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La bête qui voyait l'homme

Sophie Payeur - collaboration à la recherche : Pierre-Yvon Bégin et Josée Labrie

La belle saison rappelle que nous partageons notre habitat avec celui de nombreuses bêtes sauvages. Plus qu'hier, semble-t-il. Et moins que demain.

En 2003, Stéphanie Houde et ses filles ont vu Ficelle, le chat de la maison, disparaître sans laisser de traces. L'année suivante, ce fut au tour de Salem, son noble remplaçant, de se volatiliser du jour au lendemain. Technicienne en écologie appliquée, Stéphanie Houde est convaincue que le coupable est le grand duc qu'elle a observé à plusieurs reprises autour de la maison. « Le grand duc est capable d'attraper un lièvre; il a très bien pu se nourrir des félins », explique-t-elle. Sa famille habite près d'un boisé et certains oiseaux de proie, tel le grand duc, ne craignent pas de construire leur nid dans des arbres situés près d'habitations humaines. « Mes deux filles ont mis un certain temps à s'en remettre, avoue Stéphanie Houde. Et moi aussi! »

Chacun a son aventure animalière. En ville ou en campagne, au chalet ou à la maison, la marmotte au style débonnaire se fait soudain moins attachante lorsqu'elle saccage le potager ou grignote le filage de la voiture. Inoffensives la plupart du temps, les chauves-souris réveillent en nous des terreurs vampiriques quand, à la recherche de chaleur, elles élisent domicile dans le grenier. Et que dire de notre ami l'ours noir qui secoue bruyamment les poubelles à la tombée de la nuit et qui, en 2009, a obligé les agents de la faune à intervenir plus souvent que les années précédentes?

« Il faut se faire à l'idée : les rencontres entre l'homme et l'animal seront de plus en plus nombreuses », soutient Fanie Pelletier, professeure en biologie à l'UdeS et spécialiste de l'écologie animale. Les hommes grugent et modifient chaque jour davantage le territoire qu'ils partagent avec la faune, multipliant ainsi les probabilités de rencontres fortuites.