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Liaison, 16 septembre 2004
Buffo
La poésie clownesque d'Howard Buten
MARIE FERLAND
Buffo n'est pas le nom d'un spectacle. C'est le nom de scène d'Howard
Buten quand celui-ci «fait le clown»; un clown pour adulte célébrant la
différence, la poésie et la beauté de la vie. C'est ce qu'il se propose une
nouvelle fois de faire lors de la présentation de son spectacle solo, le
28 septembre à la Salle Maurice-O'Bready.
Américain d'origine, Parisien d'adoption, Howard Buten est écrivain.
Nombreux sont les lecteurs qui connaissent Quand j'avais cinq ans, je m'ai
tué, ce roman tout simple en apparence qui a valu à son auteur une célébrité
internationale. Au fil des ans, plusieurs romans et essais ont suivi. Dans
le plus récent ouvrage, intitulé Il y a quelqu'un là-dedans, Howard Buten
décrit ce qu'il a vu et compris du monde dans lequel les enfants autistes
sont enfermés et comment il a essayé, en réussissant souvent, à entrer en
contact avec eux. Car Howard Buten est avant tout psychologue clinicien.
1974 constitue une étape importante dans la vie d'Howard Buten. D'abord,
parce qu'il fait cette année-là connaissance avec Adam Shelton, un enfant
autiste, et que cette rencontre décide pour une bonne part de l'orientation
de sa vie. En effet, il se consacrera par la suite corps et âme à tenter de
comprendre ces enfants «qui ne viennent pas d'une autre planète» et fondera,
en 1996, le Centre Adam-Shelton, un lieu unique en France où l'on accueille
des enfants et des adolescents atteints d'autisme.
C'est également en 1974, à l'ombre d'Howard Buten, que naît Buffo. Comme
Sol, Buffo porte un regard critique sur la vie en société. Ses maîtres se
nomment Chaplin, Raymond Devos et surtout Grock, ce clown suisse qui a
perfectionné toute sa vie le numéro au piano qui a fait sa renommée.
Faussement maladroit, Buffo chante, danse, joue de la musique et donne vie à
une foule d'objets. Ainsi, un violoncelle dont on entend «le cœur» battre de
plus en plus fort porte en lui un nouvel enfant : un violon qui donnera à
son tour naissance à un mini violon. Lorsque la vie de ce dernier sera en
danger, c'est dans le ventre du piano à queue, devenu incubateur, que Buffo
l'insérera.
Par le regard tendre qu'il pose sur toute chose, Buffo fait appel à la
tolérance, à la compréhension, au droit d'être un enfant et au droit de se
tromper, mais aussi au besoin essentiel d'être protégé et soutenu, le tout
avec simplicité et intelligence.
«Dans les coulisses, je suis encore Howard, en train de penser à mon
institution d'autistes. J'entre en scène, et je deviens Buffo... Il n'existe
que le temps du spectacle. Et il n'a qu'un seul but : faire rire. Plus je
fais rire, plus je suis fier de moi. Voilà, je sers à ça sur terre depuis
mon plus jeune âge : à distraire, à écrire des romans, à soigner des
autistes graves.»
Rencontrez ce pitre céleste qui ne parle pas avec les mots mais avec son
âme, et vivez un grand moment d'enchantement.
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