Mathilde Hupin-Debeurme, étudiante en médecine
Vélo et persévérance la mènent à Régina
ETIENNE SAMSON
Mathilde Hupin-Debeurme vient tout juste de débuter sa 2e année
d'études en médecine à l'Université de Sherbrooke. Entre les cours, les
devoirs et l'étude, elle consacre ses temps libres à l'entraînement, à
raison de cinq à six jours par semaine. L'étudiante de 21 ans est mordue de
cyclisme et si déterminée qu'elle s'est rendue aux Jeux du Canada, tenus au
mois d'août à Régina.
Une question de discipline
Pour en arriver à ce niveau tout en conservant un relevé de
notes plus qu'acceptable, il est indispensable de se doter d'une discipline
rigoureuse. «Je suis habituée de gérer les études et l'entraînement,
explique-t-elle. J'ai évolué dans les programmes sports-études depuis le
secondaire.»
Bien entendu, les choses ont changé depuis son arrivée au
programme de médecine. Il lui est désormais impossible de participer à tous
les événements. «Je dois choisir les courses en fonction de mes objectifs de
performance, car on ne peut pas être à un niveau maximal de notre forme
physique pendant toute la saison, affirme-t-elle. Je dois également oublier
les camps d'entraînement de plusieurs jours.»
L'étudiante trouve toutefois le moyen de s'entraîner à vélo
jusqu'à 25 heures par semaine l'été. L'hiver, elle combine chaque semaine
deux entraînements de vélo stationnaire, une ou deux séances de musculation
et deux ou trois entraînements d'endurance (ski de fond ou raquette, par
exemple). C'est ainsi qu'elle peut en arriver à soutenir le rythme de
compétition de 35 à 40 km/h durant quelque trois heures, puis recommencer le
lendemain et le surlendemain.
Jeux du Canada
Ses efforts soutenus l'ont menée cette année à Régina, où elle
a participé aux Jeux du Canada, ayant des courses entre le 6 et le 14 août.
Spécialiste du cross-country (vélo de montagne en sentier), Mathilde s'est
classée au 8e rang de l'épreuve contre la montre, une excellente
performance si l'on considère qu'elle pédalait contre 65 rivales. Par
ailleurs, elle est arrivée 6e à l'épreuve de 72 km sur route, profitant de deux montées
d'un kilomètre à chaque tour pour demeurer en tête du peloton et remporter
le sprint final de peloton. «Habituellement, quand ça monte, c'est bon pour
moi, explique-t-elle.»
Forte d'une première participation aux Jeux du Canada de London
en 2001 alors qu'elle n'était âgée que de 17 ans et portait le titre de
cadette de l'équipe québécoise, Mathilde Hupin-Debeurme savait à quoi s'en
tenir en se rendant à Régina cette année. «Les médias et la foule apportent
beaucoup de pression, ce qui peut affecter le rendement durant les courses,
précise-t-elle. Cette année, par contre, je savais à quoi m'attendre. J'y
allais pour performer.»
Au niveau mondial, Mathilde peut applaudir sa performance de 31e sur
70 participantes en cross-country lors de l'étape de la Coupe du monde tenue
en juin au mont Sainte-Anne. Un excellent résultat compte tenu que la course
avait lieu seulement deux jours après ses examens finaux et que la fatigue
se faisait encore énormément sentir.
L'année prochaine, elle prendra part au championnat du monde
dans la catégorie espoir (23 ans et moins), une épreuve de cross-country de
près de trois heures qui la propulsera sans doute parmi les meilleures au
monde. Si elle se classe bien, elle fera partie de l'équipe canadienne qui
se rendra par la suite en Nouvelle-Zélande pour les championnats du monde
espoir.
Mis à part l'entraînement exigeant et le besoin de performer à
chaque départ, le cyclisme nécessite des investissements considérables.
Mentionnons tout d'abord le besoin d'acquérir un vélo de montagne ou un vélo
de route (Mathilde est l'une des rares athlètes à pratiquer les deux
disciplines à un si haut niveau. Elle a donc besoin de deux vélos). En plus,
il est préférable de changer ses montures chaque année. Casques, maillots et
chaussures à clips ne sont que des babioles qui s'ajoutent aux coûts
importants des billets d'avion, des hôtels, des repas, etc. «Au cégep, j'ai
pu compter sur une bourse d'excellence du millénaire échelonnée sur quatre
ans, confie Mathilde. Différents commanditaires me donnent aussi un coup de
main.» L'étudiante avoue tout de même que ses principaux commanditaires, ce
sont ses parents!
Profil d'avenir
Lorsqu'on parle d'avenir, Mathilde Hupin-Debeurme ne s'en cache
pas. «Présentement, je prends les années une à la fois, se résigne-t-elle.
Mes études demeurent ma priorité, mais je n'exclus pas la possibilité de les
terminer et de retourner à la compétition pour quelques années par la
suite.»
L'été prochain constituera sa dernière vraie saison de cyclisme
pendant ses études, puisque dès la 3e année
de médecine, les cours doivent être suivis en formation continue. Avec
l'acharnement qu'on lui connaît maintenant, si elle se consacre pleinement à
ses études, elle aura sans doute assez de facilité à atteindre son objectif
professionnel : devenir chirurgienne orthopédique.
Lors de l'épreuve de cross-country
des championnats du monde
junior en 2002. |
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