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Les Français d’ici 8 – Les voies migratoires

Du 15 au 17 juin dernier s’est déroulé, à Chicoutimi, le colloque bisannuel Les français d’ici. Cette 8e édition, dont on doit l’organisation à la professeure Sandrine Tailleur (Université du Québec à Chicoutimi, membre du CRIFUQ) et au professeur Luc Baronian (Université du Québec à Chicoutimi), s’est articulée autour du thème des « Voies migratoires ». L’appel à communications invitait notamment les personnes participantes à réfléchir aux questions suivantes : « Quels effets sur la langue (ou les langues), sur l’identité langagière en mouvance ou sur les représentations langagières diverses peuvent avoir ces déplacements ? Quels sont les impacts sur les communautés, qu’elles soient majoritaires ou non ? »

Sous cette thématique ont émergé 37 communications variées portant sur les français acadien, québécois ou laurentien, madelinot, louisianais et antillais ou encore le mitchif. Les différents intervenants et intervenantes ont abordé, entre autres, les enjeux des idéologies linguistiques, de l’identité, de l’enseignement, de la variation, de l’acquisition et bien sûr de la migration. Ces derniers ont été considérés sous plusieurs approches dont la sociolinguistique, la linguistique historique, la lexicologie et la dialectologie. La grande diversité des communications offerte s’est illustrée par les variétés de français à l’étude, les approches linguistiques multiples ainsi que par les nombreuses sources de données. En effet, celles-ci s’appuyaient tantôt sur des corpus d’entrevues, de lettres et d’articles journalistiques, tantôt sur des corpus moins traditionnels tels que des baladodiffusions, des oeuvres musicales ou encore des ouvrages de médecine traditionnelle. Cette effervescence témoigne du dynamisme de la recherche en linguistique en Amérique du Nord.

Le colloque a été ponctué de trois conférences plénières présentées par deux professeures et un professeur invités. Parmi eux, on compte Davy Bigot (Université Concordia), qui a offert une conférence sur l’identité, la variation et les emprunts dans le corpus de Casselman, une ville franco-ontarienne. France Martineau (Université d’Ottawa) a pour sa part présenté une communication sur la grammaire « ordinaire » du français à partir d’un corpus de lettres de deux hommes peu lettrés ayant connu, au cours de leur vie, une ascension sociale considérable. Finalement, Hélène Vézina (Université du Québec à Chicoutimi) a présenté le fichier de population BALSAC, permettant de retracer l’histoire et la généalogie des familles québécoises.

Le programme incluait aussi plusieurs présentations données par des étudiantes et des étudiants, en tout plus d’une vingtaine, dont plusieurs membres du CRIFUQ : Adela Sebkova, Benjamin Côté, Caroline Deveau, Emily Leavitt, Florence Reid, Marie-Ève Rouillard, Hugo Saint-Amant-Lamy et Florence Trudeau. Le prix France Martineau, décernée pour la meilleure communication étudiante, a été d’ailleurs été accordé à Hugo Saint-Amant-Lamy, doctorant de l’Université de Lausanne et professionnel de recherche au CRIFUQ, pour sa présentation intitulée « Philomène et Télesphore : diffusion spatiale des innovations onomastiques dans le Québec des 18e et 19e siècles ».

Le CRIFUQ était également représenté par le professeur Wim Remysen et la professionnelle de recherche Paméla Vachon de l’Université de Sherbrooke (qui ont offert une présentation sur le nouveau Fonds de données linguistiques du Québec (FDLQ) et ses différentes fonctionnalités) ainsi que par les professeures Suzie Beaulieu et Kristin Reinke (qui ont présenté, avec la doctorante Adela Sebkova, une conférence portant sur les enjeux linguistiques et socioprofessionnels de l’immigration au Québec).

Depuis sa première édition en 2006, le colloque des français d’ici offre à la communauté scientifique s’intéressant aux variétés de français et aux francophonies nord-américaines un lieu de rencontre et de partage de leurs travaux et réflexions sur le sujet, toutes approches confondues. La prochaine édition est prévue pour 2024 et se déroulera au campus de Shippagan de l’Université de Moncton au Nouveau-Brunswick.

Ce compte rendu a été rédigé par Marie Jutras, doctorante au CRIFUQ.