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Conférence d’ouverture du Mois de la pédagogie universitaire

Trois façons d’enseigner, trois façons d’adapter

Jacques Limoges, professeur associé à la Faculté d'éducation, a littéralement hypnotisé l’assistance afin de lui retirer toute idée préconçue sur l’enseignement.
Jacques Limoges, professeur associé à la Faculté d'éducation, a littéralement hypnotisé l’assistance afin de lui retirer toute idée préconçue sur l’enseignement.
Photo : Michel Caron

Le Mois de la pédagogie universitaire s’est ouvert de belle façon, le 9 avril au Carrefour de l’information, par une conférence de Jacques Limoges qui s’intitulait Enseigner, c’est s’adapter... Avec humour, le professeur associé à la Faculté d’éducation a notamment hypnotisé l’auditoire afin de lui retirer toute idée préconçue et lui a demandé de se prêter à de petits exercices pour illustrer son propos. Le conférencier a fait la démonstration qu’enseigner demande une constante adaptation, que ce soit aux nouvelles technologies pédagogiques, aux nouvelles générations étudiantes ou aux nouveaux contextes de société.

Trois façons d’apprendre

«Ce qui compte en enseignement, c’est d’abord la cible visée, a dit d’entrée de jeu Jacques Limoges au sujet des nouvelles technologies. L’objectif étant clair, il conditionne ensuite la méthode utilisée et le format du groupe, et non l’inverse.» Il a donc exposé trois façons d’amener une personne à acquérir une matière, que ce soit à l’aide de technologies ou non : les apprentissages extrapersonnel, intrapersonnel et interpersonnel.

L’apprentissage extrapersonnel consiste à acquérir un savoir qui est au départ détaché de soi, comme un théorème, par exemple. Pour favoriser ce type d’apprentissage, la personne enseignante doit établir une structure à partir de laquelle l’étudiante ou l’étudiant pourra faire des ancrages. Cette structure permettra de «voir» la matière, comme une maquette en sciences ou une analogie en sciences humaines.

L’apprentissage intrapersonnel est la motivation à apprendre. «On peut motiver à vide ou avide, a illustré Jacques Limoges. Il faut trouver le petit moteur intérieur qui va motiver l’étudiant.»

L’apprentissage interpersonnel est la relation qui s’établit entre la personne enseignante et la personne apprenante. «Enseigner, c’est personnaliser. Le goût d’une matière se donne par une relation», a-t-il dit.

La personne enseignante doit donc faire appel à ces trois façons d’envisager la matière pour assurer l’apprentissage de ses étudiants : «Peu importe la matière, peu importe le contenu, il n’y a pas vraiment d’apprentissage si l’extrapersonnel, l’intrapersonnel et l’interpersonnel ne sont pas suscités», a affirmé Jacques Limoges. Il a donné l’exemple du stress lié aux examens : si on crée un sentiment d’ouverture, le rendement sera élevé à l’examen; si on crée un climat de tension, le rendement baissera. «On constate donc que l’apprentissage n’est pas strictement lié aux connaissances», a-t-il dit.

Décrochage social

Spécialiste des parcours de carrière, Jacques Limoges a dressé un portrait des jeunes au premier quart de leur vie, soit de 12 à 29 ans. Les recherches démontrent que les jeunes de ce groupe d’âge sont complexés et insatisfaits de leurs relations interpersonnelles, et qu’ils utilisent surtout une pensée duale, le cerveau humain n’arrivant à maturité qu’à 25 ans. Ces jeunes, qui trouvent un sens à leurs études dans une proportion de 28 % seulement, sont considérés comme multiprojets, mais sans qu’aucun de ces projets soit vraiment porteur. Ils ont également une vision faussée du travail en raison de ce qu’ils ont vu de leurs parents et des petits jobs qu’ils ont occupés.

Le conférencier a souligné que les jeunes qui arrivent sur le marché du travail doivent apprendre de nouveaux codes, très différents de ceux qu’ils ont connus à l’école. «Les jeunes sont très attachés au système scolaire, si bien qu’on assiste maintenant au décrochage social; on veut rester dans le système d’enseignement parce qu’on s’y sent bien», a dit Jacques Limoges.

Nouveaux contextes

Jacques Limoges a également parlé des changements qui sont survenus au tournant des années 1980, avec l’avènement de l’ère de l’information. Cette ère se caractérise notamment par l’informatique, qui touche toutes les activités humaines, et le réseautage des systèmes.

«Les compétences spécifiques sont devenues très importantes avec l’arrivée de l’ère informationnelle, cependant elles deviennent aussi obsolètes très rapidement, a souligné le conférencier. Ces changements ont favorisé le retour au savoir-être, qu’on appelle maintenant compétences génériques, comme par exemple la capacité de travailler en équipe, l’adaptation, le sens des responsabilités, etc.»

Pour finir, Jacques Limoge a demandé à l’auditoire de se prêter à un petit exercice d’habileté physique «pour les kinestésiques». Les volontaires ont constaté qu'il était plus difficile de saisir son pied d’une main les yeux fermés que les yeux ouverts. Le conférencier voulait illustrer par là que pour adapter son enseignement, il faut mettre les choses en perspective. «Quand on prend la peine de voir une vue d’ensemble, les choses se gèrent mieux», a-t-il conclu.

Le Mois de la pédagogie universitaire se poursuit jusqu’au 30 avril. Consulter le lien ci-dessous pour connaître la programmation des activités.


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