Roger Guillemin, un modèle d'inspiration pour toute une génération

Lors de la cérémonie de collation des grades du samedi 18 octobre en avant-midi, l'Université de Sherbrooke rendra hommage à Roger Guillemin, prix Nobel de Médecine 1977, en lui remettant un doctorat honoris causa en médecine.

Né en France au milieu des années vingt, Roger Guillemin incarne le lien entre la recherche médicale de base et les applications thérapeutiques quotidiennes qui en découlent. Physiologiste de formation, il a obtenu un doctorat en médecine de l'Université de Lyon en France en 1949.

Il a ensuite passé quatre ans à l'Institut de médecine et de chirurgie expérimentale de l'Université de Montréal où il a obtenu un doctorat en sciences fondamentales. Roger Guillemin s'est ensuite joint au Baylor College of Medecine, à Houston au Texas. En 1960, il retournait en France, d'abord comme directeur associé du Département d'endocrinologie expérimentale du Collège de France, puis comme directeur de recherche au CNRS à Paris.

En 1968, il revient aux États-Unis, toujours au Baylor College of Medecine, puis en 1970, il se joint au prestigieux Salk Institute, à La Jolla, en Californie, où il a occupé le poste de doyen. Par la suite, le professeur Guillemin est devenu scientifique émérite au Whittier Institute for Diabetes and Endocrinology, à La Jolla, et professeur à l'Université de Californie à San Diego.

Ses travaux scientifiques ont porté sur les mécanismes neuro-endocriniens qui permettent au cerveau de contrôler la sécrétion des hormones antihypophysaires et de réguler un grand nombre de fonctions endocriniennes. Ses recherches ont conduit à l'isolation et à la caractérisation du premier facteur hypothalamique à être synthétisé, soit la Thyroid Stimulating Hormone-Releasing Hormone, un tripeptide qui, par la sécrétion de la TSH hypophysaire, permet au cerveau de contrôler la fonction thyroïdienne.

Les recherches du professeur Guillemin ont permis de mettre en évidence les relations entre le système nerveux central et les grandes fonctions endocriniennes. Ses travaux ont conduit à un essor considérable de la neuro-endocrinologie en ouvrant un champ exploratoire entièrement nouveau. En raison de leur grande importance scientifique, ils ont valu au professeur Guillemin de recevoir, conjointement avec le professeur Andrew Schally, le prix Nobel de Médecine 1977.

Le professeur Guillemin a une réputation d'humaniste autant parmi les nombreux étudiants et étudiantes qu'il a formés qu'auprès de ses collègues. Selon Michel Baron, doyen de la Faculté de médecine : <<Si on considère que l'humanisme, c'est inscrire la personne humaine comme le but de ses actions, l'implication scientifique du docteur Guillemin représente sa réponse à la question : <<Pour qui faire de la recherche?>> Il a bien posé l'importance de porter la question médicale scientifique jusqu'à sa traduction dans la vie quotidienne de personnes qui demandent des soins.>>

Même s'il est retiré du Whittier Institute depuis 1994, Roger Guillemin est toujours très actif comme conférencier international et comme conseiller scientifique auprès de l'industrie. Réalisant le lien entre les arts et les sciences, Roger Guillemin poursuit une carrière de peintre depuis 1989. Utilisant l'ordinateur comme médium, il créé images et tableaux avec un sens artistique salué par la critique.