Découvertes
Une technologie sherbrookoise permet une avancée majeure pour le diagnostic de pathologies cérébrales
Lors de la conférence annuelle de la Society of Nuclear Medicine and Molecular Imaging à Chicago en juin dernier, les travaux du professeur Roger Lecomte et de son équipe se sont distingués parmi les faits saillants en neurosciences du très suivi Henry N. Wagner Jr. Highlights Symposium. Le professeur Lecomte, membre de l’Institut de pharmacologie de Sherbrooke (IPS) et de l’Institut de recherche sur le cancer de l’Université de Sherbrooke (IRCUS), a contribué à codévelopper une technologie qui permettra désormais de détecter avec plus de précision les tumeurs cérébrales et de discerner des structures cérébrales impliquées dans diverses maladies neurodégénératives jusqu’ici invisibles en imagerie par tomographie par émission de positrons (TEP).
La technologie en question, utilisée dans le scanneur TEP à Ultra Haute Résolution (UHR), a été entièrement conçue et développée à Sherbrooke par l’équipe du professeur Lecomte et celle de Réjean Fontaine, professeur à la Faculté de génie et membre de l’Institut interdisciplinaire d’innovation technologique (3IT). En outre, le projet comptait parmi ses rangs un partenaire industriel de choix, soit l’entreprise sherbrookoise IR&T Inc.
Grâce à ces fructueuses collaborations entre différents acteurs clés, ce nouvel outil permettra désormais de visualiser des structures du tronc cérébral et du thalamus, ces dernières n’ayant jamais été résolues auparavant en imagerie TEP. Cette capacité à distinguer des structures aussi fines ouvre la porte à l’étude de noyaux du tronc cérébral impliqués dans la pathogenèse de maladies neurodégénératives comme l’Alzheimer et le Parkinson. Cette découverte est importante pour la recherche sur le cerveau, puisqu’il s’agit du gain de résolution spatiale le plus significatif obtenu depuis 20 ans en imagerie TEP cérébrale.
Avec un gain de résolution d’un facteur 2 par rapport aux meilleurs scanneurs actuellement disponibles et d’un facteur 3 par rapport aux scanneurs cliniques pancorporels, il sera possible de détecter des lésions tumorales de seulement quelques dizaines de microlitres, soit de 10 à 30 fois plus petites qu’avec la technologie actuelle.
Professeur Roger Lecomte, membre de l'IPS et de l'IRCUS
Cette réalisation a été possible grâce à tous les collaborateurs privés impliqués, les personnes étudiantes et les professionnels de recherche du laboratoire du professeur Roger Lecomte et de ses collaborateurs. Soulignons notamment le travail de feu Jules Cadorette (2019), qui a consacré plusieurs années à ce projet, de même que les professionnels de recherche Catherine Pépin et Jean-François Beaudoin. Bien entendu, ce projet n’aurait pas été possible sans le soutien indéfectible de Christian Thibaudeau, Louis Arpin et Guillaume Poirier de la compagnie IR&T. Pour la professionnelle de recherche Catherine Pepin, le travail d’équipe est réellement ce qui permet les avancées majeures dans des recherches de cette envergure.
La conception et le développement de scanneurs sont un travail d’équipe. C’est un vaste spectre d’expertises multidisciplinaires allant de la physique fondamentale à la médecine, en passant par la microélectronique et la biologie. Comme professionnelle de recherche, prendre part à un projet d’une telle envergure pendant tant d’années est hautement motivant et valorisant.
Catherine Pepin, professionnelle de recherche au Département de médecine nucléaire et radiobiologie de l'UdeS ainsi que membre de l'IPS et de l'IRCUS
Le professeur David Fortin, de la Faculté de médecine et des sciences de la santé ainsi que membre de l’IPS et de l’IRCUS, soulignait récemment en entrevue que les avancées en ce qui a trait à la recherche sur le cancer du cerveau sont généralement accueillies avec engouement par la communauté scientifique, la recherche étant difficilement financée dans ce domaine. Rappelons que le cancer du cerveau est une maladie rare qui correspond à 1,5 % des nouveaux cas de cancer chaque année selon l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). Cette découverte constitue donc une avancée majeure pour cette pathologie et bien d’autres.
La réalisation de la nouvelle génération de scanneurs TEP/UHR a été possible grâce à des subventions importantes de MEDTEQ et de FACS/CQDM (Acuité Québec). Soulignons également les partenariats avec l'entreprise privée IR&T Inc., de même qu'une subvention du National Institute of Health (NIH) en collaboration avec le Massachussetts General Hospital et la Harvard Medical School aux États-Unis.