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Liaison, 4 mai 2006
Éclectique et inspirante
JOSÉE BEAUDOIN
En plus d'occuper un poste de direction à l'Université, Yvonne Bertrand
prend des cours de guitare et d'espagnol, elle regarde deux ou trois films
chaque semaine, elle lit au moins deux livres par mois, elle a suivi des
cours de pilotage, elle va à l'opéra régulièrement, elle a visité l'Europe,
l'Inde, le Japon, la Turquie, la Grèce, la Tunisie. Depuis qu'elle a vendu
son auto, elle parcourt à vélo les 12 kilomètres qui la séparent du boulot
et, lorsqu'elle a le temps, elle se rallonge d'une quinzaine de kilomètres.
Au compteur : 4000 km par année. En 2005, elle partait en expédition au mont
Blanc et, en juin prochain, cap sur le Machu Picchu en trek au Pérou… Je
sais, ça fait beaucoup d'éléments intéressants en un seul bloc, mais si je
veux faire le tour du sujet, je n'ai pas d'autre choix.
Adjointe administrative à la doyenne de la Faculté d'éducation, Yvonne
Bertrand se définit humblement comme une animatrice et une femme d'action :
«Je ne suis pas très contemplative! Ma façon de procéder est simple : s'il y
a un problème, il y a une solution, alors qu'est-ce qu'on met en place? Dans
ma vie, je fonctionne beaucoup par objectifs, alors forcément, ça m'emmène
vers l'action.» Tout ce qu'elle réussit à faire est fascinant, mais de son
point de vue à elle, c'est tout à fait normal. «Et je me permets aussi des
moments où je ne fais rien», ajoute-t-elle. Les objectifs qu'elle se fixe
fouettent sa volonté et lui permettent d'éviter les excuses du genre «trop
pressée, pas le temps, trop fatiguée». Aussi, quand elle dit vouloir faire
un triathlon un jour, on a la certitude que ce jour n'est pas si loin.
L'ascension d'une femme d'action
En 1976, le lock-out de l'entreprise qui l'employait perdurait.
Confrontée à cette porte fermée, Yvonne Bertrand se devait d'en ouvrir une
autre. L'Université gagna alors une secrétaire remplaçante. Petits détours
et petit bébé plus tard, elle entrait comme secrétaire au rectorat, où elle
est demeurée 13 ans. Parallèlement, elle faisait un baccalauréat en histoire
avec mineure en rédaction, la poursuite des études trônant au sommet de sa
fameuse liste d'objectifs. Dix ans après avoir entrepris son programme, la
fière bachelière allait chercher son diplôme sous l'œil surpris de ses
patrons.
Puis vinrent les études de 2e cycle en administration et le
poste de professionnel au Département des lettres et communications (DLC).
Accéder au rang de professionnel représente encore pour Yvonne Bertrand une
étape très importante, et ce, même si elle est devenue cadre depuis. Elle
est entrée au DLC avec pour objectif – encore ce mot – de travailler selon
ce qu'elle appelle «une vision citoyenne» : «Je ne voulais pas seulement
faire un bon travail, je voulais avoir un milieu de vie. Par exemple, si un
prof écrivait un livre, j'allais au lancement et je lisais le livre. Un
autre faisait un spectacle? J'y allais aussi.» Au fil des ans, cette vision
est devenue une seconde nature. Tant mieux si les gens apprécient, mais elle
n'attend rien en retour. C'est gratuit. C'est sa philosophie. Si Yvonne
Bertrand a du cœur, elle a aussi du flair. À son arrivée au DLC, le
programme de rédaction-communication était en perte de vitesse. Elle a
cherché, accumulé des données puis rencontré les profs les plus influents
pour leur signifier que, selon elle, la clé résidait dans le multimédia. Le
volet a été ajouté, entraînant la popularité dont jouit le programme
aujourd'hui. Un bon coup parmi plusieurs!
Des valeurs ajoutées
À la Faculté d'éducation depuis cinq ans, Yvonne Bertrand évolue dans un
milieu qui rejoint ses valeurs puisqu'on y transmet le savoir, le
savoir-faire et le savoir-être. «Pour moi, une faculté d'éducation devrait
être la faculté sacrée de toute université, dit-elle. Elle a la mission de
former des formateurs qui jouent un rôle sur les individus à tous les
niveaux.» Responsable des budgets de fonctionnement, elle doit faire preuve
de polyvalence et bien connaître les programmes et les départements.
Responsable des budgets d'investissement et des achats, elle a aussi dû
acquérir quelques notions d'électricité et de mécanique! À cela s'ajoute les
espaces, la sécurité, l'ergonomie, la gestion de la convention collective
des chargés de cours, le Centre de ressources pédagogiques, le Plan
stratégique des ressources informatiques et la responsabilité directe d'une
dizaine d'employés. Les réactions suscitées par le réaménagement de
plusieurs locaux prouvent qu'elle sait gérer avec soin et décorer avec goût.
«J'avoue que j'ai eu un certain succès», dit-elle en riant. Puis elle
s'empresse de partager le crédit avec l'ensemble de ses collègues et des
services, sans oublier l'appui de sa doyenne et de la direction de
l'Université. Elle aime gagner, surtout en équipe.
Et le prochain objectif?
À la fin de l'entrevue, Yvonne Bertrand m'a raconté qu'elle venait de
s'acheter un nouvel ordinateur pour faire du montage vidéo. Elle veut
travailler avec sa fille qui est orthophoniste et créer du matériel pour
aider les tout-petits dans leurs apprentissages. C'est fascinant, comme tout
le reste. Elle se définit comme une éclectique. Moi je dirais qu'elle est
inspirante. La preuve, c'est que depuis notre rencontre, j'ai une liste
d'objectifs.
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