Paul Makdissi, professeur en économie
Des recherches pour lutter contre la pauvreté et
l'inégalité
Quelques années après avoir terminé un baccalauréat en
actuariat, Paul Makdissi décide d'entamer des études supérieures en
économie. Ce domaine le passionne tant qu'après une session de maîtrise, il
est invité à s'inscrire directement au doctorat. Motivé à approfondir
davantage ses recherches, il se rend ensuite à Amsterdam afin d'œuvrer comme
chercheur au postdoctorat. En 2000, il accepte finalement un poste de
professeur à l'Université de Sherbrooke. Depuis, ses projets concernent
l'économie publique, la distribution des revenus et le développement
économique.
Développer de nouvelles méthodologies
Paul Makdissi travaille principalement sur l'analyse d'impact
des programmes de transfert et des politiques publiques sur la distribution
de revenus, en matière de pauvreté, d'inégalité et même de polarisation.
Ses recherches visent à proposer de nouvelles méthodologies
d'analyse jusque-là inexistantes dans la littérature. Ses méthodes mettent
surtout de l'avant une approche par dominance stochastique, qui permet
d'identifier des situations où une politique est meilleure qu'une autre.
«Par exemple, au Canada, lorsqu'une étude sur la pauvreté sort,
les gens disent souvent qu'elle n'est pas valide parce que ce n'est pas le
bon seuil de pauvreté qui est utilisé, explique le chercheur. Nous, nous
évitons ce genre de problème, parce que nous essayons d'identifier des
politiques bonnes pour tous les seuils de pauvreté imaginables.»
Par ailleurs, un bon nombre d'indices peuvent être utilisés
tant pour le calcul de la pauvreté que pour celui de l'inégalité. En ce qui
concerne les études sur la pauvreté, le plus fréquent s'avère l'indice
numérique, qui calcule la proportion de pauvres dans la société. Paul
Makdissi souhaite pouvoir identifier les meilleures politiques peu importe
l'indice choisi. En ce sens, il considère que ce n'est pas la structure
mathématique particulière de l'indice qui importe avant tout, mais plutôt
ses propriétés qualitatives. Il compare donc la distribution de revenus, en
utilisant des méthodes de comparaison plus robustes.
Basée sur des courbes, la première méthode développée
s'appliquait à la taxation indirecte. En 2002, une première recherche était
publiée. Depuis, le chercheur a dérivé les propriétés pour analyser les
revenus de transfert (le chômage, l'aide sociale, la CSST) et la
tarification des services publics (électricité, eau, gaz…). Il a même étudié
les subventions aux fertilisants mises en place au Rwanda. Ainsi, si la
méthode s'adapte à plusieurs situations, chaque étape de l'adaptation
requiert cependant un travail de longue haleine.
Pour démontrer l'efficacité des méthodes développées, le
chercheur applique ses courbes à différentes données latino-américaines,
africaines et canadiennes dans le cadre de sa subvention du Conseil de
recherches en sciences humaines du Canada. Une part de ses recherches est
également financée par le Fonds québécois de recherches en sciences
humaines.
En 2003, alors qu'il n'était professeur à l'Université de
Sherbrooke que depuis trois ans, Paul Makdissi a vu sa méthodologie
d'analyse utilisée par des chercheurs européens dans un article paru dans la
revue Review Income and Welt. Si le chercheur considère cette
référence comme une marque de reconnaissance de son travail, il est surtout
heureux de constater que ses recherches permettent également un avancement
dans le domaine de l'économie.
Quelques séjours à Washington
Bon nombre des publications de Paul Makdissi ont été signées de
pair avec Quentin Wodon, un chercheur avec qui il collabore depuis ses
études postdoctorales. Quentin Wodon est analyste principal de la pauvreté
pour la région de l'Afrique subsaharienne à la Banque mondiale, de sorte que
le professeur de Sherbrooke se rend à Washington quelques semaines par année
pour se consacrer à différents projets.
Chercheur membre du GREDI
À l'Université de Sherbrooke, Paul Makdissi est membre du
Groupe de recherche en économie et développement international, un groupe
créé peu après son arrivée à Sherbrooke. Selon le chercheur, le groupe jouit
d'une bonne visibilité au Canada et même à l'échelle internationale en ce
qui concerne la question de l'élimination de la pauvreté. Le GREDI publie
une série de cahiers de recherche en version électronique, qui permet aux
auteurs de diffuser rapidement les résultats de leurs recherches.
Une université où il fait bon être professeur
Paul Makdissi apprécie grandement la vie universitaire
sherbrookoise. «Sherbrooke est une université dynamique, ouverte aux
nouveaux projets, affirme-t-il. Une importance de plus en plus grande est
accordée à la recherche, mais l'enseignement reste toujours très important.
C'est donc une vision complète de l'université.»
En 2006, le professeur prévoit prendre une année sabbatique
afin de mettre à jour son programme de recherche. Une étape selon lui
essentielle au cheminement des chercheuses et chercheurs. Il souhaite
orienter ses travaux vers de nouveaux horizons.
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