Stage d'immersion à la pratique médicale
Au Pérou pour se familiariser avec la médecine de base
ETIENNE SAMSON
Annie Chiquette-Pomar, Annie Blais et Catherine Lemay, toutes étudiantes
de première année en médecine, s'envoleront pour le Pérou le 4 juillet, où
elles effectueront jusqu'au 20 août un stage d'immersion à la pratique
médicale. Il s'agit d'une initiative personnelle qui leur procurera,
espèrent-elles, une vision parallèle à celle qu'elles développeront au cours
de leur formation à l'Université.
Le Pérou offre une bonne possibilité d'apprentissage pour ces étudiantes
en médecine. «Là-bas, ils te montrent comment faire quelque chose, et
ensuite c'est à ton tour», explique Annie Blais. Rappelons que ce n'est pas
la façon de procéder au Québec. Les étudiantes doivent en effet attendre la
troisième année du bac avant de poser des gestes sur des patients, et ce
sous la supervision constante d'un médecin.
Si les étudiantes connaissent si bien la (ou l'absence de…)
réglementation de la médecine au Pérou, c'est parce qu'Annie Blais a fait un
stage du même genre il y a deux ans, alors qu'elle étudiait au cégep. «Je
retourne dans la même ville et je serai hébergée par la même famille que la
dernière fois», précise-t-elle. La destination a donc été facile à choisir
pour les trois amies. «Un peu avant Noël, on s'est mis d'accord pour partir
ensemble cet été, se rappelle Catherine Lemay. Annie nous a proposé d'aller
au Pérou. On a vite accepté!»
Retour dans le passé
Les étudiantes s'attendent à utiliser au Pérou le type d'équipement que
les médecins québécois employaient il y a 50 ans. «Pour écouter le cœur d'un
bébé dans le ventre de sa mère, on utilise au Québec des appareils à
ultrasons, affirme Annie Blais. Au Pérou, les médecins ont encore recours à
un genre de cornet.» Autre exemple : la ouate arrive à la clinique en grands
carrés et les infirmières en roulent des petits bouts quand elles ont un peu
de temps à elles.
Ce genre de méthode accentue les risques de contamination, puisque la
stérilité des matières n'est plus assurée. En plus, les médecins péruviens
récupèrent parfois les seringues deux, trois fois ou plus, se contentant de
les plonger dans l'alcool avant chaque utilisation. «C'est pourquoi nous
allons apporter notre propre matériel stérile, au cas où quelque chose nous
arriverait là-bas, explique Annie Chiquette-Pomar. Bien sûr, si nous ne
l'utilisons pas, nous le laisserons aux médecins péruviens avant de partir.»
D'ailleurs, les étudiantes cognent actuellement aux portes des pharmacies
et des hôpitaux à la recherche de matériel désuet qui pourrait garnir les
cliniques du Pérou. Trop habitués aux services que nous retirons des
hôpitaux québécois, nous oublions que les patients des pays plus pauvres
sont dans le besoin. «Ici, les gens chialent parce qu'ils attendent à
l'urgence, fait remarquer Annie Blais, mais s'ils ont le visage défait, ils
n'ont pas à se demander qui va payer le fil pour les points de suture.»
Conditions de travail
De façon générale, les stagiaires travailleront six jours par semaine
dans des conditions climatiques extrêmes. «Là-bas, le taux d'humidité est
souvent de 100 %. C'est vraiment chaud et pesant», se rappelle Annie Blais,
qui se promet deux semaines en pleine jungle, au sein d'une tribu éloignée
de la civilisation et de la médecine traditionnelle.
Aussi, mentionnons que la formation des stagiaires et les entrevues avec
les patients se feront toutes en espagnol. «Nous possédons chacune des
bonnes notions d'espagnol», souligne Catherine Lemay. «C'est à notre
avantage de ne pas avoir à acquérir la langue», poursuit Annie
Chiquette-Pomar.
Pleines de projets
À l'automne, les voyageuses prendront part à un 4@7 international où tous
les stagiaires de médecine partageront les expériences vécues durant l'été.
De plus, elles monteront une présentation pour l'Office Québec-Amériques
pour la jeunesse, qui soutient financièrement leur projet. Mentionnons
également le Fonds Le Réseau de l'Université et le Fonds institutionnel de
soutien aux activités étudiantes de l'Université, qui versent également une
contribution financière.
Et qu'en est-il de leurs plans pour l'été 2006, le dernier
qu'elles pourront consacrer à des projets personnels avant de se plonger
dans des sessions d'études continues? «J'aimerais bien faire un stage en
région», avance Catherine Lemay. «Mon plus grand rêve serait de faire un
stage en Nouvelle-Zélande», poursuit Annie Blais. «Je crois que je devrai me
trouver un travail pour payer mes prochaines sessions, conclut Annie
Chiquette-Pomar, sinon, j'aimerais bien me rendre en Afrique ou en Espagne.»
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