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Portait d'une diplômée, Salam Chaya

Le courage de changer de voie!

D’origine libanaise, Salam est née au Gabon, en Afrique. Elle a vécu pratiquement toute sa vie au Liban, un État du Moyen-Orient, avant de franchir plusieurs méridiens pour venir s’installer au Québec en 2009. Son mari et elle portaient le souhait de fonder une famille au cœur de la province, d’y bâtir un avenir prometteur et de s’y épanouir. À son arrivée en Amérique du Nord, Salam possédait une licence en langues vivantes, option traduction, ainsi qu’une maîtrise en histoire et relations internationales, toutes les deux obtenues à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, au Liban. Alors que l’adaptation s’imposait, les pieds bien ancrés dans la région métropolitaine de Montréal, ils étaient déjà prêts à faire de l’inconnu un tremplin vers une vie heureuse.

Ses premiers pas dans l’univers du travail québécois se sont faits à la Commission scolaire Marie-Victorin où elle a travaillé durant 8 ans et demi à titre de secrétaire de gestion. Par la suite, elle a occupé le poste d’adjointe à la mairie à la Ville de La Prairie. Bien que Salam appréciait son travail, un désir se développait en parallèle, soit celui de vivre de la passion qui l’animait depuis son plus jeune âge : les livres. Un beau jour, tout a déboulé! Une brèche s’est ouverte sur une possibilité dont elle ignorait l’existence, puisqu’au Liban, rien ne laissait présager sa présence.

En faisant des recherches, elle a découvert contre toute attente que l’Université de Sherbrooke offrait un diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) de 2e cycle en édition. À la suite de cette découverte, plusieurs émotions se sont bousculées. L’occasion d’aller vers son rêve était là, avec tout un lot de compromis qui l’accompagnaient. Après un certain temps, l’hésitation s’est évaporée. Elle a décidé de faire le grand saut. Elle a décidé de changer de voie.

Elle s’est donc inscrite au DESS en édition à l’UdeS tout en sachant que durant 2 ans, elle allait devoir concilier famille, études, et travail à temps plein en tant que cadre. Certains diront qu’elle devait porter un habit de Superwoman sous son tailleur et d’autres diront qu’elle devait être réellement passionnée! Quoi qu’il en soit, ce fut une période très chargée, mais franchement captivante pour Salam.

Tout était intéressant. Les cours théoriques, la qualité de l’enseignement, les différentes personnes rencontrées, la rencontre interprofessionnelle du secteur du livre, la proximité avec le corps professoral ainsi que les différentes visites. Entre autres, celle de la Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) et celle de la maison d’édition montréalaise Héliotrope. Le DESS en édition m’a certainement permis d’acquérir des connaissances uniques et de vivre des expériences marquantes!

Salam Chaya

Venant de l’extérieur du Canada, elle trouvait important de connaître les bases de la société québécoise et de s’y intégrer, de découvrir la culture et ses traits caractéristiques, puis de s’en imprégner. C’est pourquoi, tout en faisant son DESS, elle a décidé de lire une trentaine d’ouvrages, reconnus comme étant des piliers de la littérature québécoise. Elle souhaitait aller à la rencontre de ces œuvres, figures fondamentales de l’histoire littéraire de la province.

Son parcours académique en édition lui a permis d’entrevoir son avenir professionnel avec passion. Impossible de passer sous silence son stage chez Groupe Bertrand éditeur qui est venu alimenter son désir de gravir les échelons du monde de l’édition. Elle mettait en pratique ses acquis en faisant la lecture de manuscrits, la rédaction de résumés, en ressortant les points forts et les faiblesses d’un livre, en évaluant son potentiel, etc.

Peu de temps après l’obtention de son diplôme, Salam a commencé à travailler dans le milieu de l’édition, plus précisément en tant qu’adjointe à la commercialisation et au soutien à la clientèle chez TC Transcontinental, au cœur de l’équipe TC Média, division collégiale et universitaire. Bien qu’il s’agisse d’un poste d’entrée au sein du groupe pédagogique et technopédagogique de langue française le plus important en Amérique du Nord, il s’avère très intéressant, avec beaucoup de possibilités d’avancement.

La pandémie m’a appris qu’on ne sait jamais ce qui peut arriver, alors autant vivre la vie que l’on désire réellement, vivre de nos passions, et ce, sans attendre à plus tard.

Salam Chaya

Éventuellement, elle aimerait travailler à même l’équipe éditoriale, mais pour le moment, elle apprécie énormément tous les apprentissages qu’elle fait qui serviront certainement son futur professionnel.

AUTRICE DU LIVRE MOURIR D’AIMER

Le 4 août 2020, une double explosion est survenue au port de Beyrouth, au Liban. Il s’agit de l’une des plus grandes explosions non nucléaires au monde. Les dégâts matériels sont sans nom et d’innombrables vies humaines sont brisées. Cette tragédie a emporté avec elle des milliers de personnes. Alors que le pays était déjà fragilisé et enlisé dans une crise sanitaire et économique sans précédent, ces explosions sont venues marquer au fer rouge le cœur des libanais. Vivement ébranlée par cette catastrophe, et profondément touchée, Salam n’a trouvé que l’écriture pour exprimer tout ce qu’elle ressentait, pour exprimer tout ce qu’elle portait face à ce peuple meurtri qui lui est précieux. Pour la première fois de sa vie, elle avait besoin de laisser sortir ce qui l’habitait. C’était pour elle une façon de passer à travers, un véritable cri du coeur.

Ma famille et plusieurs amis sont toujours au Liban. Je connais beaucoup de personnes blessées. À la suite de ce drame, je me suis mise à faire des recherches et à écrire beaucoup. Puis, l’idée m’est venue de donner une voix à toutes les victimes et à toutes les familles libanaises. Je souhaitais leur rendre hommage. Bien que cela n’était pas prévu au départ, j’ai donc décidé de faire de mes écrits un livre. J’ai fait parvenir mon manuscrit dans plusieurs maisons d’édition au Québec et en France. Finalement, ce sont les Éditions Beaudelaire qui ont édité mon livre « Mourir d’aimer ». Il est publié en France depuis février dernier et au Québec depuis le mois de mai.

Salam Chaya

« Mourir d’aimer » est un roman fictif poignant, inspiré de faits réels. Il présente l’histoire entourant ces explosions et la réalité qui frappe durement le Liban. Dans son élan de générosité, Salam a offert un exemplaire de son livre à la bibliothèque du Campus de Longueuil de l’Université de Sherbrooke. Un nouveau récit, rappelant cet État du Moyen-Orient rudement secoué, repose désormais dans un lieu du savoir de l’UdeS, et saura voyager à travers les années, de génération en génération.