la santé en milieu scolaire, ou ailleurs, la prévention (primaire, secondaire et même tertiaire) et la promotion d’un mode de vie sain et physiquement actif, est essentiel pour mieux répondre aux nombreux défis de notre société québécoise. C'est pourquoi, plus que jamais, je crois fermement que la formation universitaire des futures personnes professionnelles en enseignement en éducation physique et à la santé ainsi qu’en kinésiologie, en plus de la recherche associée, sont des investissements porteurs dans la quête d’une société mieux éduquée, davantage scolarisée, physiquement plus active et en meilleure santé.
Qu’aimeriez-vous transmettre à travers votre geste philanthropique ?
À travers mon geste philanthropique, j’aimerais transmettre une volonté de partager et d’investir dans l’avenir. Ayant eu la chance de bâtir une carrière dans un domaine qui me passionne toujours, je crois qu’il est important de redonner et de permettre aux générations futures de bénéficier des mêmes occasions que j’ai eues. Ce don est une manière de concrétiser ce que j’ai reçu et d'offrir un soutien tangible à la relève professionnelle et aux personnes étudiantes qui, à leur tour, contribueront significativement à améliorer la société en influençant positivement les parcours de vie de plusieurs personnes. Personnellement, j'ai choisi de faire un don planifié parce qu‘il représente une manière durable de laisser une empreinte positive après mon départ. Ce geste permettra de continuer à soutenir une cause qui m’est chère et de donner à la FASAP la flexibilité requise pour prioriser ses besoins futurs. Cela lui permettra d’investir dans les projets et les initiatives qui auront le plus d’impact, selon les défis et les possibilités qui se présenteront.
L’éducation à la santé commence dans chaque cellule familiale, même si cela ne se passe pas toujours de manière optimale. C'est donc aux personnes enseignantes en éducation physique et à la santé de prendre le relais en inculquant de bonnes habitudes de vie aux jeunes à travers leur domaine d’exercice. Leur rôle éducatif est essentiel, car elles influencent les futures adultes dès leur parcours scolaire. Parfois en amont, parfois en parallèle, mais surtout après le parcours scolaire, les kinésiologues jouent également un rôle professionnel analogue.
En bref, ce don vise à appuyer financièrement l’importance déterminante d’une éducation et d’une prévention efficaces en matière de santé, à travers la formation universitaire des personnes enseignantes en éducation physique et à la santé, ainsi que des kinésiologues, pour influencer positivement les habitudes de vie de toutes les personnes, quel que soit leur âge, et ainsi agir idéalement en amont des maladies, mais aussi en aval avec des approches thérapeutiques adaptées pour améliorer la qualité de vie.
Quel message souhaitez-vous transmettre à travers ce témoignage ?
Malgré les défis que rencontrent et rencontreront les personnes enseignantes en éducation physique et à la santé de même que les kinésiologues, dans une société favorisant de plus en plus la facilité et la sédentarité, elles ont l'occasion de jouer un rôle professionnel déterminant dans l’édification et le maintien du capital santé de chaque membre de la société québécoise.